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« Non, l’automatisation ne fera pas disparaître le travail ! », martèle Juan Sebastian Carbonell. Le sociologue s’explique sur le site de ContreTemps.
Une société pleinement automatisée fascine et inquiète les Français·es. Nous le savons, la révolution numérique est responsable de profonds changements économiques et sociétaux. Au cours des dernières décennies, l’empire du numérique a modifié nos habitudes de consommation, de communication, de travail… Une bascule s’est opérée : de nouveaux métiers ont fait leur apparition, pour en faire disparaître d’autres ? Les salariés sont inquiets : la révolution digitale risque de transformer le travail, y compris pour des secteurs jusqu’ici épargnés. Avec la pandémie de covid-19, le débat a refait surface : l’intelligence artificielle et l’automatisation entraîneraient une vague de licenciements.
Des affirmations démenties par Juan Sebastian Carbonell, sociologue du travail. Dans son ouvrage Le futur du travail, publié aux éditions Amsterdam, il soutient que le travail ne va pas disparaître mais risque de se transformer. Une chose est sûre : l’avènement du numérique nécessite de former les salarié·es. Ainsi, la crainte d’une vague de chômage technologique sera évitée. MM
Le remplacement technologique n’a pas lieu. Je prends l’exemple des caisses automatiques, car il y a eu une controverse en France au début des années 2000. La CFDT (Confédération française démocratique du travail) a fait campagne contre elles, en disant qu’elles allaient remplacer les caissières des supermarchés. Les syndicats sont parfois eux-mêmes victimes de cette illusion : la mythologie capitaliste du « grand remplacement » du travail par les machines. Pourtant, vingt ans après leur introduction, les caisses automatiques ne sont présentes que dans 57 % des supermarchés en France, et là où elles sont présentes, elles s’ajoutent, et ne remplacent pas, les caisses conventionnelles avec des caissières humaines. Elles ne sont pas non plus toujours aussi automatiques : il y a toujours des caissiers pour surveiller et aider les clients, même si leurs tâches ont changé.
Le livre tente donc de remettre en question ce sens commun. Pour moi, le problème de la transformation du travail aujourd’hui n’est pas tant que les nouvelles technologies pourraient éventuellement remplacer les travailleur.ses, mais qu’elles sont utilisées pour dégrader les conditions de travail, faire stagner les salaires et mettre en place une flexibilisation majeure du temps de travail.
Quand on regarde les effets concrets des nouvelles technologies dans le travail, on voit immédiatement des conséquences qui ne peuvent pas être réduites au seul « remplacement ». Il y a une substitution de tâches spécifiques, ce qui ne supprime pas entièrement les emplois.
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