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Santé publique France lance Enabee, la première étude sur la santé des 3-11 ans.
L’étude Enabee, lancée le 2 mai, vise à produire des indicateurs sur la santé des jeunes. L’objectif ? donner des pistes aux pouvoirs publics pour la mise en œuvre de stratégies de prévention (prise en charge, accompagnement des enfants). Au total, 30 000 jeunes seront tirés au sort et interrogés dans les écoles, de la petite section au CM2. L’étude devrait mesurer l’état de bien-être et la présence de troubles émotionnels : anxiété, phobie, troubles de l’apprentissage. Un dispositif qui intervient alors que la santé des jeunes est au plus bas. La crise sanitaire a aggravé l’état psychologique des pré-adolescent·es.
Crise sanitaire, guerre en Ukraine, rapport du Giec… l’actualité a de quoi effrayer nos bambins ! De nos jours, les enfants sont exposés très (trop ?) tôt aux écrans. Ouvrir Twitter avant de dormir, c’est fatal, vous ne pourrez pas fermer l’œil ! En particulier si vous êtes mineur·e. Une enquête de l’agence Heaven et de l’association Génération Numérique souligne que 80 % des enfants de 13 ans utilisent les réseaux sociaux…. Et, surprise : ils sont près de 4 sur 10 à pointer leur impact négatif. Aussi, les zones d’ombre sont nombreuses : risques de cyber harcèlement, développement de troubles du sommeil, accès à des contenus à caractère pornographique…
Mais, pression sociale oblige, se débarrasser d’un téléphone portable au collège n’est pas aisé… Bonne nouvelle, il suffit de réduire sa consommation pour apercevoir des bénéfices. Une étude de l’Université de Bath, au Royaume-Uni, a été conduite sur deux groupes de sujets : la première moitié est restée connectée aux réseaux tandis que l’autre en a été privée pendant sept jours. Le résultat est sans appel : celles et ceux qui ont banni les réseaux sociaux de leur quotidien ont vu leur niveau de bien-être augmenter et leur niveau de dépression et d’anxiété légèrement baisser.
Pour Anne Gallay, l’étude Enabee est indispensable. Beaucoup de scientifiques abordent la santé mentale des adolescent·es mais la tranche des 3-11 ans reste assez méconnue. Il s’agit pourtant d’un âge crucial, estime la directrice des maladies non transmissibles et des traumatismes de Santé Publique France. MM
Pourquoi une étude spécifique sur les enfants de 3 à 11 ans ?
Nous avons une assez bonne vision de la santé mentale des adolescents et jeunes adultes, mais nous manquons de données sur cette période de la vie où il est important d’agir en prévention. Ce n’est pas celle où on retrouve le plus de troubles, mais celle où ils peuvent émerger et s’installer. Le sujet était déjà sur nos tablettes, mais nous n’avions pas eu l’opportunité de le lancer. Le contexte de la crise sanitaire a exacerbé la problématique de santé mentale. Cette enquête fait partie des objectifs que le gouvernement a fixé en même temps que les assises de la santé mentale, au printemps dernier.
Que doit-elle permettre d’évaluer ?
Il s’agit d’une étude populationnelle. Le sujet n’est absolument pas de repérer des enfants en particulier ou évaluer des écoles. C’est ce qu’on appelle une étude transversale, qui sera appelée à se renouveler, tous les trois à quatre ans. Elle doit permettre de produire des indicateurs de base sur le bien-être des enfants, la prévalence (la proportion) des troubles émotionnels et mentaux, mais aussi sur les facteurs positifs et négatifs les influençant.
Comment l’étude est-elle menée ?
C’est un regard croisé entre enfants, enseignants et parents. 600 écoles du territoire métropolitain ont été tirées au sort. Depuis début mai et jusqu’en juin, des enquêteurs de l’Ipsos réalisent les enquêtes dans des classes, avec des questionnaires interactifs, illustrés, sur tablette, pour les enfants de primaire. Les enseignants sont également interrogés, ainsi que les parents. Pour les enfants de maternelle, seuls les enseignants et les parents sont interrogés. Notre objectif est de récolter des questionnaires concernant 30 000 enfants scolarisés. Nous prévoyons le rendu des premiers résultats en fin d’année.