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Yann Arthus-Bertrand est un photographe et réalisateur engagé en faveur de l’environnement. Ses photos aériennes de paysages font le tour du monde depuis plusieurs décennies.
« Avant, la fin du monde était décrite dans la Bible, maintenant elle l’est dans le rapport du Giec ». Non, notre écologiste à l’épaisse moustache n’a pas perdu son sens de la formule ! À l’occasion d’une conférence devant les élèves de l’Ipsa, l’activiste est venu rappeler à quel point l’avenir de la biodiversité sur Terre est compromis.
Ce n’est pas la première fois que Yann Arthus-Bertrand se retrouve en terrain inconnu. Lui qui a sillonné le monde de fond en comble et visité les endroits les plus hostiles, un amphithéâtre bondé d’étudiants ne lui fait pas peur. À l’Ipsa on étudie l’ingénierie de l’aviation et du spatial, l’un des secteurs les plus polluants à ce jour. Mes ces futurs ingénieurs ont ce devoir de parvenir à verdir la filière. À côté, quelques employés de Safran assistaient aussi à la conférence.
« Regarder le monde les yeux ouverts »
1992, COP de Rio. C’est la première fois que l’on entend des chefs d’État se soucier de l’impact de l’homme sur Terre. Avant, vous auriez été perçu comme un marginal. Pourtant, cela fait près de deux siècles – depuis la révolution industrielle – que l’activité humaine pose problème à l’environnement. Yann Arthus-Bertrand rappelle qu’aujourd’hui sur Terre, la concentration de carbone dans l’air est équivalente à celle d’il y a quatre millions d’années… Sauf qu’à cette époque, en Antarctique, des forêts luxuriantes décoraient le paysage. Voyez le problème.
La faune aussi subit les foudres de notre évolution. En 40 ans, la Terre a perdu 60 % du vivant. Les éléphants sauvages, qui jadis peuplaient les savanes africaines par millions, ne sont plus que 350 000 aujourd’hui. Idem pour les flamants roses dont l’écologiste rappelle qu’en ces temps de Saint-Valentin, l’achat de roses cultivées au Kenya contribue à l’extinction de cette espèce. Sous l’eau, le bilan n’est pas meilleur. 95 % du corail – si utile à la biodiversité – est malade. Et nul doute que les récents événements ne vont pas améliorer la situation.
En plus des chiffres, Yann Arthus-Bertrand s’appuie sur ses photos aériennes. Celles qui font sa renommée. Tout ce qu’il avance, il a pu le capturer en image du haut de ses hélicoptères ou montgolfières. On le comprend à la vue des clichés, rien n’est mieux que de prendre de la hauteur pour constater les dégâts…

Et pourquoi pas encore plus de hauteur ?
La conférence en question avait lieu dans le cadre de la parution du livre Mars Terre : Destins croisés, aux éditions Belin. La question de la colonisation de la planète rouge a donc logiquement sa place. Si la Terre ne remplit plus les conditions pour qu’on l’habite, nous n’avons qu’à la quitter ! Simple non ?
Eh bien non, pas si simple. Mars est un désert aride et hostile. Il y a eu de l’eau, autrefois, mais sa présence n’évoque pas forcément une trace de vie. Le co-auteur du livre, Philippe Henarejos, rappelle d’ailleurs que la pression atmosphérique y est quasi nulle. Il dépeint la planète rouge comme une version dystopique de la Terre et ce à quoi elle pourrait ressembler si toute biodiversité venait à disparaître.
Pour pallier le problème d’atmosphère, Elon Musk songerait à un projet fou. Celui de bombarder Mars à des endroits stratégiques et laisser s’échapper des gaz pour créer une enveloppe viable. Stupeur dans la salle au moment où ces mots sont prononcés. « Une idée d’une pauvreté lamentable. Irradier une planète sur laquelle on veut s’installer, ce n’est pas la meilleure des idées », ironise Yann Arthus-Bertrand. Ce projet ne prouve qu’une chose : tant que les mentalités ne changeront pas sur Terre, il ne servira à rien d’aller s’exporter ailleurs, les mêmes erreurs seront commises.
Yann Arthus-Bertrand ponctue son intervention en rappelant aux futurs ingénieurs qui se trouvent devant lui qu’ils sont l’espoir d’un monde plus responsable. « Vous pouvez faire quelque chose et éviter la sixième extinction de masse ». Mission réussie pour l’écologiste qui sensibilise sans culpabiliser et qui a bien compris le rôle moteur de l’innovation dans cette lutte de préservation de notre environnement.