Contaminations et pression de la fermeture, la tension monte dans les écoles

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La situation s’aggrave dans les écoles et les demandes de fermetures se font de plus en plus pressantes.

La dynamique épidémique au sein de nos écoles inquiète de plus en plus. Au sein des départements les plus touchés, les fermetures de classes se succèdent. Partout, tous les indicateurs sont en hausse alarmante et l’Éducation nationale est sous pression. Malgré tout, Jean-Michel Blanquer et le gouvernement se refusent toujours à la fermeture des établissements que les scientifiques appellent de leur vœux.

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, a beau multiplier les visites de classes d’école et répéter à qui veut l’entendre que la situation est sous contrôle, les faits sont là. La circulation de la covid s’accélère dangereusement au sein des établissements scolaires, comme l’attestent les chiffres communiqués par le ministère de la Rue de Grenelle vendredi 26 mars : 21 183 cas confirmés parmi les élèves (+ 4025 en 24 heures) et 2 515 chez les (+ 443 cas en 24 heures), soit des augmentations respectives de 37 % et 39 % ! En conséquence, le nombre de fermetures provisoires de classes n’a jamais été aussi élevé depuis septembre 2020. On en comptait 3 256 en France jeudi 25 mars, soit une augmentation de 61 % en une semaine. Les chiffres de l’Éducation nationale, pourtant accusée de sous-estimer la contagion, ont de quoi inquiéter. Tout comme ceux de Santé publique France, qui fait état pour la semaine du 15 au 21 mars de 45 421 jeunes de 0 à 19 ans positifs à la covid, contre 25 157 la semaine précédente, dont 32 455 parmi les 10-19 ans. Pour ne rien arranger, le taux d’incidence est en hausse dans toutes les classes d’âge, particulièrement chez les 0-14 ans (+31 %). Une donnée à relativiser cependant dans la mesure où le taux de dépistage dans cette tranche d’âge a augmenté de 41 %.
Face à cette flambée soudaine et généralisée des contaminations au sein des établissements, parents et enseignant·es réclament et attendent des mesures fortes. Problème, l’Éducation nationale garde son cap, et Jean-Michel Blanquer envoie des messages confus.

Réponses insuffisantes
« Aller à l’école, c’est continuer à apprendre », « Aller à l’école, c’est voir ses amis », « Aller à l’école, c’est rester en bonne santé ». Voilà les messages que le ministère de la Rue de Grenelle porte aux nues dans une campagne de communication diffusée depuis le 24 mars sur les réseaux sociaux. Pas de quoi apaiser les tensions ni les inquiétudes, certains enseignant·es y voient même une « provocation ». Pour ajouter à la confusion, Jean-Michel Blanquer a fait un pas vers le durcissement des mesures, en annonçant ce vendredi 26 mars que dans les 19 départements concernés par le nouveau « confinement », un seul cas covid dans une classe en entraînera désormais la fermeture. Avant de partager une vidéo de promotion de l’ouverture des écoles sur Twitter. Cette vidéo met en scène des parents et des enfants, a priori californiens (sic), plaidant pour la réouverture des écoles et la fin des cours à distance (les classes sont quasiment toutes fermées depuis plus d’un an). Une communication jugée maladroite et culpabilisante par beaucoup, dans un contexte d’inquiétude exacerbée et de pression hospitalière record. Pour le collectif d’enseignant·es des Stylos Rouges, Jean-Michel Blanquer « rejette le distanciel sans le moindre argument en balançant une vidéo comme un vulgaire troll ». Une communication en forme d’huile sur le feu qui nourrit les tensions plutôt que de les apaiser.
Du côté des mesures nouvelles, aucune autre inflexion de taille n’est prévue pour l’instant, et la décision de fermeture de classe au premier cas de contamination dans les 19 départements reconfinés ne tiendra que pour une durée de sept jours. Pour le reste du pays, statu quo, malgré la promesse d’Olivier Véran d’un « protocole sanitaire renforcé ».

Vers un reconfinement ?
Le ministère a réitéré son engagement auprès de la communauté éducative : « Les moyens de remplacement seront renforcés », et la vaccination des professeur·es ainsi que celle des « personnels qui travaillent dans les établissement en milieu clos avec les élèves » pourra commencer d’ici à la fin avril. En parallèle, l’Éducation nationale mise aussi sur la montée en puissance des tests salivaires. Sur la semaine écoulée, le taux d’acceptation des tests proposés n’a cependant pas dépassé 65 %.
Pour l’instant, exit les propositions d’introduction de plateaux-repas pour éviter la cantine, d’anticipation des vacances de printemps ou encore de bascule des collèges en demi-jauge, le fonctionnement hybride déployé dans les lycées. Pendant que Jean-Michel Blanquer défend « des mesures adaptées, proportionnées, ciblées à chaque territoire, c’est ce que nous continuons à faire ». Les scientifiques se prononcent de plus en plus en faveur d’une fermeture des écoles. À l’instar de Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’Inserm, qui affirmait sur FranceInfo : « Je ne vois pas comment on va réussir à s’en sortir dans les écoles où la situation s’aggrave. » Même son de cloche chez William Dab, ex-directeur général de la santé, qui plaide « pour un confinement strict, incluant la fermeture des écoles […] s’il s’agit de ralentir la propagation du virus, il est très peu probable que les mesures prises en fin de semaine auront un impact positif. Autrement dit, maintenir les écoles ouvertes revient à prendre un risque très important qui pourrait participer, à nouveau, à un durcissement généralisé des restrictions, faute d’anticipation.
Pire, une étude de l’Institut Pasteur conclut que les parents de collégien·es et lycéen·nes ont respectivement 27 et 29 % de risques supplémentaires d’attraper le virus. Un risque qualifié de « bien peu de chose » face à celui du décrochage scolaire, par le ministre de l’Éducation nationale. On l’aura compris, en dépit de l’augmentation alarmante de tous les indicateurs épidémiques au sein des écoles et des témoignages des enseignant·es, le ministère persiste et signe : la fermeture des écoles sera l’ultime recours. Autrement dit, elle n’interviendra que lorsqu’il n’y aura plus d’autre choix possible, ou qu’il n’y aura plus assez d’enseignant·es disponibles pour assurer leur bon fonctionnement… Entre action et réaction, l’Éducation nationale a fait son choix. Une chose est sûre, plus le gouvernement tergiverse, plus la situation critique dans les écoles se transforme en argument de poids pour un nouveau confinement généralisé.

Adam Belghiti Alaoui

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