Téléconsultation, une quête de légitimité qui progresse…

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La crise a dopé le recours à la téléconsultation. Une pratique partie pour durer ?

Si le télétravail reste le grand gagnant de la crise covid-19, la téléconsultation n’est pas en reste. Restrictions sanitaires, distanciation sociale, limitation des déplacements… le recours à la téléconsultation a été dopé par la pandémie, véritable accélérateur. Effet temporaire ou transformation plus profonde de la relation spécialiste/patient·e ? Chez Nutrisens, expert nutrition et santé, on a créé – en 2020 – la plate-forme de téléconsultation NutriD pour lutter contre la dénutrition des personnes âgées. Zoom sur une pratique en plein essor.

« Au premier semestre 2020, le nombre de téléconsultations facturées à l’Assurance Maladie a explosé en France : il est passé de 40 000 actes par mois à 4,5 millions en avril pour se situer à près d’un million d’actes pendant l’été. Au moment du confinement, la téléconsultation représentait une consultation  sur quatre », pouvait-on lire dans un communiqué de l’Assurance Maladie. Dans cette période d’isolement, il a fallu mettre en lien les personnes les plus fragiles avec les spécialistes, « l’isolement favorise la dénutrition chez les personnes âgées, cette même dénutrition qui augmente les risques de complication en cas de contraction de la covid-19 », nous confie Aurélien Amir, responsable marketing chez Nutrisens. D’où la naissance de NutriD, les séniors doivent continuer à s’alimenter correctement, et la téléconsultation constitue une passerelle judicieuse pour leur en faire prendre conscience.

Complémentarité ou substitution ?
Sans doute l’une des interrogations les plus présentes à la fois du côté des spécialistes et de leur patientèle. Une téléconsultation  peut-elle prétendre au même degré de rigueur et d’efficacité qu’une consultation traditionnelle ? Tout dépend du motif de consultation…. En médecine par exemple, ne pas voir évoluer physiquement un patient·e peut représenter un obstacle dans la définition même de la pathologie. Et un lot d’informations – aussi précises qu’elles soient – ne remplacent guère une auscultation. Une barrière qui existe beaucoup moins dans le cas de conseils nutritionnels : « En nutrition, le diagnostic s’opère sur la base d’un échange entre le·la spécialiste et son·sa patient·e, il y a moins de contacts nécessaires, c’est pourquoi une téléconsultation dans le domaine de la nutrition revient à procéder à une consultation réelle, rien ne change », détaille Aurélien Amir.

Une chose est sûre, la téléconsultation panse les plaies d’un pays qui n’a toujours pas résolu l’épineuse préoccupation des déserts médicaux. Tous ces territoires oubliés, ruraux, où les habitant·es peinent souvent à trouver un·e médecin ou spécialiste proche de leur domicile. Encore ne faudrait-il pas tomber – pour le gouvernement – dans la facilité et simplement encourager la mise en place excessive de la téléconsultation pour définitivement contourner le problème des déserts médicaux…

Aurélien Amir, responsable marketing chez Nutrisens

Téléconsultation, oui mais pour qui ?
La fracture numérique – encore une fois accentuée par la crise – n’entrave-t-elle pas le recours à la téléconsultation ? Pas toujours évident pour un sénior, qui ne maitrise pas forcément les codes et le langage du numérique, pour consulter « en ligne ». C’est toute la question de l’inclusion numérique. La plateforme NutriD, qui s’adresse aux personnes âgées – car les plus enclines à basculer dans la dénutrition – peut compter sur les aidant·es pour accompagner nos aîné·es : « Des aidant·es, soit des professionnel·les ou même l’entourage, prennent souvent les rendez-vous pour les patient·es âgé·es », pointe le responsable marketing de Nutrisens Aurélien Amir, « le dispositif MonSenior, dans la métropole lyonnaise, forme aussi des aidant·es et accueillant·es familiaux·les », renchérit-il, une façon d’accompagner au mieux les personnes âgées et une réelle alternative aux Ehpad, donc. Essentiel aussi de bien ancrer dans les esprits que la téléconsultation s’adresse à tout le monde, des plus jeunes aux moins jeunes, « il faut casser cette image qui réduit souvent la nutrition à la volonté de perdre du poids, on lutte contre la dénutrition, évidemment très présente chez les plus avancé·es en âge », souligne Aurélien Amir, d’où l’importance à ce qu’ils·elles prennent conscience du bénéfice qu’offre la téléconsultation.

Geoffrey Wetzel

Médecine du travail, l’autre grande application de la téléconsultation

Les services de santé au travail (SST), confrontés avant crise à la pénurie médicale, ont trouvé dans la téléconsultation médicale – la médecine du travail – une forme de solution. Appuyée sur un décret ad hoc qui prévoit la mise en place de la téléconsultation.
Dans quelles conditions les SST peuvent-ils recourir à la téléconsultation ?

  • le salarié doit accepter la téléconsultation,
  • le système de communication doit assurer une communication en temps réel par vidéo-transmission (avec webcam), la communication par tablette ou téléphone portable est elle aussi autorisée,
  • la confidentialité des échanges doit être garantie (professionnel de santé et salarié doivent pouvoir dialoguer « sans interférence extérieure »),
  • une traçabilité des échanges doit être prévue pour alimenter le dossier médical en santé au travail.

 

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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