Campagne de vaccination, une lenteur pointée du doigt

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À peine lancée, la vaccination en France fait déjà débat. Et sa lenteur inquiète médecins et économistes.

D’abord l’attente, puis le lancement de la campagne de vaccination, et aujourd’hui le retour sur terre. Le vaccin était attendu comme le remède miracle, la lenteur de son administration en France est aujourd’hui décriée. La campagne peine à décoller au point de faire craindre une reprise économique ralentie. En pleine tourmente, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé mardi 5 janvier l’accélération imminente de la vaccination

Le vaccin contre la covid-19, made by Pfizer et BioNTech, était attendu par beaucoup comme l’outil obstacle à la propagation du virus et le début de la fin de la pandémie incontrôlée et des restrictions sanitaires. Quelques semaines après le lancement de la campagne de vaccination en France, le constat n’est pas aussi optimiste, bien au contraire. Déjà, le gouvernement se voit très critiqué pour sa stratégie et pour la logistique de la vaccination. En cause principalement : la lenteur de la campagne et de son déploiement. En chiffres, au 4 janvier, seules quelques milliers de personnes avaient reçu la première injection du vaccin – pour rappel, il faut deux injections pour être immunisé·e – contre 1 million au Royaume-Uni et plus de 250 000 en Allemagne. Dans Le Parisien, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France et candidat attendu de la droite en 2022, fustige « une faute gravissime qui nous conduit inévitablement à l’échec ». L’ancien ministre de la Santé milite notamment pour la multiplication des lieux de vaccination. Un point sur lequel le gouvernement s’est engagé.

Pied au plancher
Au milieu des critiques venues de l’opposition, du corps médical et d’économistes, Olivier Véran assume la stratégie de paliers et annonce un coup d’accélérateur. La campagne de vaccination française va s’emballer de manière « exponentielle », a-t-il même affirmé, en ajoutant que le « rythme de croisière de la vaccination rejoindrait celui de nos voisins dans les prochains jours ». Ce qui suppose des centres de vaccination : 300 devraient être opérationnels dès la semaine prochaine, et 500 à 600 d’ici à fin janvier. Aussi, la consultation vaccinale devrait être simplifiée pour faciliter une augmentation significative de la cadence. « On va être sur une courbe exponentielle », répète Olivier Véran.
En outre, l’autre changement majeur est celui de l’accélération de l’agenda des phases de la stratégie vaccinale. Jusqu’ici limitée au public prioritaire des résident·es en Ehpad, la vaccination va s’élargir d’une part aux pompiers et aux aides à domicile de plus de 50 ans et d’autre part aux personnes de plus de 75 ans, hébergées ou non en Ehpad. Au total, ce sont 5 millions de personnes qui seront concernées dès fin janvier.
Qui dit évolution de la stratégie dit ajustements logistiques. Pour satisfaire à ce programme tout neuf, il faudra amplifier les commandes de doses à l’échelle européenne et les livraisons en France, points sur lesquels le ministre s’est également prononcé. Pour y parvenir, l’arrivée du vaccin de Moderna sur le marché pourrait être une alliée de poids.

Craintes économiques
Pendant que le ministre de la Santé est une nouvelle fois au cœur d’une tempête de critiques, le président de la République Emmanuel Macron est en colère. Jusqu’à fustiger une vaccination qui avance au « rythme d’une promenade en famille ». Pour autant, si le gouvernement s’est prononcé pour l’accélération de la campagne, il ne semble pas renoncer à sa stratégie de prudence. Au risque, probable selon nombre d’économistes, d’hypothéquer la reprise économique espérée et attendue pour 2021. S’il ne serait pas lié uniquement à l’échec de la vaccination, un éventuel troisième confinement n’est pas du tout à exclure. Rappelons-le, l’immunité collective tant fantasmée ne serait atteinte que si au moins 26 millions de Français·es sont vacciné·es d’ici à la fin du premier semestre, alors que l’objectif du gouvernement est de vacciner en priorité les 14 millions de personnes vulnérables d’ici à juin. Chaque jour perdu augmente la note et le bilan des pertes, pour le PIB, la recette fiscale et les entreprises. C’est certain, la logistique vaccinale n’est pas au rendez-vous et n’est pas à la hauteur. Si le 30 décembre 2020, Alain Fischer, celui qui redoute l’appellation « M. Vaccin », avançait que la question logistique était « secondaire », elle apparaît aujourd’hui plus que cruciale.

Entreprises mises à contribution
Comme ce fut le cas dans le cadre des campagnes de tests, les entreprises devraient être mises à contribution pour participer à la campagne de vaccination. C’est le sens des déclarations d’Élisabeth Borne, ministre du Travail, sur les antennes de France info le mardi 5 janvier. « Les entreprises qui participent à la stratégie de vaccination contre la grippe pourront le moment venu participer à celle contre la covid », a ainsi expliqué la ministre. Cette « mise à contribution » ne devrait intervenir qu’au moment de la généralisation de la vaccination, lors des dernières phases de la stratégie vaccinale. Comme pour les tests, le vaccin en entreprise ne sera pas obligatoire et se fera « sur la base du volontariat et dans le respect du secret médical ». Reste que les salarié·es seront invité·es à informer leur entreprise de leur vaccination, ce qui n’est pas le cas pour la grippe par exemple. En attendant, le message reste inchangé : « Privilégiez le télétravail ».

Adam Belghiti Alaoui

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