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La croissance des pays pauvres en 2021 s’annonce comme la plus faible des vingt dernières années.
Les dernières prévisions publiées par la Banque mondiale sont sans appel : l’optimisme est permis pour les pays riches, et le pessimisme est de mise pour les pays pauvres ou en développement. Entre difficultés d’accès aux vaccins anti-covid et risque de flambée inflationniste, les pays les moins aisés sont dans l’œil du cyclone.
D’un côté des prévisions de développement optimistes et de reprise de la croissance des pays riches, de l’autre un constat amer pour les pays pauvres. Le message des dernières prévisions de la Banque mondiale (BM), présentées le mardi 8 juin, est clair : le rebond économique mondial anticipé ne profitera que trop peu aux pays en développement. L’institution financière internationale a revu ses anticipations de croissance mondiale à la hausse, et table désormais sur une croissance globale de 5,6 % cette année. Une croissance qui sera « concentrée sur quelques grandes économies », précise la BM. Selon les économistes et analystes de l’organisation basée à Washington, « la plupart des marchés émergents et des économies en développement seront à la traîne : alors qu’environ 90 % des économies avancées devraient retrouver leurs niveaux de PIB par habitant d’avant la pandémie d’ici à 2022, seulement un tiers environ des pays émergents et en développement auront réussi à revenir à ce niveau ».
Très faible croissance anticipée
Preuve du pessimisme de la BM pour les pays les plus pauvres : l’organisation internationale prévoit une croissance économique en 2021 qui devrait atteindre son niveau le plus faible de ces 20 dernières années. À l’exception de l’année 2020 bien sûr. Premier facteur explicatif de ces (très) faibles prévisions de croissance : la lenteur des campagnes de vaccination au sein des pays en développement, dont beaucoup n’ont qu’un accès limité aux vaccins. En conséquence, la Banque mondiale réaffirme sa volonté d’une distribution plus équitable des vaccins et milite en ce sens. « Dans les pays à faible revenu, les effets de la pandémie annulent les gains antérieurs en matière de pauvreté la réduction et l’aggravation de l’insécurité alimentaire », écrivent les économistes de l’institution.
Inflation en perspective
Outre les difficultés des campagnes de vaccination, les pays pauvres vont aussi, et surtout, devoir faire face à un très probable retour de l’inflation. Notamment sur les prix alimentaires, très scrutés. Depuis plusieurs mois déjà, les prix des produits agricoles et des matières premières flambent partout sur la planète. Au mois de mai, la hausse atteignait 37 % sur un an, soit le bond le plus important depuis 2011. Dans le même temps, la pauvreté progresse vitesse grand V dans les pays les plus pauvres : le nombre de personnes vivant avec moins d’1,9 dollar par jour a progressé de 125 millions en 2020.
Aussi, l’inflation qui se profile dans les pays développés pourrait pénaliser directement les pays émergents, plus que les pays les plus pauvres. Si les prix grimpent dans les pays riches, ceux-ci pourraient revoir leur politique monétaire, à commencer par les États-Unis. Si la FED (réserve fédérale) augmente ses taux, les pays émergents endettés à coup de milliards de dollars verraient leurs intérêts et leur dette s’affoler. Comme souvent, les niveaux les plus bas de la pyramide paient les pots cassés.
ABA