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« Nous sommes les enfants illégitimes de l’océan », déplore Audrey Azoulay, à l’occasion du One Ocean Summit, sommet mondial de l’océan.
Fournisseur d’oxygène, régulateur de climat… L’océan, poumon bleu de la planète, est à bout de souffle. « L’océan est un puits de carbone à l’avenir incertain », écrivait le CNRS en juillet. Les océans absorbent le CO2 lorsqu’il se trouve en excès dans l’atmosphère, ce rôle de régulateur est crucial pour la préservation des écosystèmes. Le réchauffement climatique a réduit en conséquence l’efficacité de cette absorption. Les océans se réchauffent et les gaz à effet de serre stagnent dans l’atmosphère. Cette destruction progressive des écosystèmes marins est engendrée par l’Homme, qui émet 10 milliards de tonnes de carbone par an. 45 % restent dans l’atmosphère et 25 à 30 % de ces tonnes de carbone sont absorbées par l’océan.
Un rapport de WWF, publié le 8 février, cible l’omniprésence de la pollution plastique dans les océans. 88 % des espèces marines seraient affectées : entre 19 et 23 millions de tonnes de plastiques sont déversées dans la mer chaque année. Des déchets que les animaux marins finissent par ingérer. WWF sonne l’alarme et appelle les États à s’engager vers un traité sur le plastique. Un engagement que partage Audrey Azoulay, directrice de l’Unesco, présente pour le One Ocean Summit, qui se tient à Brest (Finistère) du 9 au 11 février. L’Unesco entend cartographier 80 % des fonds océaniques d’ici à 2030. Aujourd’hui, seuls 20 % des fonds marins ont été cartographiés par l’Homme. Cette méconnaissance des écosystèmes marins, de ses courants, de ses marées et de sa biodiversité, ne permet qu’une faible évaluation des conséquences du réchauffement climatique sur les océans.
La directrice de l’Unesco appelle les gouvernements mais aussi les grandes entreprises à s’engager pour les sciences océaniques. Ce premier sommet mondial de l’océan constitue un véritable levier. L’occasion de mettre en place des objectifs concrets… MM
On connaît surtout l’Unesco pour ses actions dans les domaines de l’éducation et de la préservation du patrimoine culturel. Que venez-vous faire au One Ocean Summit ?
Depuis 1945, le mandat de l’Unesco – éducation, science et culture – est très complet et couvre un grand nombre de sujets en lien avec l’océan. Mais l’organisation se consacre surtout aux sciences océanographiques depuis qu’elle a créé, en 1960, la Commission océanographique intergouvernementale. Ses 150 États membres y partagent leurs connaissances et leurs travaux.
Notre présence à Brest se justifie aussi par les volets culturels et éducatifs de nos actions. L’Unesco contribue notamment à l’éducation à l’environnement et à l’océan, protège le patrimoine culturel subaquatique, défend certaines pratiques de pêche traditionnelles et contribue à la protection de l’environnement marin à travers les sites du patrimoine mondial et les réserves de biosphère.
Vous annoncez l’objectif de cartographier 80 % de la superficie des fonds marins d’ici à 2030. Pourquoi ? Et comment ?
C’est ambitieux mais fondamental. Avec seulement 20 % des fonds cartographiés aujourd’hui, nous sommes les enfants ingrats d’un océan qui nous donne tout. Cette méconnaissance nous empêche de bien comprendre son fonctionnement : courants, marées, biodiversité, tectonique…
Pour tenir cet objectif, nous estimons qu’il faut mobiliser une cinquantaine de navires spécialisés pour un coût annuel de 625 millions de dollars (550 millions d’euros). C’est pourquoi j’appelle, non seulement les gouvernements, mais aussi les grandes entreprises, à s’engager pour les sciences océaniques. Aujourd’hui, l’océanographie ne pèse que 1,7 % des budgets de recherche publique globaux. C’est trop peu.
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