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Inflation et pouvoir d’achat : recruter et augmenter, les deux impacts de l’entreprise

 

 

1.La France au défi du plein-emploi   

 

  1. La France au défi du plein emploi
  2. La hausse des salaires ou le triomphe du « oui, mais…»
  3. L’inflation est structurelle, non transitoire
  4. L’inflation incendie toutes les Bourses

 

Si la France semble s’être tirée pour le moment du chômage de masse, le chemin vers le plein-emploi est encore long, pentu et rocailleux ! On souhaite aux décisionnaires politiques qu’ils fassent leur la doctrine-devise de Danton : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! »

 

Un dimanche soir de 2013, sur le plateau de Claire Chazal, François Hollande en avait fait la promesse : lui président, il allait inverser la courbe du chômage. Pari manqué pour lui, mais gagné pour la France. Longtemps symboles de la sinistrose française, les mauvais chiffres de l’emploi, annoncés chaque mois, teints blêmes sur fonds bleus, par les successifs ministres du Travail, semblent désormais n’être plus que de l’histoire ancienne. Ou à (re)-venir, si l’on en croit notre interlocuteur, Patrick Artus (lire p. xx) ?

Au premier trimestre 2022, le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau reculé, pour atteindre son plus bas niveau depuis 2012. Il s’arrime désormais aux alentours des 7 % en catégorie A – qui correspond aux personnes sans aucune activité salariée (et inscrites à Pôle Emploi). Même si ce combat demeure, puisque 3,2 millions de chômeurs restent sur le carreau, cette baisse est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit dans une perspective économique défavorable (covid, inflation, faible croissance…). Mieux encore, le chômage des jeunes, habituel point noir du marché du travail, s’améliore considérablement. En un an seulement, il a baissé de 25 %. Les fonds publics investis, notamment dans le dispositif « un jeune, une solution », portent leurs fruits. Reste à espérer que les résultats demeureront positifs après le débranchement des aides du plan de relance.

Un succès qui ne suffit pas

Demeurent des incertitudes. D’abord, la situation économique menaçante, qui pourrait casser l’ambiance. Ensuite, si le nombre de chômeurs en catégorie A baisse substantiellement, celui de la catégorie B (moins de 78 heures de travail dans le mois) augmente, lui, de 2,2 %. Ce qui signifie que le marché de l’emploi se précarise, avec des salariés (le plus souvent des salariées) aux prises avec les contraintes d’un travail à temps partiel – ou en intérim. Et puis certains acteurs du dialogue social (CGT en tête) pointent du doigt la réforme de l’assurance chômage qui aurait eu pour effet d’augmenter les radiations. Beaucoup de demandeurs d’emploi se trouvent d’ailleurs « en situation de non-recours ».

Par choix ou par dépit, ils et elles ne sont pas inscrit·es dans les statistiques et restent au bord du chemin… Le ministère du Travail s’est fendu d’un rapport sur cette question. Bizarre bizarre, sa rédaction aura pris cinq ans… pour qu’il ne soit finalement jamais publié ! Les journalistes de Libération, qui ont pu le consulter tout de même, attestent de ses conclusions pourtant explosives : un tiers des chômeurs ne seraient pas inscrits à Pôle Emploi ! On comprend un peu mieux pourquoi le gouvernement joue la montre…

 

De fortes disparités régionales

Les Hauts-de-France (9,7 %), l’Occitanie (9,5 %) et la région Paca (9,1 %), garnissent le triste podium des régions les plus perméables au chômage. A contrario, la Bretagne est la région la plus proche du plein-emploi, avec un taux de chômage de 6,5 %. Elle ravit la première place aux Pays-de-la-Loire, habituellement champions, qui arrivent juste après avec 6,7 %. En troisième position, la Bourgogne Franche-Comté affiche elle aussi un bon score de 6,8 %.

« Nous n’avons pas tout essayé contre le chômage ! » Laurent Grandguillaume, ancien député de la Côte d’Or (PS), s’est lancé dans un combat pour faire mentir la prophétie mitterrandienne. C’est lui, président socialiste, qui avait lancé en 1993, l’air désappointé, cette exhortation négative. Si le président lui-même baisse les bras… Depuis, le temps a passé. Laurent Grandguillaume, dès son élection en 2012, s’est fait l’avocat d’une initiative tout à fait intéressante qu’il a portée jusqu’à la tribune de l’Assemblée. En 2016, il faisait voter (à l’unanimité) une loi nouvelle qui ouvrit la porte au projet Territoires Zéro chômeur de longue durée (TZCLD). Comment ça, « zéro chômeur » ? L’idée semble incongrue… et pourtant. Ce qui n’était au départ qu’une utopie soixante-huitarde, un projet très « deuxième gauche » porté par ATD Quart-Monde, s’est mué en un succès remarquable. Et viable économiquement !

L’objectif ? Aller chercher des publics toujours plus éloignés de l’emploi, désespérés par l’isolement social, aux prises avec la solitude et l’exclusion. Et les rémunérer par un travail dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Financer l’activité plutôt que l’inactivité. Laurent Grandguillaume nous explique le principe : « Nous nous sommes rendu compte que le coût du chômage de longue durée, plus d’un an, était bien plus élevé que le coût d’investissement dans une entreprise à but d’emploi, l’EBE. » Ces entreprises d’un genre nouveau s’appuient sur des aides de l’État et le soutien des milieux économiques locaux.

Elles doivent obéir à plusieurs conditions, d’abord la nécessité de ne pas concurrencer des entreprises existantes sur le territoire. Il faut que ces EBE apportent un service social aux populations : métiers de la transition écologique, services à la personne… Sans oublier l’importante considération donnée aux handicapé·es. Les chômeurs de longue durée sont alors contactés, formés et… embauchés ! Tout en comblant un interstice, un vide dans l’économie et les besoins du département. Inimaginable pour ces personnes qui perdaient espoir et qui retrouvent soudain le goût de vivre et la confiance en eux-mêmes.

Dans certaines municipalités, comme à Prémery dans la Nièvre, l’EBE est même devenu le premier employeur de la ville ! Et voilà que les initiatives fusent. Des Deux-Sèvres au Finistère, du XIIIe arrondissement de Paris à Villeurbanne… La région Wallonie s’est lancée à son tour dans l’initiative (une première à une telle échelle). Et pourtant, le moins que l’on puisse dire est que l’État français ne fonce pas tête baissée sur cette innovation… L’administration n’aime pas le changement. À Bercy, les hommes en costume gris font la moue. Jean-Louis Borloo avait prévenu Laurent Grandguillaume : « Ton problème, c’est que ton idée, elle marche. Alors crois-moi : tu vas te faire emmerder ! ». Dont acte. Il continue !

 

Sommaire :

  1. La France au défi du plein-emploi
  2. La hausse des salaires ou le triomphe du « oui, mais… » 
  3. « L’inflation est structurellen non transitoire »
  4. L’inflation incendie toutes les Bourses

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