Temps de lecture estimé : 2 minutes
Temps de lecture constaté 2’
Le 19 mai, les terrasses des cafés et restaurants, les commerces et certains lieux culturels vont rouvrir. Enfin. Depuis début mai, le déconfinement est amorcé, avec l’été en ligne de mire. Bonne nouvelle oui, mais gare à la précipitation. À l’heure où le niveau de vaccination en France est loin d’être suffisant pour relâcher la pression, les expert·es médicaux·les et scientifiques le répètent : l’entreprise est risquée.

Une énième mais nécessaire mise en garde. Voilà ce que constitue le dernier avis émis par le conseil scientifique, à propos du déconfinement qui se précise. Si on ne lui a pas directement demandé son analyse sur le calendrier du déconfinement – et c’est bien dommage – l’instance qui s’est auto-saisie compte bien rappeler à toutes et tous qu’il ne faut pas répéter les mêmes erreurs qu’à l’été 2020, à la sortie du premier confinement.
Prudence et maîtrise pour la réouverture, prônent les expert·es. Dans un document de 36 pages remis au gouvernement le jeudi 6 mai, le conseil scientifique s’inquiète. Le calendrier du déconfinement est dangereusement décorrélé des données épidémiologiques. Et les seuils de vaccination atteints à cette heure sont loin d’être satisfaisants. Oui, la réouverture est souhaitable et nécessaire, pour les Français·es et les entreprises, mais prudence est mère de sûreté.
Il ne faut pas oublier le scénario boule de neige de l’été 2020 : déconfinement en mai, été de relâchement, rebond de l’épidémie à la rentrée et reconfinement à l’automne. Car c’est ce qui nous pend au nez, si l’on fait rimer déconfinement avec retour à la « normale ». Pour éviter une « possible quatrième vague » et réussir ce déconfinement, il faudra surtout ne pas baisser la garde. En cas de relâchement généralisé des mesures de distanciation sociale, les effets bénéfiques de la vaccination ne suffiront pas à éviter un énième rebond épidémique.
Non, l’épidémie n’est pas contenue, non, la vaccination de notre population n’est pas suffisante pour l’instant. Pour rappel, les scientifiques recommandent d’attendre que 35 millions de Français·es soient vacciné·es pour lever les mesures de freinage. Soit deux tiers de la population. Nous en sommes loin. Au 9 mai, seules 17,8 millions de personnes ont reçu une première dose. Il faudra, selon le conseil, vacciner 500 000 personnes par jour au moins pour atteindre l’objectif fixé. Motif de satisfaction : nous sommes proches de cette barre quotidienne, avec 450 000 injections par jour en moyenne cette semaine. L’ouverture de la vaccination au personne de plus de 18 ans lorsqu’il reste des créneaux arrive à point nommé.
Tout dépendra de la circulation virale des prochaines semaines. Selon l’avis du conseil, si elle se stabilise à « une incidence inférieure à 100 » cas pour 100 000 habitant·es, nous pourrons gérer les prochains mois avec plus de certitudes. Dans le cas contraire, rien n’est moins sûr. Bonne nouvelle au passage, la dynamique est à une baisse du nombre de contaminations plus rapide que prévu.
Ne gâchons pas tout. S’il est une phrase à retenir, c’est bien celle-ci. Nous attendons tous, collectivement et personnellement, le jour où nous pourrons revenir à une vie sans barrières ni restrictions. Les derniers mois nous le rappellent chaque jour, le chemin sera long. Et ce déconfinement n’est qu’une nouvelle étape. Et non une finalité.
Profitons-en pour retrouver des plaisirs simples, boire un verre en terrasse, visiter un musée, aller au cinéma ou au théâtre, manger au restaurant. Mais surtout, faisons tout cela toujours avec prudence et responsabilité. Et faisons-nous vacciner dès que possible. Les gestes barrières et l’objectif de l’immunité collective sont les meilleurs alliés d’un déconfinement réussi. Ce n’est pas de moi, c’est du conseil scientifique que le gouvernement semble ne plus écouter avec l’attention qu’il mérite ces dernières semaines.
Pas de propos moralisateur à l’horizon, juste du bon sens collectif. À débattre en terrasse.