Le verbatim de… Thierry Pech, directeur général du think tank Terra Nova, sur le pouvoir d’achat

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Thierry Pech est directeur général du think tank Terra Nova et revient, pour Ouest-France, sur la question du pouvoir d’achat des Français·es.

Le pouvoir d’achat constitue la priorité des priorités. Fin novembre, un sondage Odoxa pour Europe 1 révèle que pour 90 % des Français·es, le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation très important ou assez important. Devant la santé. Devant l’immigration. Et devant l’environnement.  À un peu plus de deux mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, les candidat·es sont prévenu·es.

Toujours selon le même sondage, 80 % des Français·es ont le sentiment que le pouvoir d’achat a plutôt eu tendance à se dégrader depuis les 12 derniers mois. Paradoxal puisqu’en réalité les ménages auraient vu leur niveau de vie, au global, augmenter d’1,6 %, selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP). Hormis pour les 5 % de ménages les plus pauvres. Bref, le pouvoir d’achat augmente, certes, mais ce n’est pas suffisant pour les Français·es. Qui dans le même temps voient les prix s’envoler…. avec l’énergie (dont les carburants) en chef de file !

Comment expliquer alors l’écart entre les faits décrits par ces études et la perception des Français ? En réalité, les statisticiens et les Français ne parlent pas de la même chose. Quand les premiers mesurent l’augmentation du revenu disponible brut, les seconds se focalisent sur leur budget librement arbitrable une fois payés les taxes et impôts, mais aussi les dépenses pré-engagées (loyer, remboursement d’emprunt, abonnements…) et peu compressibles (alimentation, transports…).

« Le pouvoir d’achat, c’est le petit plus que l’on s’offre quand on a tout payé », soulignaient plusieurs membres de la communauté citoyenne interrogés sur les thèmes de campagne par Terra Nova1.

Dès lors, que faire ? Certains suggèrent d’augmenter le Smic et/ou le salaire des fonctionnaires. Mais ces initiatives ne résoudraient pas mécaniquement la question pour ceux qui gagnent plus que le Smic ou travaillent dans le privé. D’autres proposent d’alléger les cotisations sociales qui pèsent sur le salaire net. Mais il faut dire alors au détriment de quelles prestations sociales et, s’il n’est pas question de diminuer ces prestations, aux frais de qui (l’État, c’est-à-dire le contribuable ?). Une troisième solution consiste à promouvoir une politique économique porteuse de croissance et d’emplois de qualité bien rémunérés. C’est sans doute la seule qui ferait augmenter durablement le revenu par habitant et nous rapprocherait de celui de nos voisins allemands, vis-à-vis desquels nous avons décroché. Mais cette politique doit être compatible avec la lutte contre le changement climatique et elle ne paiera que progressivement. Pas le plus populaire dans une campagne…

Retrouvez l’intégralité du point de vue sur le site de Ouest-France

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise...). Friand de football et politiquement égaré.

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