Le verbatim… de Nicolas Glady, directeur de Télécom Paris

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Pour réarmer l’industrie, réarmons l’enseignement !

La relance durable de l’économie post-covid passera par le « réarmement industriel » et les investissements pour les secteurs à forte concurrence internationale. Un renouveau des industries tricolores qui exige une stratégie globale, prenant en compte le rôle crucial de l’entrepreneuriat et de l’innovation, et le vide laissé par la fuite des talents. Pour mener à bien le rebond de l’industrie, Nicolas Glady, directeur de Télécom Paris, suggère dans une tribune pour le journal Le Monde de mettre le paquet sur l’enseignement et la formation.

Les talents, leur éducation, leur formation et la capacité des industries à les attirer et à les retenir, autant d’incontournables de la réindustrialisation selon Nicolas Glady. D’autant plus dans le contexte actuel, marqué par une crise majeure qui se traduit notamment par une crise des recrutements qui fragilise les secteurs stratégiques.
Si la France a fait de l’investissement pour l’innovation l’une de ses priorités économiques (réussite de la French Tech, nombre de licornes…), l’effort d’industrialisation – et de réindustrialisation – ne saurait se limiter à la réussite d’une poignée d’élus. Il faut que les tissus productifs et économiques au sein des territoires soient chacun capables de soutenir l’innovation à tous les niveaux d’activité ou d’entreprise. Dans cette optique, l’idéal serait de briser certaines barrières en rassemblant les secteurs de l’enseignement supérieur, de la recherche et développement et du transfert technologique. C’est en mobilisant tous les acteurs de la chaine de valeur et en optimisant leurs interactions que la réussite industrielle et la productivité seront au rendez-vous. A ce titre, selon Nicolas Glady, un nouveau ministère unique de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Réindustrialisation, serait souhaitable.

 

Nicolas Glady, directeur de Télécom Paris

Il n’y aura pas de réindustrialisation sans les talents ! Cela suppose de revoir en profondeur nos politiques et leur cadre institutionnel.

Une crise majeure est à l’œuvre dans notre pays. Une crise des recrutements, en particulier dans les TPE, start-ups, PME et ETI. Le dernier baromètre de la Bpi révèle que les difficultés à ce niveau constituent la première préoccupation des dirigeants : elle est citée par 58 % d’entre eux, une proportion plus élevée qu’avant crise. Ce fait seul est symptomatique du mur social auquel la réindustrialisation se heurte.

Accueillir et soutenir l’innovation

Certes, 2021 représente une année record pour la French Tech, avec 11,56 milliards d’euros levés, soit 115 % de plus qu’en 2020, selon le baromètre EY du capital risque en France. En devançant de trois ans l’objectif fixé par Emmanuel Macron en 2019 de 25 licornes en 2025, la réussite éclatante de la French Tech ne doit pourtant pas faire oublier que l’effort d’industrialisation ne se résume pas à celui de quelques champions, certes prometteur.

Au contraire, la réindustrialisation française ne sera une réalité tangible pour la population que lorsque le tissu productif de tous nos territoires pourra accueillir et soutenir l’innovation à tous les niveaux de la chaine industrielle. Cela implique de briser les barrières et mettre fin aux silos institutionnels actuels.

Allier recherche, formation et industrie

L’enjeu du soutien institutionnel n’est pas seulement financier. Il s’agit d’abord de rassembler des mondes qui doivent se nourrir mutuellement : ceux de l’enseignement supérieur, de la recherche, du développement et du transfert technologique.

La France a empilé, depuis les années 2010, des dispositifs publics de soutien à la recherche sans pour autant améliorer substantiellement sa productivité. Or, les grandes réussites industrielles internationales de ces dernières années, s’expliquent d’abord par la mobilisation transversale des acteurs scientifiques et la capacité des écosystèmes à réaliser des transferts technologiques vers des solutions de marché.

L’exemple américain

Aux Etats-Unis, c’est en partie grâce au dispositif de l’Office of Science and Technology policy que l’industrie a été en mesure de produire rapidement des vaccins : ce bureau, qui est un service attaché au Bureau exécutif du Président des Etats-Unis, a notamment la charge de s’assurer que les investissements de l’Etat fédéral dans le domaine des sciences et des technologies contribuent à la prospérité économique nationale.

C’est ce bureau qui a noué les partenariats publics-privés décisifs pour la stratégie sanitaire américaine. En Israël, le dialogue entre la recherche et le transfert technologique s’appuie sur un maillage de centres universitaires d’excellence, qui favorisent la circulation des savoirs. Les exemples sont encore nombreux !

Construire un nouveau ministère

Pour soutenir substantiellement l’effort français de réindustrialisation et sa contribution à la souveraineté française et européenne, notre pays a tout intérêt à créer un ministère unique de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Réindustrialisation. Il constituerait la conclusion de la logique ouverte en 2018 avec le Conseil National de l’Innovation (CNI) qui, sous la tutelle du ministre de l’Economie et des Finances d’une part et de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation d’autre part, définit les priorités en matière d’innovation, en rassemblant d’autres ministères stratégiques : transports, industrie, armée, numérique…

(…)

Retrouvez l’intégralité de la tribune ici

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