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Malgré tout son génie, l’Homme reste parfois un animal tendrement basique. Il fait l’amour en vacances, quand le soleil brille et que tout va bien. Il reste chaste, en revanche, quand le stress et la fatigue se font ressentir.
Comme il y a la saison des pêches ou des melons, il y aurait la saison du sexe. Pourtant, Monsieur ne serait pas plus sucré en août, ni Madame plus ferme en juillet. La preuve : beaucoup d’enfants naissent entre juin et septembre, ce qui implique une conception en automne ou en hiver. « Il faut y voir le fruit d’une volonté de la mère d’accoucher l’été, pour le bien-être du nourrisson, explique Caroline Le Roux, psychologue clinicienne et sexologue. Et puis, l’hiver, les gens sortent moins, et sont un peu plus enclins à rester sous la couette. » Néanmoins, tous les spécialistes s’accordent à le dire : les beaux jours sont plus propices aux parties de jambes en l’air. Soleil = sexe. L’équation serait toutefois trop simple. D’autres facteurs, plus sociologiques, entrent aussi en ligne de compte. Tentative d’explication de la carte du Tendre.
L’étymologie. Non, bien sûr, ce n’est pas l’origine du mot « désir » qui fait que ce soir, vous allez délaisser votre Ken Follett pour vous lover dans les bras de votre bien-aimé(e). Mais celle-ci donne un éclairage intéressant sur le lien entre l’amour et la saison. « Le mot « désir » vient du latin « desidera », qui renvoie à la période de l’année où la constellation sidera, visible l’hiver, disparaît dans le ciel, explique Jean-Roger Dintrans, psychiatre et sexologue, chargé de cours à l’Université Paris V. Cela correspond à l’arrivée du printemps, la saison des amours. »
Le temps. C’est l’un des principaux responsables des fluctuations de notre libido. Pour une raison très simple : il joue à plein sur notre moral, lui-même fortement corrélé à notre sexualité. « On observe beaucoup de dépressions saisonnières en automne et en hiver, note Caroline Le Roux. Or, lorsque l’individu ne se sent pas bien, il se déprécie, et n’a pas forcément envie d’aller vers l’autre. » A l’inverse, le soleil a un effet particulièrement stimulant sur l’organisme. « La luminosité active d’une part le système sérotoninergique, qui nous fait nous sentir bien « dans notre tête », et d’autre part le système mélatoninergique, qui influe sur notre équilibre hormonal et notre désir », explique Jean-Roger Dintrans. Rien de bien révolutionnaire, puisque l’Homme ne fait ici que se mettre au diapason de tous les autres mammifères, chez qui les beaux jours correspondent à la reprise de l’activité érotique. Enfin, la température influe sur les habitudes vestimentaires. Et l’été, tout naturellement, « les garçons ont les yeux qui brillent/Pour un jeu de dupes/Voir sous les jupes des filles… » CQFD.
Le travail. Le 6 mars 2012, une étude menée par le cabinet Technologia et les mutuelles UMC nous apprenait de façon inquiétante le lien direct entre vie professionnelle et activité sexuelle. A la question «avez-vous l’impression que le stress au travail joue un rôle négatif sur votre vie sexuelle et amoureuse ?», la réponse est oui à 66,6%, avec un pic à 70% chez les cadres. Pire, près d’un quart (23,8%) des interrogés confesse même des troubles sexuels (liés au désir, à l’accession au plaisir, à l’érection pour les hommes…). 72,6% des sondés affirment par ailleurs que la fatigue accumulée lors de la journée de travail les empêche de faire l’amour une fois à la maison. A contrario les périodes de vacances font quant à elles figure de parenthèses torrides. « Le stress retombe, le moral est au beau fixe, nous cassons la routine, nous prenons davantage le temps, nous sommes moins fatigués le soir, énumère Caroline Le Roux. Autant d’éléments qui favorisent la sexualité. » Pour autant, le travail ne se révèle pas la cause de tous les maux intimes, l’étude nous apprenant que la peur du chômage constitue un fauteur de troubles bien plus ravageur. Et pour cause, « il alimente le stress, pire ennemi de la libido », conclut la psychologue-sexologue.
Les enfants. Petits, ils réveillent leurs parents plusieurs fois par nuit. Résultat, des câlins improbables, et un état de fatigue qui laisse peu de place au sexe. Ados, ils sont une oreille attentive à laquelle nous craignons que parviennent des bruits indécents. « En effet, cela peut être source de blocage, confirme Caroline Le Roux. Pourtant, entendre ses parents faire l’amour est très structurant pour un enfant, pourvu qu’on en parle ensuite avec des mots appropriés. Pour les petits, on « s’amuse dans le lit », ou on « fait des chatouilles ». Cela les rassure sur l’amour qui unit leurs parents. »
Internet. Plus question de fréquence, ici, mais de pratique. La banalisation de la pornographie en trois clics a considérablement fait évoluer la manière avec laquelle certains adultes appréhendent le sexe. « Certains patients me disent qu’ils souhaitent que leur compagne se comporte de la même manière que les actrices, s’inquiète la psychologue-sexologue. Ces demandes peuvent créer des tensions au sein des couples. » Chez les plus jeunes, Internet a aussi changé la donne. Si l’âge des premiers rapports n’a pas varié depuis près de vingt ans – 17 ans ½ environ – les adolescents n’hésitent plus à se filmer, seuls ou avec un partenaire, et à poster leurs vidéos sur la Toile. Les premiers ébats se conçoivent aussi de moins en moins sans une fellation, voire d’autres pratiques plus originales, quand les anciens se voulaient plus fleurs-bleues lors de la première nuit. Tout fout le camp.
Article réalisé par Olivier Faure