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« Des milliers de personnes applaudissent devant la lente agonie d’un bovin d’élevage, sans l’ombre d’une compassion »
Contrairement à ce que l’on peut penser, le sujet de la suppression pure et simple de la corrida n’est pas clivant. Car une large majorité de Français·es préféreraient voir la pratique disparaître. Quelques irréductibles subsistent et le font savoir. Mais quand il s’agit d’un candidat à la députation issu du parti Europe Écologie Les Verts (EELV), dont le programme présidentiel prévoyait l’interdiction de la pratique, c’est d’autant plus ennuyeux ! Dans une tribune publiée au Journal du Dimanche, les militants du parti exhortent Nicolas Cadène, biberonné à la tauromachie, à clarifier sa position.
81 % des Français·es sont opposé·es à la corrida, révèle un sondage Ifop publié en septembre 2021 et commandé par l’Alliance Anticorrida. De nombreux politiques campent l’opposition. Ils s’appellent Gilbert Collard, Alain Juppé ou Manuel Valls. Mais aucun d’eux n’est adhérent de la Nupes, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale portée par Jean-Luc Mélenchon. Laquelle regroupe en son sein les candidat·es à la députation d’EELV. Un écolo qui ne militerait pas pour la cause animale, imaginez le malaise… « Certes, [elle] montre la mort, le plus souvent d’un animal – un taureau de combat, précisons-le – et ainsi choque légitimement. Cela, même si notre société est inondée chaque jour d’images barbares où des Hommes tuent d’autres Hommes, pour la puissance. Mais la corrida cherche à retracer la vie tout entière, qui n’a de sens que par sa brièveté. Elle ne peut donc nous l’illustrer que dans toute son ampleur, c’est-à-dire jusqu’à la mort, en nous en faisant ressentir puissamment ses émotions : la surprise, la peur, la tristesse, l’admiration, la joie, la sérénité, et parfois même, reconnaissons-le, l’ennui », déclarait Nicolas Cadène, candidat Nupes à la 6e circonscription du Gard, le 14 juin 2019 lors de son discours de réception à l’Académie de Nîmes.
Sur CheckNews, il précise : « Ayant été élevé dans la culture locale dont elle fait partie, j’ai assisté aux pratiques de tauromachie, les courses camarguaises, bandidos, encierros ou la corrida, qui est la seule pratique où il y a la mort. » Mais ne s’oppose pas à ce que la pratique soit « réinterrogée ». Insuffisant pour les militant·es écologistes qui l’invitent très clairement à « clarifier publiquement sa position » contre la corrida. Ou de tout simplement… retirer sa candidature ! MS
Nous, militant.es écologistes et/ou adhérent.es d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), d’associations de protection animale, militant.es de la condition animale, élu.es ne voulons plus que la souffrance d’un animal soit un plaisir autorisé en France ; cette souffrance étant l’essence même de la corrida. La corrida est un cas unique au monde : dans les arènes, des milliers de personnes applaudissent devant la lente agonie d’un bovin d’élevage, sans l’ombre d’une compassion. C’est aussi un « spectacle » qui est ouvert gratuitement aux jeunes enfants et aux adolescents, qui sont ainsi témoins de la souffrance et du supplice de l’animal. L’ONU elle-même s’oppose depuis des années à la présence et à la participation d’enfants lors de corridas.
Pour nous, c’est totalement inacceptable. Nous voulons que la loi de protection animale soit appliquée sans exception : nous demandons l’abrogation de l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code pénal relatif aux actes de cruauté sur les animaux.
Comme nous, une majorité de Français.es, chaque année plus nombreuses et nombreux, sont opposés aux corridas avec mise à mort du taureau (sondage Ifop – 2021), ainsi qu’à la présence des plus jeunes devant ce « spectacle ».
Nous espérons que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), que nous considérons à ce jour comme la force politique la plus à même de défendre les animaux, au regard des propositions portées par les partis qui la composent, aura la majorité la plus large possible à l’Assemblée nationale le 19 juin prochain. Ainsi, elle mettra à l’ordre du jour cette abolition et bien d’autres mesures en faveur de la condition animale.
Les militant-es et écologistes, et notamment les membres de la commission condition animale d’EELV, adhérent.es ou sympathisant.es du parti EELV, ont fait savoir leur mécontentement en interne, et notamment ce week-end lors du Conseil fédéral d’EELV (le parlement du parti), expliquant que :
De toutes les activités humaines qui nuisent aux animaux, la corrida est celle qui n’a pas même un semblant de justification (nourriture, santé humaine, habillement, cosmétique etc.) excepté le plaisir de voir souffrir un animal d’élevage, torturé à mort (ce qui est passible de lourdes peines sur la très grande majorité du territoire national).
Si nous cédons sur ce point, sur quoi allons-nous être courageux pour les animaux ?
Retrouvez l’intégralité de la tribune sur le site du Journal du Dimanche