Le plan de relance ne fera pas de miracle

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Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques, l’impact sur la croissance sera limité en 2021.

Il s’est fait attendre tout l’été, le plan de relance est sur les rails depuis début septembre. Avec ses 100 milliards d’euros de fonds pour soutenir la croissance, les entreprises et la transition écologique, le gouvernement en a fait son meilleur soldat. Reste que ses effets que l’on espère positifs se feront attendre. Selon les estimations de l’OFCE, l’impact à court terme du plan (de relance) sur la relance sera faible.

Dans une publication du 14 octobre, l’OFCE dresse ses perspectives économiques pour 2020-2021 et évalue l’impact concret du plan de relance du gouvernement sur l’économie française et sa croissance. D’abord, le bilan des pertes projetées. Selon l’Observatoire, la France aura subi, sur l’ensemble de l’année 2020, une baisse de 9 % de son produit intérieur brut (PIB), un choc absorbé à 55 % par les administrations et le Trésor, publics.  Les entreprises verront leurs revenus globaux se réduire de 56 milliards d’euros et leur taux de marge baisser de 4,2 points de valeur ajoutée, là encore, sur l’année 2020. Pour 2021, les économistes de l’OFCE prévoient un déficit public établi à – 6,3 % du PIB (contre – 8,9 % du PIB en 2020), et un taux de chômage de 9,6 % de la population active (contre 11 % fin 2020).

Lente mise en route
Au milieu de tout ce bilan, l’impact du plan de relance sur la croissance sera marginal, prévoit l’observateur économique. + 1,1 % de PIB, c’est le gain que permettrait le plan de relance, pour une croissance qui atteindrait 7 % du PIB. Même constat pour 2022, les nouvelles mesures du plan devraient produire un impact de 0,9 point de PIB sur l’activité. Malgré l’ampleur de 100 milliards d’euros, il ne faudra pas attendre que le plan soit un quelconque remède miracle, mais plutôt un gros et cher pansement qui limitera l’hémorragie. En outre, les nombreuses mesures, leur étalement dans le temps et leurs délais de mise en œuvre rendent impossibles une relance immédiate à proprement parler. Reste que l’OFCE prévoit que le PIB français reviendra d’ici à fin 2021 à un chiffre proche de celui atteint fin 2019. Prudence cependant : « Cela ne veut pas pour autant dire que l’économie française aura comblé ses pertes. » Les experts économiques rappellent que la crise sanitaire devrait faire perdre deux années de croissance à l’économie mondiale. Autant le répéter, le plan de relance, au mieux, limitera la casse.

Priorité aux mesures de soutien
À lire les observations de l’OFCE, ce plan de relance aurait tout aussi bien pu être nommé plan de soutien d’abord et de relance ensuite. Les mesures d’urgence de début de crise, prolongées à plusieurs reprises (activité partielle, fonds de solidarité, exonérations de charges pour les secteurs les plus touchés) ont un impact, jusqu’ici, plus significatif. Elles auraient permis de réduire la chute d’activité de 3,4 points de PIB. Un constat que les économistes justifient simplement : en 2021, une proportion de 38 % du plan « sera concentrée sur un soutien, non ciblé, aux entreprises, en particulier à travers la baisse des impôts de production ». Des mesures « peu efficaces pour redynamiser l’investissement à court terme ». Aussi, malgré le pari de l’investissement public fait par le gouvernement et incarné par le plan, seuls 25 % des mesures pour 2021 seraient utilisées pour financer l’investissement public. En somme, le faible effet du plan sur la croissance pour l’année à venir s’explique par la lenteur du lancement des projets d’investissement. Dans le même temps, les mesures de soutien immédiat que nous évoquions plus haut et qui représentent 37 % du plan pour 2021, bénéficieront d’un fort effet multiplicateur. Le paquet est mis sur le soutien à court terme. Au total, les recettes publiques seraient amputées de 9 milliards d’euros en 2020.
Au jeu des comparaisons, l’OFCE considère que la réponse budgétaire à la crise actuelle est « à peu près comparable à celle de 2009-2010 », mais rappelle que les pertes liées à la crise covid-19 sont bien plus importantes, « 10,6 points de PIB au bout de huit trimestres dans le cas de la crise covid-19 contre “seulement” 4,2 points de PIB dans le cas de la crise des subprime ».

Adam Belghiti Alaoui

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