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MICE, le grand retour des team buildings

Après plus de deux ans de crise sanitaire, les événements d’entreprises et en entreprises reprennent de plus belle en se réinventant et en redonnant du sens à leur contenu.

Exit l’obligation du port du masque. Finies les distanciations sociales, les jauges et autres restrictions sanitaires. Un seul mot d’ordre aujourd’hui pour Thierry Pacaud, fondateur et dirigeant de Team for development : « Revenir dans le présentiel et dans la vraie vie ! » Une antienne reprise en choeur par les dirigeant·es d’entreprise et les organisateur·rices de séminaires, congrès, team building et autres rendez-vous, complètement à l’arrêt au début de la pandémie. Le quotidien professionnel s’est, crise sanitaire oblige, réorganisé : généralisation du télétravail, modèle hybride, flex office, multiplication des réunions à distance… Les nouveaux usages impactent les structures. Dans ce contexte mouvant, le séminaire d’entreprise devient plus que jamais stratégique et agit telle une boussole pour les entreprises.

 

Une peur de se projeter et une tendance à une prise de décision en dernière minute

« Alors que tout le monde garde en mémoire les confinements successifs, le besoin de se retrouver est très présent, voire vital », constate Rodolphe Lauron, responsable événementiel du Parc Astérix. « L’activité des séminaires a repris très fortement à compter de septembre 2021 avant une fin d’année plus compliquée. Mais pour 2022, nous observons une véritable reprise depuis le mois de mars. » Aurore Biegel, responsable « caveau et oenotourisme » de la Maison M. Chapoutier, surfe, elle aussi, sur cette même vague d’optimisme.

On sent une nouvelle dynamique au sein des séminaires, avec plus de demandes de team buildings et

d’activités collectives – Aurore Biegel, M. Chapoutier.

 

« On sent une nouvelle dynamique au sein des séminaires, avec plus de demandes de team buildings et d’activités collectives. » Dirigeant·es et collaborateur ·rices veulent rattraper « le temps perdu » en se réunissant autour d’événements conviviaux, chaleureux, qui marqueront les esprits. « Les entreprises ne veulent plus organiser leurs séminaires dans des lieux impersonnels. Elles privilégient des spots accueillants, authentiques et identitaires. Des endroits qui racontent une histoire pour favoriser les moments de détente et de complicité », confirme Aurore Biegel. « Il y a cette envie de renouer les liens et de rassembler les collaborateurs, qui, pour certains, ne se connaissent que par visio au mieux… », confirme Rodolphe Lauron, Parc Astérix.

Louise Chaillou, responsable promotion et commercialisation internationale de la Baule événements (qui comprend le palais des congrès Atlantia), le dit à son tour en analysant la psychologie des choses : « La covid a évidemment laissé des traces. L’anticipation qui existait naguère dans l’organisation d’événements à disparu. On observe une peur de se projeter et une tendance à une prise de décision en dernière minute. L’envie de faire est bien là, mais le process pour parvenir à la signature d’un contrat et à l’adhésion définitive s’est rallongé. Notre rôle est de rassurer et de convaincre. C’était déjà le cas avant, mais ça l’est encore plus aujourd’hui. »

 

Allier travail et détente

Pour David Charlet, à la tête d’Anacofi, Association nationale des conseils financiers, avant de penser à l’organisation d’un séminaire, l’idée serait déjà de faire revenir un maximum de salarié·es en présentiel. Ce qui n’est pas le cas. « Chez certain·es, le télétravail s’apparente à une véritable religion, à une véritable passion. Aujourd’hui, le contexte est tel qu’il faudrait imaginer des événements hybrides, à la fois en présentiel et en visio pour ne pas entrer en conflit. Il est certain qu’une part des salarié ·es font encore de la résistance au retour au présentiel. »

 

La covid a évidemment laissé des traces […] Notre rôle est de rassurer et de convaincre – Louise Chaillou, La Baule événements.

 

Aujourd’hui, lorsqu’on interroge les organisateur ·rices de séminaires, l’appréhension des participant·es liée à la crise sanitaire semble s’être évaporée. « Même les gestes barrières semblent avoir été oubliés. L’envie de se retrouver et la recherche de plaisirs partagés sont plus forts que tout », constate Aurore Biegel, Chapoutier. Allier travail et détente, voilà la formule la plus recherchée. « Il est clair que la partie détente est encore plus importante aujourd’hui dans le cadre d’un séminaire, soulève Rodolphe Lauron.

Les entreprises y viennent souvent pour deux jours et une nuit. Les salarié ·es assistent à une réunion plénière et travaillent souvent sous forme d’ateliers. Nous leur proposons de privatiser nos attractions. La soirée dansante avec la présence d’un DJ reste un moment très prisé. » « Aujourd’hui, plus que jamais, les codes ont changé. Il faut être à l’écoute des attentes de nos salarié ·es et moins s’inscrire dans une direction verticale », considère David Charlet. « Notre vision est d’accompagner chacun de nos organisateurs pour que l’événement se transforme en succès, surenchérit la Bauloise Louise Chaillou. Le plus gros enjeu de demain est de recréer de l’adhésion et de l’engagement auprès des communautés respectives des organisateurs comme des fédérations nationales ou des associations. »

 

Un retour vers plus d’authenticité

Pour la Maison Chapoutier, les formules se diversifient. « Nous organisons clés en main des réunions de quelques heures en petit comité ou des séminaires de plusieurs jours avec de nombreux collaborateurs. Nous offrons des capacités d’hébergement dans notre hôtel Le Fac & Spera. De ce fait, nous proposons des locations de salle, 11 au total, avec des formules tout inclus, de l’accueil et petit-déjeuner, jusqu’à la collation, le déjeuner ou le dîner. Les moments conviviaux type dîner de gala sont beaucoup demandés, mais également les activités de team building comme les découvertes autour de nos vins, les visites dans les vignes, les balades à vélo électrique à travers le vignoble.

 

Il est certain qu’une part des salarié·es font encore de la résistance au retour au présentiel – David Charlet, Anacofi.

 

D’autres activités, tant culturelles que sportives et touristiques, figurent à la carte. » Chez La Baule événements, « la signature de notre offre combine la partie travail à la partie détente. Ainsi, nous proposons un équipement premium et qualitatif pour que les participant·es travaillent dans les meilleures conditions possibles. Notre terrain de jeu qu’est le territoire donne à l’organisateur le moyen de marquer les esprits entre plage, dîner de gala les pieds dans le sable…

On sent cette envie de retrouver de l’authenticité. L’événement fonctionne seulement s’il prend sens. Nous nourrissons cette volonté d’être une sorte de hub, un lieu de rencontres, de contenus inspirants de rencontres fortes. Nous travaillons avec un certain nombre d’acteurs du territoire, des élus, des restaurateurs, des traiteurs, des transporteurs, des agences d’incentive… » L’important est bien de « marquer le coup » à travers ces événements et de susciter l’effet « Wahou », « sans forcément tomber dans le clinquant », estime Thierry Pacaud, Team for development.

« On remarque ce besoin des entreprises de rechercher un lieu authentique. » Les séminaires post-covid s’inscrivent dans une « mise en exergue de l’essentiel ». « Et l’entreprise en profite pour faire passer des messages. Il s’agit de réunir son équipe, de pouvoir se parler plus librement dans un lieu différent, de sortir de la routine du travail et évidemment, se donner des objectifs pour l’année, définir sa stratégie, inculquer les valeurs de l’entreprise… » Autre conséquence de l’ère post-covid : « Les événements se veulent plus qualitatifs et en plus petits comités. Ce ne sera plus comme avant. En effet, on fera moins de congrès énormes de 2 000 à 5 000 personnes car finalement on s’est rendu compte qu’ils pouvaient tout à fait se tenir en distanciel. En revanche, on se retrouvera régulièrement par équipes pour des activités de 50-100-200 personnes, pour mieux se connaître ou tout simplement se retrouver », dixit Thierry Pacaud.

 

 Jonathan Nahmany

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