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« Le citoyen inculte et irresponsable n’aura plus voix au chapitre », défend Aymeric Caron. Kevin Badeau, journaliste, revient pour Le Point sur la polémique liée au « permis de voter ».
C’est dans le camp de Jean-Luc Mélenchon qu’Aymeric Caron fera ses premiers pas en politique. Mardi 3 mai, le journaliste a annoncé se présenter aux élections législatives à Paris sous les couleurs de la Nouvelle union populaire. Mais une vidéo de 2017, dans laquelle il défendait le « permis de voter » sur le plateau de C à vous, pourrait bien entacher ses rêves de députation.
« Le citoyen inculte et irresponsable n’aura plus voix au chapitre. Personne ne pourra plus participer à la vie de la communauté sans avoir apporté les preuves qu’il en est digne. À cet effet, un permis de voter sera instauré. » Voilà ce qu’écrivait Aymeric Caron dans son livre Utopia XXI en 2017. Dans le monde de l’essayiste, nouvellement politicien, il ne suffirait plus seulement d’être majeur, mais aussi de présenter un test de QI aux assesseurs. Rappelons que la privation du droit de vote revêt généralement le caractère d’une sanction qui fait suite à certaines condamnations pénales. Il peut aussi être retiré aux personnes atteintes de maladies psychiatriques dans le cadre de mesures de protection. Des situations extrêmement rares donc, car le vote est un droit protégé par la Constitution française. « Ce n’est pas ma proposition de candidat à la députation », a déclaré Aymeric Caron sur le plateau de Sud Radio, mercredi 4 avril. Et d’ajouter : « Ce n’est pas une mesure que je porte dans le cadre de l’alliance que j’ai rejointe. » Une très légère marche arrière.
Jésus ressuscitait les morts. Twitter, lui, déterre les polémiques. Nouvelle victime : Aymeric Caron, l’ex-journaliste aujourd’hui engagé en politique. Une vidéo datant de 2017 est réapparue ce mardi sur le réseau social à l’oiseau bleu, à l’occasion de l’annonce de sa candidature aux législatives dans le 18e arrondissement de Paris sous la bannière de la Nouvelle Union populaire, l’alliance de partis de gauche conduite par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Alors invité de l’émission C à vous (France 5), on y voit Aymeric Caron interrogé par la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine sur une proposition surprenante défendue dans un livre, Utopia XXI (2017), essai dans lequel il multiplie les propositions iconoclastes. Parmi elles, l’instauration d’un « permis de voter ». Aymeric Caron y écrit : « Le citoyen inculte et irresponsable n’aura plus voix au chapitre. Personne ne pourra plus participer à la vie de la communauté sans avoir apporté les preuves qu’il en est digne. À cet effet, un permis de voter sera instauré. » Les urnes pour les intellos, le silence pour les « incultes », en somme…
« C’est une drôle de démocratie, ça, quand même, lui fait remarquer la présentatrice. Qui décide qui est assez cultivé et responsable pour avoir le droit de voter ? » Réponse d’Aymeric Caron ? « La société. » L’essayiste rappelle que des instances, composées de « sages », décident déjà de « qui peut être médecin, qui peut être avocat ». De la même manière, « c’est la société qui décide de qui peut conduire une voiture », ajoute-t-il.
Un test pour les « incultes »
Face à la polémique qui enfle, Aymeric Caron s’est justifié, ce matin, au micro de Sud Radio : « Le permis de voter existe déjà, c’est la majorité [18 ans, ndlr]. Pourquoi le législateur a-t-il déterminé ce critère d’âge ? Car il faut faire preuve d’un minimum de raison, d’acquis culturel et d’expérience. » Et d’ajouter : « Je disais [à l’époque] que ce critère est limitatif et qu’il faudrait un jour le revoir. »