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Parlons sport, pensons business. L’emblématique Jean-Michel Aulas, laisse sa place à John Textor pour la présidence de l’Olympique Lyonnais après 36 ans de bons et loyaux services.

John Textor remplace officiellement Jean-Michel Aulas aux commandes de l’OL Groupe. L’homme d’affaires américain avait finalisé son rachat en décembre dernier et devient ainsi actionnaire d’un quatrième club de football professionnel après Botafogo, Crystal Palace et le RWD Molenbeek. Une bonne opération pour le club rhodanien, mais une grande perte pour le paysage footballistique français.

« JMA » pour aller vite, « le patron » pour les fans, « le parrain » selon le chroniqueur sportif Daniel Riolo… Pour décrire Jean-Michel Aulas, les surnoms fusent. Le signe d’un personnage haut en couleur ! Et qu’on l’admire ou qu’on le déteste, le consensus lui concède qu’il fût un président de génie. Pendant plus de trente ans, il est allé aux devants de toutes ses responsabilités, défendant corps et âmes ses joueurs et son staff. Un leader né derrière qui personne n’avait honte de se ranger.

De 1987 à 2001, la remontée fulgurante

En 1987, quand il arrive aux commandes de l’OL – appuyé par un certain Bernard Tapie – le club n’en menait pas large. À l’époque Lyon joue des coudes en deuxième division contre l’AS Cannes et consorts. Cela fait déjà quatre saisons que l’équipe s’embourbe sur les terrains boueux de Ligue 2. Une situation insupportable pour Aulas.

Alors, à peine arrivé, il lance le projet « OL Europe ». Et le néo-dirigeant ne camoufle pas ses ambitions. Il veut refaire de Lyon un club de première division et un prétendant à la coupe d’Europe en 4 ans. En 1989, l’OL remonte et s’installe définitivement dans l’élite française. Deux ans plus tard, en 1991, le club se hisse à la 5e place du classement. Lyon arrache enfin le droit de jouer l’Europe. Aulas l’a dit. Aulas l’a fait. Promesse tenue.

Au cours des dix ans qui suivent, il s’appuie sur son centre de formation – qui deviendra le meilleur de France et le deuxième d’Europe. En 1995, Lyon tutoie même les sommets et se dispute le titre avec le grand Nantes des années 1990. Les chantiers sont lancés, ils avancent bien. Pour Aulas et son club, il ne manque plus que de concrétiser.

De 2002 à 2008, le nirvana

Personne n’aurait pu se douter qu’en seulement 15 ans, Jean-Michel Aulas aurait bâti une équipe assez solide pour asseoir la plus grande dynastie de l’histoire de la Ligue 1. Sept titres de champions de France entre 2002 et 2008, des joueurs emblématiques et une légende à jamais gravée dans le marbre.

Le staff lyonnais, emmené par son leader de plus en plus expérimenté, enchaîne les bonnes décisions. Les changements d’entraîneurs, les nouveaux joueurs… Tout est une réussite. Et que dire du rapprochement avec les clubs brésiliens, à l’origine de transferts légendaires. Du grand Sonny Anderson à l’inimitable Juninho en passant par Cris « le policier », ce sont autant de noms qui ont fait vibrer les jeunes fans de football des années 2000.

En parallèle, l’académie OL révèle des pépites. Karim Benzema, Hatem Ben Arfa (qui ne semble pas vouer une grande admiration à son président), Sidney Govou… viennent compléter un effectif ultra-complet.

Pendant sept saisons, Lyon demeure l’équipe à abattre. Dans toute la France on célèbre chacune de leur défaite ou contre-performance. Et en première ligne pour se défendre contre ce torrent de convoitises, toujours le même… Monsieur Jean-Michel Aulas. Il essuie les polémiques, va aux devants des supporters et gère d’une main de maître le club en interne. Un président au plus proche de son équipe. Et de son public.

De Gerland au Groupama Stadium

En prenant la présidence de l’OL Groupe, Aulas n’avait qu’une idée, celle d’un « stade d’une grande qualité », appartenant au club. En 1987, à son arrivée, il en rêvait déjà. Alors, pendant des années, il a œuvré dans ce but. Le Stade des Lumières (ou Groupama Stadium) sera finalement inauguré quelques mois avant l’Euro 2016. Une compétition durant laquelle il accueillera six matchs, dont une demi-finale.

Le projet aura coûté 640 millions d’euros à l’OL et ses investisseurs (privés et publics). Jean-Michel Aulas a empilé les prêts, multiplié les contrats de financements obligataires pour se payer ce bijou de 59 000 places. Le président estimait pendant les travaux que son enceinte rapporterait 100 millions d’euros par an à l’OL. Si d’autres prévisions revoyaient ces chiffres à la baisse (environ 70 millions d’euros), il n’en demeure pas moins que le Groupama Stadium reste profitable sur le long terme. À titre de comparaison, le Stade de Gerland ne rapportait « qu’une » vingtaine de millions d’euros par an au club. Lyon devient ainsi le quatrième club professionnel français à être propriétaire de son stade. Et le premier avec une telle envergure. Pour Aulas, c’est le projet d’une vie qui s’accomplit…

Le père du football féminin, un personnage médiatique, un homme d’affaires…

Dans sa vision aiguisée, le président n’a pas non plus raté le virage du football féminin. Les filles lyonnaises ont roulé sur l’Europe notamment parce qu’elles disposaient des mêmes infrastructures et de la même qualité d’entraînement que les hommes. Huit Ligues des champions et 15 championnats de France… oui je crois que l’on ne prend aucun risque à parler de succès !

Nous aurions pu évoquer aussi son sens acerbe de la répartie, ses nombreuses prises de becs avec les journalistes ou encore ses autres activités entrepreneuriales tant JMA cumule les casquettes. Une chose est sûre, celui qui a été élu meilleur président de l’histoire du football français en 2021 manquera à tous les amateurs de football, en commençant par les Gones… Et si le Lyon n’est pas mort ce soir, il devra désormais faire sans sa colonne vertébrale. Son illustre président.


Les prolongations…

Lacoste se la joue globe-trotter ! • La marque au croco fête ses 90 ans cette année. Pour l’occasion, elle lance une campagne de pub à travers le monde pour voir de quelle manière les populations de tous les continents arborent le crocodile. De São Paulo à Vitry-sur-Seine, l’éventail est large et rappelle à quel point Lacoste est devenu un phénomène mondial depuis les années 1990.

La Ligue 1 dernière des 5 grands championnats en business • Il y a des matchs qui valent plus que d’autres, littéralement. Selon une étude reprise par l’Observatoire du sport business, un match de Premier League vaut en moyenne 9,5 millions d’euros en termes de droits télé. À titre de comparaison, un match de Ligue 1 Uber Eats vaut « seulement » 1,7 million d’euros.

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