Le verbatim d’… Isabelle Pianet, ingénieure au CNRS et présidente de l’association Femmes & Sciences

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Encore aujourd’hui, les femmes sont moins nombreuses dans les filières scientifiques par rapport aux hommes.

Les scientifiques, champions en matière d’inégalités ? En 2019, un rapport de l’Unesco pointait la sous-représentation des femmes parmi les chercheur·ses à l’échelle mondiale. Marianne Blanchard, sociologue à l’INSPÉ de Toulouse, parle d’un développement inconscient des inégalités : « On ne dit pas aux filles : n’y allez pas. Il y a tout un imaginaire qui exclut en cantonnant les femmes à s’effacer. »  En effet, il existe en France un phénomène persistant, celui de la ségrégation genrée : les hommes seraient plus doués pour les matières scientifiques et les femmes le seraient davantage pour les matières littéraires…

En 2005, l’économiste américain Lawrence Summers théorisait cette sous-représentation autour de trois axes : une discrimination lors du processus de recrutement, une volonté moins importante des femmes à sacrifier leur vie de famille au profit d’une carrière et, enfin, une variabilité plus importante des compétences innées chez les hommes. Des préjugés tenaces. Aujourd’hui en France, les écoles d’ingénieurs ne comporteraient que 29 % d’élèves filles selon l’Association nationale des étudiants universitaires scientifiques (AFNEUS). Une étude publiée en mars 2021 dans Conservation Letters s’est intéressée aux diverses publications féminines dans la presse scientifique entre 1945 et 2019. Verdict : sur les 1 051 auteur·es, 90 % sont des hommes.

Isabelle Pianet, ingénieure au CNRS et présidente de l’association Femmes & Sciences, lutte contre les stéréotypes et milite pour faire plus de place aux femmes dans les carrières scientifiques. Son premier congrès, également nommé « Femmes en Sciences » et porté par l’AFNEUS, s’est tenu fin février à Paris. MM

En 2019, un rapport de l’Unesco pointait la sous-représentation des femmes parmi les chercheur·ses à l'échelle mondiale.

Quelle est la place des femmes dans la science ?

Les femmes restent sous-représentées dans la plupart des domaines scientifiques, les sciences physiques ou de l’ingénieur, les mathématiques, l’informatique ou le numérique. Elles sont souvent réduites aux métiers du soin, ce qui explique qu’elles sont plus nombreuses en biologie et en médecine. Dans l’histoire, une seule femme, Maryam Mirzakhani, a obtenu la médaille Fields (récompense en mathématiques), et le nombre de femmes lauréates d’un prix Nobel n’est pas élevé (888 hommes contre 58 femmes).

Comment expliquer cette sous-représentation ?

Ces disciplines sont boudées par les jeunes filles durant les études supérieures. Si ce vivier n’existe pas, on le ressent dans les carrières et il est très difficile pour les entreprises de recruter des femmes.

Pourquoi les métiers en lien avec la science n’attirent-ils pas les filles ?

Il y a un problème d’éducation dès l’école élémentaire. Les institutrices sont généralement des femmes issues de formations littéraires. Elles ont un rôle important à jouer pour ne pas transmettre l’idée que les sciences sont des domaines trop difficiles et que c’est une histoire de garçons. Il y a des stéréotypes véhiculés depuis l’enfance et dans les manuels scolaires, comme le fait que certains métiers soient genrés. Quand on demande à des enfants de dessiner une personne qui fait des sciences, ils dessinent systématiquement un homme d’un certain âge, un peu négligé, dans un bazar général. Il faut améliorer cette image.

Retrouvez l’intégralité de la tribune sur le site de Ouest-France

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