Alexandre Prévert, de la scène à l’entrepreneuriat et de l’entrepreneuriat à la scène

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À 24 ans, cet homme de scène multitâche porte son concept de « stand-up classique » et dirige sa propre start-up Prévert, Piano & Poésie.

Il y a des profils et des parcours entrepreneuriaux qui valent le détour. Alexandre Prévert, de son vrai nom, et sa singularité, en font partie. Du haut de ses 24 ans, et après bien des réflexions sur son concept artistique, ce pianiste/conteur/stand-upper propose un spectacle inédit mêlant histoire, musique, humour et poésie. Indépendance et liberté, maîtres mots pour celui qui préfère le pari de l’entrepreneuriat aux carcans habituels. Pari réussi.

« Quand, à trois ans et demi, on m’a mis devant un clavier et dans un dojo, ce n’était pas un choix. À 20 ans je me suis donc demandé ce que je pourrais faire de tout cela », explique Alexandre Prévert. Il faut dire que le bonhomme ne manque pas de talents. Champion de France et ceinture noire de judo à 14 ans, il délaisse les tatamis pour se consacrer à son autre « passion » soufflée par ses parents, qu’il présente lui-même plus comme une imposition qu’un véritable choix, le piano. Entre licence de musicologie à la Sorbonne et diplôme professionnel de musique et de piano au Conservatoire de Paris, celui dont le grand-père avait pour grand-cousin le poète Jacques Prévert accomplit son bout de chemin et enchaîne les belles notes. À 20 ans, il sort du conservatoire et de l’université (il a deux ans d’avance) et, comme il le dit lui-même, « c’est à la fois le début des ennuis et celui de la libération ». Ennuis parce que désormais, il lui faut trouver comment concilier ses talents et comment tracer sa propre voix, et non celle dictée par d’autres. Libération car il peut enfin faire les choses par lui-même, pour lui-même. Sa voie sera celle de la scène.

La scène pour se découvrir
Notre entrepreneur en herbe retrace sa démarche : « Quand j’ai commencé à réfléchir plus professionnellement, j’ai cherché des solutions sur le plan artistique. C’est là que problématique et solutions se mélangent, il est devenu clair que mon espace de liberté et de création, c’est la scène ».
Le piano c’est bien, mais Alexandre Prévert ne veut pas s’en contenter, il veut plus. Passionné avant tout de philosophie et de poésie, il commence à mêler sa musique avec des textes et se fait le relais des liens « évidents » entre musique et histoire de la littérature. Pour lier le tout et mêler ces formes d’expressions plurielles et les œuvres des artistes qu’il invoque, il raconte, improvise. De fil en aiguille, il monte un spectacle, deux spectacles… Et performe dans une vingtaine de pays. C’est lors d’un passage au Canada, pour un spectacle intitulé Quel romantique êtes-vous ? qu’un commentaire de spectateur lui met la puce à l’oreille : son concept, qui fait intervenir des interactions avec le public et est soupoudré d’humour, emprunte aux codes du stand-up. Ni une ni deux, le concept de « stand-up classique » est né, notre artiste assume son style, entre musique, histoire et échanges avec le public. Comme le résume le principal intéressé : « C’est un spectacle qui avant tout voyage dans l’histoire et établit des liens entre hier et aujourd’hui. Pour raconter cela et pour interagir avec le public, j’ai des outils : mon piano et les œuvres musicales, mes livres et les grands auteurs et poètes, puis enfin moi-même et ma culture un peu rock and roll. »

L’entrepreneuriat pour s’accomplir
Le propos est clairement défini, le concept est déposé à l’Inpi (Institut national de la propriété intellectuelle). Il s’agit désormais de « passer au stade professionnel de la démarche », pour reprendre les mots d’Alexandre Prévert. Le jeune homme n’est pas attiré par les chemins pré-tracés. Pour être fidèle à lui-même et à ses ambitions, une solution s’impose naturellement : créer sa propre entreprise pour mener sa carrière comme il l’entend. Il y a un an, il lance Prévert, Piano & Poésie, en embauchant trois de ses amies. Un pari assumé : « Normalement, on est managé par quelqu’un ou un producteur, le pari que j’ai fait c’est de me manager moi-même et de gérer une équipe. Je préfère être à la tête du navire plutôt que d’être dans les cales à ramer. » À ses côtés, ses trois collaboratrices, Fiona, Marine et Coralie pour les citer, travaillent à l’organisation et à la diffusion de ses spectacles. Entre prospections des programmations culturelles, vente du spectacle et promotion auprès des médias et via la presse, ça travaille dur. Et notre entrepreneur artiste s’en félicite : « En quelques mois de travail intensif, on est là où on voulait être, la différence philosophique c’est que je suis libre et heureux, la différence concrète c’est qu’on bosse et qu’on fait rentrer des sous, alors que beaucoup nous promettaient un désastre. » En somme, le pari est réussi. Mais le défi est encore grand, tout particulièrement en cette ère de la covid. Qu’importe, Alexandre Prévert et son équipe relèvent le challenge. Son quatrième spectacle, Où sont passés vos rêves ?, fait salle comble. Il a performé au Bataclan, il fera son Olympia en 2022.  Belle réussite. Et sacré parcours pour celui qui, du haut de ses 24 ans, se « sen[t] plus entrepreneur qu’artiste ».

Adam Belghiti Alaoui

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