L’Ebitdac, du réel à la fiction

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Face à la crise sanitaire, les entreprises songent à l’Ebitdac (l’Ebitda + le « c » de covid) pour mesurer leur activité « fictive ».

Les résultats des entreprises sont impactés par ce fichu coronavirus-2, mais comment rappeler qu’elles n’y sont pour rien ? En imaginant la façon dont elles vont mesurer leurs résultats cette année. Exit l’Ebitda, Earnings before Interest, Taxes, Depreciation, Amortization – Bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement –, place à l’Ebitdac, avec le « c » de covid en plus. Un indicateur privilégié par certaines entreprises pour ne pas prendre en compte la crise sanitaire. Créé pour faire oublier, l’Ebitdac démontre une fois de plus que toutes nos décisions se rapportent à la covid-19. Dépendance garantie.

Ebitdac, quésaco ?
Face à la crise sanitaire qu’elles ont traversée, les entreprises ont dû redoubler d’imagination pour afficher des résultats plus décomplexés. Jusqu’ici, c’est l’Ebitda qui servait aux entreprises à appréhender au mieux leur résultat opérationnel. Cohérent, il donnait une vision assez claire sur l’état d’une société, fort utile pour les investisseurs. Mais en 2020, l’Ebitda n’a pas bonne presse, le chiffre final est un véritable fardeau pour les entreprises puisque plombé par la crise de Sars-CoV-2. Inutile de rappeler que chaque société a besoin de se vendre auprès de potentiels investisseurs – tout en faisant preuve de transparence. Or, en gardant l’Ebitda tel qu’il est cette année, les entreprises se tirent une balle dans le pied.

Le petit « c » supplémentaire prend alors tout son sens, c pour coronavirus. Les résultats masquent l’impact de la crise sanitaire sur le résultat opérationnel. Faire comme si la covid-19 n’existait pas. Certes, le coup de massue sur la tête que nous avons tous subi n’a rien d’endogène, il s’agit d’une crise exogène pour les entreprises qui ne caractérise pas une faille de leur activité. De là à omettre complètement l’influence de la crise sur les résultats, ce serait absurde. Quand il pleut, vous êtes mouillé.e, et pourtant vous n’avez rien provoqué.

Une efficacité contestée
Mais bien naïf.ives seront celles et ceux qui croiront en l’efficacité de l’Ebitdac. Les investisseurs ne sont pas dupes : « Ils seront tout à fait capables de recalculer un Ebitda non corrigé. Les professionnels de la finance savent faire la différence entre une hypothèse et un chiffre réel quand il s’agit d’investir », critique Mathilde Fox, responsable du département finance et comptabilité à l’Ichec Brussels Management School. Bien sûr que la crise covid-19 demeure un paramètre à prendre en compte dans ses choix d’investissement, l’inverse serait nier la réalité.

Enfin cet indicateur recalculé pourrait être perçu comme trompeur et manipulateur. Gare aussi à l’effet boomerang. User de l’Ebitdac constituerait le meilleur signal d’une entreprise en proie à de grandes difficultés liées à la crise. Pas vraiment l’objectif de départ.

Geoffrey Wetzel

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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