Temps de lecture estimé : 2 minutes
« En réalité, le président de la République ne peut exonérer sa propre responsabilité dans cet épuisement qui frappe les Français »
Fin de partie. La longue séquence électorale s’achevait dimanche 19 juin dans une torpeur caniculaire qui semblait pleine d’indifférence. L’orage a finalement éclaté à 20 heures. Après trois tours sans grandes surprises, le quatrième et dernier scrutin de l’année (à moins que…) s’est achevé dans les transes. Nicolas Beytout, éditorialiste à L’Opinion, livre son analyse sur ce second tour des élections législatives.
La majorité est minoritaire et son avenir est désormais très relatif. Déjà composée de trois chapelles disparates (Renaissance, MoDem, Horizons) ; la coalition centriste devra désormais bricoler avec des forces qui ne rêvent que de la voir chuter – pour de bon cette fois. Le cartel des gauches de la Nupes s’installe en nombre sur les travées occidentales de l’Assemblée. De l’autre côté, neuf dizaines de députés RN surgissent de nulle part. Du jamais vu. Les LR – plus résistants qu’imaginé – ne comptent pas beurrer les tartines. Emmanuel Macron se retrouve dans une situation impossible. Sa Première ministre, élue de justesse face à un étudiant de 22 ans, pourrait quitter Matignon plus vite encore qu’Édith Cresson. Sic transit gloria mundi.
Emmanuel Macron avait, à la veille des élections législatives, promis aux Français une refondation. Elle se fera, mais à ses dépens. Le président de la République a essuyé une défaite sans précédent dans la Ve République. Sa majorité, triomphale il y a cinq ans, est aujourd’hui piteusement amputée de près d’un tiers. Et lui qui avait promis de tout faire pour empêcher la montée des extrêmes se retrouve mis en minorité face à quelque trois cents députés élus sur un programme de rupture totale. C’est le parti de Marine Le Pen qui réalise la percée la plus spectaculaire, fracassant toutes les projections en sièges annoncées par les sondeurs. Le RN est devenu, incroyable réalité, le premier parti d’opposition, à égalité avec La France insoumise.
Les questions ouvertes par les résultats du vote de ce dimanche 19 juin sont innombrables. Et, des réponses qui pourront y être apporté dépend l’orientation du quinquennat tout juste naissant. Mais une chose est d’ores et déjà certaine, ce mandat n’aura rigoureusement rien à voir avec le précédent. Emmanuel Macron va maintenant devoir revoir sa copie, renouveler une partie de son gouvernement, possiblement changer de Premier ministre, reconstruire le groupe de ses fidèles partis au tapis (quel symbole !), négocier avec des adversaires d’hier, chercher des compromis, des alliances, et trouver une ligne de crête pour gouverner.
Comment expliquer ce revers ? Ce n’est pas seulement le manque d’élan, tellement visible lors de cette campagne émolliente, et tellement différent de ce que fut l’énergie des débuts du premier quinquennat. Ce n’est pas seulement le manque d’idées, tellement criant dans les débats, et tellement contraire à la fraîcheur du Macron 2017. Il faut se rendre à l’évidence : on avait pu croire (et même espérer) qu’un second et dernier mandat serait la circonstance idéale pour appliquer une ambitieuse politique de réformes, sans qu’il soit besoin de se préoccuper outre mesure d’électoralisme. Mais non, le Macron 2022 ne voulait pas être celui-là. Échec.
Retrouvez la suite de l’éditorial sur les législatives de Nicolas Beytout sur le site de L’Opinion