Le verbatim… de David Lacombled sur le « travail flexible »

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« Il faut désormais composer face à une demande non pas d’éloignement mais d’autonomie, de prise en compte de nouvelles aspirations au bien-être de la part des individus. »

Télétravail. Il y a encore deux ans et demi, le terme était une tendance incongrue, une idée bizarre, presque irréelle. Quelques entreprises, dans les grandes villes, tentèrent l’expérience à l’hiver 2019-2020, face aux grandes grèves contre la réforme des retraites d’Édouard Philippe. Mais pour la plupart des salariés, pas question alors d’œuvrer depuis chez soi. Les employeurs préférèrent souvent leur imposer un véritable parcours du combattant pour venir chaque matin au sacro-saint bureau. La pandémie, bien entendu, aura tout bouleversé.

En mars 2020, la France basculait dans l’inconnu du confinement, et les salariés plongeaient dans l’univers du télétravail. Zoom, Teams, Skype… Et le fameux : « Euh… désolé mais je crois que ton micro est coupé. » À présent, même si la covid semble roder de nouveau – et avec elle la variole du singe et la grippe de la tomate – ces temps pandémiques appartiennent désormais à un passé révolu. Les employeurs tentent de plus en plus souvent de revenir au statu quo ante… Et d’abolir la pratique. Elon Musk s’installe en chef de file du retour au bureau. Dans un courriel aux cadres de Tesla, révélé début juin, le touche-à-tout sonnait le glas du télétravail : « Ce n’est plus une pratique acceptable. Tous ceux souhaitant travailler à distance devront être présents au bureau au minimum quarante heures par semaine ou quitter Tesla ». David Lacombled, président de la villa numéris, revient pour L’Opinion sur ces transformations majeures.

Le travail flexible fait son chemin

À avoir été trop associé à la crise sanitaire, le travail à distance semble de plus en plus rejeté… par ceux qui ne le pratiquent pas ou plus. A tel point que le gros coup de sang d’Elon Musk apparaîtrait comme la pensée, indicible sous nos latitudes, de plus en plus de dirigeants. Sans ambages, il affirmait début juin : « Toute personne qui souhaite faire du travail à distance doit être au bureau pour un minimum, et je dis bien un minimum, de 40 heures par semaine ou quitter Tesla. »

Si l’emploi a constitué un des thèmes des campagnes électorales, le travail et ses conditions d’exercice en sont notablement absents. Trop de coups à prendre. Syndicats patronaux ou de salariés ne se montrent guère plus prolixes. Pour des organisations qui étaient déjà à distance, le risque de ne plus fédérer les travailleurs du tout est grand. L’éloignement des salariés affaiblit les structures intermédiaires qu’elles soient syndicales ou managériales. Certes, la bascule en télétravail s’est faite, pour ceux qui en avaient la chance, en moins de temps qu’il en a fallu pour le dire montrant que ce qui apparaissait encore comme une utopie accompagnée de discussions, y compris législatives, au long cours est faisable.

Quand les entreprises n’ont pas signé des accords qu’il leur faut respecter, elles sont bien en peine de remettre la main sur leurs salariés, soit qu’ils ont déménagé, soit que de nouvelles habitudes de vie s’imposent à eux. Il faut désormais composer face une demande non pas d’éloignement mais d’autonomie, de prise en compte de nouvelles aspirations au bien-être de la part des individus. C’est une question d’autant plus cruciale pour des employeurs soucieux de conserver leurs talents ou d’en recruter de nouveaux que le marché est sous tension. Les perles se font rares. Les offreurs de travail ont pris le pouvoir.

Retrouvez l’intégralité de l’éditorial de David Lacombled sur le site de L’Opinion

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