Le verbatim… du think tank le Millénaire

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Pour une politique industrielle française du XXIe siècle

Si la crise économique et sanitaire divise, il est un point de quasi-consensus : la majorité des Français·es et des décideurs publics souhaitent une réindustrialisation de la France. Et de nouveaux efforts pour relancer des fleurons de l’économie française aujourd’hui devancés par la concurrence internationale. La volonté est là, reste encore à pouvoir la mettre en œuvre. Dans une tribune pour le journal Les Échos, William Thay et Matthieu Hocque du think-tank le Millénaire invoquent à ce propos l’exemple des pays d’Asie de l’Est, où l’État s’attèle à entretenir un écosystème favorable pour les acteurs économiques.

Qui dit période de crise dit accélération des transformations déjà à l’œuvre, comme les évolutions des modes de consommation et de production. De plus en plus, les Français·es veulent consommer local, consommer responsable, consommer durable. Un engouement réaffirmé pour le made in France qui implique notamment une dynamique de relocalisation de l’appareil productif et une réindustrialisation locale des secteurs à la chaine de valeur internationalisée depuis plus de trente ans. À cet égard, les auteurs de la tribune, dont le think tank se définit comme « gaulliste, réformateur et guidé par l’intérêt national », n’appellent pas à un retour d’un interventionnisme étatique accru ou à des politiques keynésiennes (pensée économique qui privilégie l’action de l’Etat et l’accroissement des dépenses publiques pour compenser les déséquilibres du marché). Le modèle invoqué s’appuie sur celui des pays est-asiatiques. L’idée : une politique industrielle efficace avant tout, basée sur la libre concurrence et sur un interventionnisme dédié à la facilitation de l’activité économique. Surtout, nos deux observateurs estiment que la force de ces pays est leur adaptation aux évolutions du contexte économique, avec l’abandon progressif de leur dirigisme industriel et leur adhésion à l’OMC. Et force est de constater que cela fonctionne : la part de l’industrie dans la valeur ajoutée chinoise est de 39 %. Contre 13 % en France, où les dépenses de R&D ne représentent que 2,5 % du PIB, contre 4,6 % en Corée du Sud.

En somme, la France est encore très en retard, mais elle semble tout de même sur le bon chemin. Celui de l’émergence des champions nationaux – le licornes françaises se multiplient et la French Tech cartonne – ou encore la formation de filières productives protégés et une fiscalité des entreprises plus souple. Ce n’est pas la Macronie qui dira le contraire. ABA

Le souhait de relocalisation de notre appareil productif connait une plus grande ampleur avec l’apparition d’une crise sanitaire qui a bousculé nos certitudes. Pour autant, il ne s’agit pas de revenir au monde d’avant crise et de promouvoir un interventionnisme de l’État tous azimuts. À partir du modèle des pays est-asiatiques, il s’agit plutôt d’identifier les ressorts d’une politique industrielle efficace basée sur la libre concurrence, où l’État interviendrait davantage pour créer un écosystème favorable.

Quels enseignements tirer des modèles asiatiques ?

Les États est-asiatiques ont su adapter leur politique industrielle aux évolutions des cycles économiques, en opérant une transformation structurelle de leur modèle. En adhérant à l’OMC, le Japon, la Corée, puis la Chine abandonnent progressivement le dirigisme industriel, rationalisent le financement public, assainissent leur secteur bancaire, modernisent l’enseignement supérieur et investissent massivement dans des infrastructures innovantes. En 2019, les effets de ce modèle portent leurs fruits : la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est de 29 % au Japon, 33 % en Corée du Sud et 39 % en Chine, contre 13 % en France et 22 % pour la moyenne de l’OCDE.

Pour autant, ces réformes sont loin de marquer le retrait de l’État dans la conduite de la politique industrielle. Après avoir favorisé l’émergence de champions nationaux capables de résister à la concurrence, les États est-asiatiques ont intégré les PME dans le giron de leur politique industrielle formant des filières productives protégées et favorisées par une fiscalité souple. Forts de cette articulation, les champions nationaux bénéficient d’un réseau de sous-traitants, afin de conquérir les marchés internationaux.

Les pays asiatiques doivent également la prégnance de leur industrie à leur politique de recherche et développement (R&D) orientée vers les besoins de leur marché intérieur afin de soutenir la consommation. En 2019, les dépenses en R&D en France représentent 2,5 % du PIB, contre 3,2 % au Japon et 4,6 % en Corée du Sud. Pire, en 2019, la France n’a toujours pas atteint le niveau de dépenses en R&D du Japon en 2000, situé déjà à 2,9 % du PIB. Ce déclassement doit nous amener à reconsidérer les contours de notre politique industrielle.

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Retrouvez l’intégralité de la tribune ici

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