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« Biodiversité en crise : il est urgent d’amplifier les actions »
Le titre du rapport annuel de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) ne laisse pas de place au doute. La biodiversité est en danger et doit être l’affaire de toutes et tous. Pire, les données scientifiques s’accumulent pour attester du « rythme sans précédent du déclin de la biodiversité » et d’une sixième extinction de masse. Parmi les solutions pour ralentir la destruction de nos écosystèmes, la diminution de l’impact des activités humaines est indispensable. La prise de conscience est une chose, l’atteinte d’objectifs concrets en est une autre.
Les chiffres ne trompent pas : selon l’enquête « les Français et la nature », de 2020, trois Français·es sur cinq estiment que les mises en garde scientifiques sur le déclin de la biodiversité confirment la « nécessité d’agir vite pour protéger la nature ». Dans la foulée du dernier rapport du groupe d’experts internationaux sur l’évolution du climat (Giec), le bilan 2021 de l’ONB tire la sonnette d’alarme. Sur terre ou en mer, les milieux animaliers et végétaux sont directement meurtris par l’activité humaine et des espèces sont menacées d’extinction. De la pollution des sols et des eaux en passant par les prélèvements directs d’espèces sauvages et les dommages qui y sont associés, ce que l’on nomme les « pressions anthropiques » doivent être raisonnées. Un bon point : la prise de conscience de l’urgence climatique et environnementale tend à se propager dans l’opinion publique et auprès des décisionnaires politiques. Une évolution témoin de ce virage vert : le nombre d’enseignements en études supérieures en lien avec la protection de la nature a augmenté de 43 % en 10 ans. Cependant l’ONB prévient : il faut désormais se fixer des objectifs clairs et les satisfaire. Les bons principes et les belles ambitions doivent s’imposer aux politiques sectorielles responsables des mauvaises pressions sur les milieux naturels.
Autre source d’inquiétude soulevée par le rapport : les records atteints par la pollution lumineuse en métropole. Selon les experts, 85 % du territoire subit des pressions dues à la pollution lumineuse. ABA
« Les activités humaines sont responsables de la disparition de la biodiversité
Les causes de la disparition du vivant sont bien documentées : les activités humaines sont à l’origine de pressions qui chacune prise séparément mais aussi par leurs effets cumulés en sont responsables. Agir pour la biodiversité implique de s’attaquer en priorité à la diminution de ces pressions anthropiques.
Aujourd’hui, en France, les changements d’usage des sols exercent une pression majeure : le développement de l’urbanisation et l’exploitation intensive des espaces agricoles et forestiers sont responsables d’un mitage du territoire qui entraîne la destruction des habitats naturels et leur fragmentation : non seulement la surface totale des espaces naturels diminue, mais ils sont de plus en plus morcelés. En métropole, les changements affectent particulièrement les prairies, qui sont des écosystèmes très riches : elles représentent le premier type de milieux détruit par l’artificialisation entre 1990 et 2018 (plus de 55 000 hectares détruits soit plus de 2 fois la superficie de Marseille).
La fragmentation affecte également les milieux aquatiques : on trouve ainsi en moyenne un obstacle tous les six kilomètres de cours d’eau en France, qui sont autant de barrières pouvant entraver les cycles de vie de nombreuses espèces et limiter les brassages génétiques.
Le prélèvement direct des espèces sauvages et les dommages associés constituent une autre pression anthropique majeure. Les écosystèmes marins sont particulièrement impactés. Malgré des améliorations dans la gestion des prélèvements et les efforts entrepris pour améliorer la durabilité des pratiques, la surpêche concerne encore 21 % des stocks évalués des eaux françaises.
Les pollutions (physico-chimiques, sonore, lumineuse, déchets marins, etc.) sont présentes de façon généralisée. L’usage de pesticides, qui ont un impact majeur sur la biodiversité, ne diminue pas : les ventes de produits phytosanitaires en agriculture ont augmenté de 15 % sur la période 2017-2019 par rapport à la période 2009-2011. La pollution lumineuse, induite par les éclairages artificiels, perturbe le cycle biologique des espèces animales – comme pour certaines chauves-souris – et constitue une barrière parfois infranchissable, mettant à mal les continuités écologiques. 85 % du territoire métropolitain est exposé à de forts niveaux de pollution lumineuse (voir poster au verso). Soumis à toutes ces pressions, et à d’autres, confronté à un climat qui se modifie, le vivant voit sa capacité de résilience mise à rude épreuve.
Préserver la biodiversité : après la prise de conscience, l’urgence d’atteindre les objectifs
La prise de conscience semble s’enraciner dans l’opinion publique et les actions de la société en faveur de la protection de la biodiversité se multiplient. Cette tendance se traduit par exemple dans les choix d’orientation des étudiants. Le nombre d’étudiants inscrits dans des formations comportant une majorité d’enseignements en lien avec la protection de la nature a ainsi augmenté de 43 % en 10 ans. Par ailleurs, de nombreuses entreprises commencent à intégrer cet enjeu dans leur stratégie. Les sciences participatives en lien avec la biodiversité connaissent également un engouement sans précédent : plus de 135 000 personnes ont participé à au moins un de ces programmes en 2020, soit six fois plus qu’en 2011.L’effort financier national pour la biodiversité recense l’ensemble des dépenses de l’État, des collectivités, des entreprises et des particuliers en faveur de la biodiversité. Bien qu’en augmentation régulière, celui-ci atteignait 2,4 milliards d’euros en 2018, soit seulement 0,1 % du produit intérieur brut (PIB), contre 45,7 milliards d’euros pour le climat.
Les ambitions des politiques en faveur de la biodiversité sont régulièrement rehaussées : les principes de zéro artificialisation nette ‑ et de protection forte ‑, par exemple, guident les nouvelles stratégies adoptées ou en cours de développement (stratégie nationale pour les aires protégées, nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité).
L’enjeu majeur consistera à ce que ces principes s’imposent davantage aux politiques et stratégies sectorielles responsables des pressions, dont on a vu qu’elles continuent à augmente
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Retrouvez l’intégralité du Bilan 2021 de l’Observatoire national de la biodiversité