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« L’économie des États-Unis est plus résiliente face aux augmentations des taux d’intérêt qu’à un ralentissement du crédit. Elle n’a pas succombé à des taux d’intérêt à deux chiffres pendant plusieurs années, mais s’est évanouie lorsque la Fed a restreint le crédit »
Aux États-Unis, la priorité est claire : abattre l’inflation quoi qu’il en coûte, même au prix de l’emploi et des salaires. Le plein emploi américain se retrouve ainsi menacé par la Fed (Réserve fédérale des États-Unis), qui relève régulièrement ses taux d’intérêt depuis le mois de mai. Nicholas Sargen, maître de conférences à la Darden School of Business, dans L’Opinion du 11 juillet, revient sur ces manœuvres monétaires fondamentales.
« L’inflation a manifestement surpris à la hausse au cours de l’année écoulée, et d’autres surprises pourraient nous attendre. » Lors de sa dernière conférence de presse du 22 juin, Jerôme Powell, banquier central américain, révélait son étonnement devant l’inflation qui nous étreint depuis le début de l’année. Même stupeur du côté de sa consœur Christine Lagarde, dans la zone euro cette fois. Pourtant, bon nombre d’acteurs économiques, en Europe ou aux Amériques, avaient vu venir le danger – et depuis longtemps… Faudrait-il croire que les banquiers centraux ne sont pas toujours les plus prévoyants ?
En ce début du second semestre 2022, les investisseurs sont confrontés à un environnement extrêmement difficile, la Réserve fédérale soulignant désormais l’urgence de ramener l’inflation sous contrôle plutôt que de préserver l’emploi « maximum ».
Voyez les changements profonds sur les marchés financiers depuis le début de cette année : celui des obligations aux États-Unis a produit des retours négatifs à deux chiffres pour la première fois depuis le début des années 1980, alors que celui des actions est devenu résolument baissier. Et alors que les prix des logements atteignent des records, les taux des prêts hypothécaires à taux fixe sur 30 ans presque doublé pour atteindre environ 5,8 %, la valeur la plus élevée depuis 2008.
Les girations des marchés financiers reflètent un changement radical des attentes envers la politique monétaire des États-Unis. Au début de cette année, les responsables de la Fed prévoyaient que l’inflation des PCE de base (Personal Consumption Expenditure, dépenses personnelles de consommation) diminuerait à 2,7 % d’ici au quatrième trimestre, et que le taux d’intérêts approcherait 1 % d’ici à la fin de cette année et 2 % l’année suivante.
Maintenant, les dernières projections trimestrielles du FOMC de la Fed montrent que l’inflation restera probablement élevée l’année prochaine. En conséquence, les 18 responsables qui ont participé à la réunion prévoient tous que le taux d’intérêts atteindra au moins 3 % cette année, avec une prévision médiane de 3,4 % cette année et de 3,8 % l’année prochaine.
Retrouvez l’intégralité de cette tribune de Nicholas Sargen sur le site de L’Opinion