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Avant d’en arriver jusqu’à un burn out caractérisé, la plupart des personnes qui en sont victimes passent par plusieurs étapes ou symptômes communs. À commencer par le stress au travail, l’absentéisme et la perte de sens dans ses activités au quotidien. En la matière, aucun territoire n’est épargné, même si certaines régions s’avèrent d’un naturel plus… stressé.

Île-de-France

On pourrait croire, région capitale et cœur économique obligent, que l’Île-de-France est la région la plus « stressante » et la plus sujette au burn out de France. Que nenni. Selon une infographie réalisée par iDPrévention en 2020, la région parisienne n’est « que » le troisième territoire en la matière derrière le Sud-Ouest et la région Centre, avec 20 % des salarié·es qui se déclarent stressé·es au travail (contre une moyenne nationale de 18 %). Même si, du stress au burn out à proprement parler, il y a un monde, l’indication est là. Dans le même ordre d’idée, Paris est classée deuxième grande ville la plus stressante de France, derrière Lille, par une étude de la marque Emma. Stress, mais aussi quête de sens au travail : selon le dernier baromètre Santé et qualité de vie au travail réalisé par Malakoff Humanis, la part de travailleur·ses francilien·nes à trouver du sens dans leur travail est moins importante que sur le plan national. Particulièrement dès lors qu’il s’agit d’acquérir une vision claire de leur rôle au sein de l’entreprise (73 % vs 78 %) et une maîtrise du poste qu’ils·elles occupent (79 % vs 82 %).

Consciente de la menace que représentent le stress au travail et, par extension, les risques de burn out, la région d’Île-de-France s’engage dans la prévention. Notamment via la plate-forme d’aide en ligne de la Région, Assist Entreprise, destinée aux dirigeant·es de TPE et PME en souffrance psychologique. Le but : proposer un service gratuit, anonyme et adapté et un·e interlocuteur·rice spécialisé·e selon le besoin. En outre, on dénombre plus de 1 400 cabinets spécialisés en burn out dans la région francilienne !

Nouvelle-Aquitaine

À en croire l’infographie d’iDPrévention, le territoire Sud-Ouest dans son ensemble est le premier en termes de stress au travail (24 % des salarié·es se déclarent stressé·es). Même son de cloche du côté d’une étude d’Automatic Data Processing qui révèle qu’un·e salarié·e sur quatre subit un stress quotidien au travail dans le Sud-Ouest. Paradoxal quand on sait que Bordeaux truste souvent les premières positions dans les classements des villes les plus attractives. Et ce constat ne sort pas de nulle part : la Nouvelle-Aquitaine fait également partie des régions au plus fort taux d’absentéisme au travail (5,1 % en 2020, soit +16 % par rapport à l’année précédente).

Dans la région bordelaise comme ailleurs, les premières victimes du burn out et du stress au travail s’avèrent être les femmes. Et pour cause, selon une récente étude Ipsos et Boston Consulting Group, plus d’une femme sur trois (34 %, contre 28 % pour les hommes) se dit « être sur le point de craquer ». Parmi les initiatives régionales pour prévenir le phénomène, Anne-Sophie Vives, qui a subi le burn out avant de s’en relever, a créé à Bordeaux l’association L’Burn pour aider les femmes victimes du syndrome. Sans doute faut-il connaître l’ampleur de l’épreuve pour aider d’autres à la surmonter.

Hauts-de-France

Très bon point : les territoires du nord de la France seraient ceux où les salarié·es sont les moins stressé·es (16 % d’entre eux·elles se déclarent tel·les selon l’enquête d’Automatic Data Processing, en dessous des 18 % de la moyenne nationale). Au total, ce sont 24 % des salarié·es français·es qui se déclarent tendu·es dans leur environnement professionnel. En revanche, malgré un climat vraisemblablement moins propice au stress qu’ailleurs, la région des Hauts-de-France est la seconde région en termes de taux d’absentéisme au travail en 2020. Et pour cause, dans un contexte de crise sanitaire qui accroît le nombre d’arrêts maladie et d’absence, le taux d’absentéisme a crû de 22 %, pour s’établir à 6,3 %, bien au-delà de la moyenne nationale de 5,04 %. En 2018, les arrêts de travail ont coûté plus d’un milliard d’euros à l’Assurance maladie de la région lilloise. Selon une enquête de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), l’exposition des salarié·es de la région au burn out reste inquiétante : près de 40 % des travailleur·ses des Hauts-de-France y seraient exposé·es. Pire, 39,2 % disent avoir déjà connu un burn out, soit trois points au-dessus de la moyenne nationale. Des chiffres alarmants qui confirment le syndrome de l’épuisement professionnel n’épargne aucun territoire.

Bretagne

Comme les territoires du Nord, le Grand Ouest, et donc la Bretagne, voit ses salarié·es moins stressé·es que dans le reste de la France (16 % en Bretagne), selon Automatic Data Processing. Et pour cause, le dernier baromètre Santé et qualité de vie au travail réalisé par Malakoff Humanis révèle que la grande majorité des travailleur·ses (81 %) de la région Bretagne se déclarent plus satisfait·es de leur qualité de vie au travail que la moyenne nationale des salarié·es (73 %). Mieux, les Breton·nes développent une vision plus claire de leur rôle au sein de l’entreprise (81 % contre 78 %) et déclarent mieux maîtriser le poste qu’ils·elles occupent (86 % contre 82 %). Pour le sentiment d’un travail physiquement fatigant, la Bretagne se positionne dans la moyenne nationale. 71 % des interrogé·es déclarent que leur travail est également nerveusement fatigant. En matière de taux d’absentéisme en revanche, la Bretagne n’est pas la meilleure élève. D’après le dixième baromètre de l’absentéisme et de l’engagement du cabinet Ayming, le taux breton était de 5,14 % en 2019, au-delà des 4,72 % du national et juste en dessous du taux le plus important de l’hexagone (l’Occitanie avec 5,5 % de taux d’absentéisme).

Grand Est

C’est simple, en 2020, aucune région de métropole n’a connu un taux d’absentéisme au travail plus important que celui enregistré dans le Grand Est : 6,6 % dans la région strasbourgeoise (soit une croissance de 25 % sur un an) contre 5,04 % sur l’ensemble du territoire français, selon le cabinet Gras Savoye Willis Towers Watson. Malgré ce constat peu flatteur, en Grand Est on se déclare plus satisfait·e de la qualité de vie au travail que la moyenne nationale des salarié·es (77 % contre 73 %), comme en témoigne le baromètre Santé et qualité de vie au travail de Malakoff Humanis. Aussi, le nombre de collaborateur·rices à être fier·ères de travailler dans leur entreprise et « contents de venir travailler le matin » est plus important dans la région qu’à l’échelle nationale (79 % vs 74 %). 56 % d’entre eux·elles estiment que leur entreprise s’occupe mieux de leur sécurité (78 % vs 74 %). En revanche, 42 % des salarié·es du Grand Est ont le sentiment de ne pas être reconnu·es par leur hiérarchie. Et ils·elles expriment également des appréciations plus négatives qu’au plan national sur la fatigue nerveuse au travail (76 % contre 70 %). Or, on le sait, parmi les premières manifestations de symptômes du burn out, l’anxiété et le stress tiennent bonne place.

 

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