Le verbatim de… Dominique Simonnot, contrôleuse des prisons

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« Envoyer tant de monde en prison, cela ne sert à rien et ça coûte très cher », s’insurge Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Libérez nos prisons ! En France, la surpopulation carcérale est un fléau. Aujourd’hui, environ 71 000 individus sont détenus dans le pays. Un chiffre en augmentation de plus de 9 % en un an. Un record depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour Alvaro Gil-Robles, ancien commissaire européen des droits de l’Homme : les prisons françaises seraient « équivalentes aux prisons moldaves ». Une critique devenue célèbre pour un hexagone multi-récidiviste : condamné à maintes reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme et l’Observatoire international des prisons. Nos centres pénitentiaires sont dans un état déplorable : cellules vétustes, surpeuplées, infestées de rats et de cafards… Un scénario cauchemardesque voire inimaginable dans le pays des droits de l’Homme.  Mais comment expliquer ces conditions de vie dignes d’une scène des Misérables (1862) ? Elles seraient, tout simplement, provoquées par un manque de moyens – matériels et/ou humains.

Dominique Simonnot, contrôleuse des prisons, milite dans son rapport annuel d’activité 2021 pour l’amélioration de la qualité de ces centres. Elle préconise un dispositif de régulation : pour chaque entrée en cellule, une sortie sous contrôle. Une méthode qui déplaît fortement aux ministères. À juste titre, peut-être. Mais… et s’il s’agissait de l’ultime recours ?

Quelle était la situation dans les prisons en 2021 ?

J’ai visité, encore durant la crise sanitaire, des lieux indécents et surpeuplés, où s’entassent trois personnes dans 4,40 m2 d’espace vital, une fois enlevée l’emprise du mobilier. Il y avait des punaises de lit, des cafards et des rats.

Je ne comprends pas ce qu’il faut : la France a été maintes fois condamnée par les juridictions européennes pour ses conditions de détention infectes. Sommée aussi par la Cour européenne des droits de l’Homme d’en finir avec la « surpopulation structurelle ». Après quoi, la cour de cassation et le conseil constitutionnel ont enjoint le gouvernement de créer un « recours effectif » contre les conditions de détention indignes. Je compte beaucoup sur les avocats et les détenus pour s’en emparer.

Les bâtonniers ont désormais le droit de visite des lieux de privation de liberté. Nous, on se lance dans les « fiches prisons », des rapports courts visant uniquement les conditions indignes, pour constituer une base de données fiable et impartiale des prisons. Ils seront accessibles sur notre site aux magistrats, aux avocats et aux proches de détenus.

Vous demandez toujours un dispositif de régulation ?

Exactement. La surpopulation vicie tout : les relations entre détenus, entre surveillants et détenus, l’accès aux soins, à la formation, au travail, etc. Au début de la covid, des ordonnances avaient été prises permettant de faire sortir des détenus à quelques semaines de la fin de leur peine. Excepté pour les violeurs, violents conjugaux ou encore condamnés pour terrorisme, etc. Ceux qui sont sortis sous le contrôle du juge d’application des peines étaient accompagnés par les services pénitentiaires d’insertion et de probation.

Retrouvez l’intégralité de la tribune sur le site de Ouest-France

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