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Centres-villes : l’avenir passera par le commerce local
La modernisation des centres-villes est un enjeu majeur pour des millions de Français·es. Et la majorité d’entre eux·elles y voient même un objectif qui devrait être prioritaire pour le prochain gouvernement. Sans oublier l’attrait grandissant pour les villes moyennes, à l’heure de la facilitation de la mobilité professionnelle. Autant de questions prégnantes auxquelles Christian Missiran, président de Proxity, filiale du groupe EDF, apporte des éléments de réponse dans une tribune pour Les Échos.
83 %, voici la part de Français·es qui estiment que la modernisation des centres villes doit représenter un objectif important pour l’exécutif. Au gré des grands bouleversements de la société, tant démographique, qu’économique et environnemental, les attentes évoluent. Et le cœur des grandes villes et des villes moyennes attire toujours plus de retraité·es, vieillissement de la population oblige. En parallèle, les jeunes couples quittent les métropoles de plus en plus tôt, en quête d’un meilleur niveau de vie. Et le centre-ville constitue souvent une option de choix, et aussi une façon de moins utiliser sa voiture pour privilégier des transports moins polluants.
Dès lors, les investissements locaux et publics pour moderniser ces espaces de vie en tension s’avèrent plus que nécessaires. Et l’enjeu est notamment d’inciter les acteurs économiques de proximité et les commerces locaux à réinvestir les centres-villes (revitalisation des centres-villes, incitations fiscales à l’investissement, réhabilitation des locaux vacants…). D’autant plus sachant que 67 % des Français·es prévoient de soutenir davantage le commerce de proximité.

Au lendemain du premier confinement, l’attrait pour des villes moyennes s’est installé comme une tendance de fond, soutenue par de nouveaux modes de travail. Une tendance qui est renforcée par trois transitions majeures : générationnelle, environnementale et économique.
Avec le vieillissement de la population et le souhait d’une majorité de personnes âgées de rester à leur domicile, le cœur des villes moyennes attire de plus en plus de retraités, désireux de pouvoir bénéficier de services de proximité (commerces, santé, culture…). Et cette évolution devrait s’accélérer : les personnes âgées de plus de 65 ans représentent aujourd’hui déjà 20% de la population, soit 5 points de plus en l’espace de vingt ans.
Cohésion entre les générations
Dans le même temps, les jeunes couples qui quittent les métropoles aspirent à trouver une qualité de vie supérieure dans une ville à taille humaine où le coût de la vie est plus supportable, l’espace moins compté et l’air plus respirable. Un nombre croissant d’entre eux privilégie le cœur de ville afin d’avoir un mode de déplacement tout à pied, à vélo ou en transport public. Alors que l’essor de l’automobile avait encouragé l’émergence de grandes surfaces en périphérie, la diminution annoncée de son usage enclenche un mouvement inverse, avec le retour des commerces dans les centres-villes.
Autre avantage majeur : alors que le lien social est parfois fragilisé, réunir les habitants autour d’un centre-ville redynamisé et vivant peut contribuer à recréer une cohésion entre les différentes générations.
Exemple du Québec
Le bénéfice est aussi important d’un point de vue environnemental : les déplacements des habitants – qui sont des sources importantes d’émission de gaz à effet de serre et aussi de coûts – en sont grandement limités. Et les collectivités locales peuvent accompagner ce mouvement, avec la mise en œuvre de politiques publiques de transports plus efficaces. Une étude menée au Québec a montré que les services de mobilité collective avaient fait chuter l’empreinte carbone de 20 à 40 % selon les villes .
Face à ces évolutions, les pouvoirs publics ont commencé à donner les moyens aux villes de se transformer. Après le programme Action Cœur de ville, lancé en 2017, le dispositif Petites villes de demain a été mis en place. Au total, ce sont 8 milliards d’euros qui vont être alloués afin de revitaliser les centres-villes sur 5 ans.
Cercle vertueux
Notre conviction est qu’il faudrait aller encore plus loin et encourager davantage les acteurs économiques de proximité à réinvestir les centres-villes. Les initiatives que nous avons accompagnées en ce sens à Ollioules, à Ussel, à Issoire ou à Saint Priest dans la périphérie de Lyon, pour n’en citer que quelques-unes, ont été révélatrices de la volonté des élus et des associations de commerçants de prendre leur destin en main. Chaque fois, nous voyons le désir de s’inscrire dans un véritable cercle vertueux : la création d’emplois locaux (le commerce indépendant représentant 72% des emplois dans ce secteur d’activité), une vie plus simple pour les habitants, une attractivité du territoire renforcée, de nouveaux habitants et de nouvelles recettes fiscales pour les collectivités.
Dans une société qui plébiscite le commerce local (67 % des Français prévoient de le soutenir davantage), c’est une formidable opportunité de retisser un écosystème avec les producteurs du territoire et repenser l’offre de services.
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