VTB subit les sanctions

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La banque russe VTB affiche 7 milliards d’euros de perte en 2022. Le contexte de sanctions contre le pays de Vladimir Poutine n’y est pas étranger. 

Le deuxième plus important établissement financier russe fait grise mine. La Vneshtorgbank (VTB) a annoncé ce mercredi 5 avril des résultats catastrophiques. Une perte d’ampleur, à 612,6 milliards de roubles soit 7 milliards d’euros en taux actuel.

Ces sanctions financières à l’encontre de la Russie, nous les avions presque oubliées. Leur efficacité très moyenne avait fait la risée des banques centrales, à l’origine de leur mise en application il y a un an. Dans l’imaginaire collectif, nombreux sont ceux qui estiment d’ailleurs qu’elles se sont retournées contre l’Occident depuis. Mais le bilan chiffré de la VTB vient tout de même nuancer ce propos.

Des sanctions strictes qui portent leurs fruits

VTB est une banque portée vers les marchés étrangers. Ses filiales européennes connues sous le nom « VTB Bank Europe » ont du être cédées dans le cadre des sanctions contre la finance russe. L’établissement accuse le coup, une partie des pertes résulterait des mesures européennes.

Mais ce qui a vraiment fait vaciller la VTB, c’est son exclusion du système de paiement international Swift. « Dès lors qu’une banque est dé-swiftée, elle ne peut plus payer ou recevoir des fonds d’un autre État pour le compte de ses clients, ce qui nuit à sa capacité d’opérer à l’échelle mondiale », expliquait en mars 2022 Élodie Valette, avocate spécialisée. Pour rappel, cette sanction concerne six autres établissements financiers russes.

VTB liste plusieurs difficultés majeures pour expliquer sa débâcle. Des « sorties sans précédent de liquidités en devises » viennent s’ajouter aux pertes liées aux cessions de filiales. Le tout sur fond de relèvement des taux directeurs par la Banque centrale russe, qui n’a pas aidé l’établissement.

Une économie ultra-résiliente qui commence à montrer ses limites

Alors VTB tremble… Et si, pour l’instant, elle n’a pas failli, elle démontre toutefois un contexte qui s’érode en Russie. Entre embargo sur le brut de l’Oural, désoccidentalisation et ralentissement de la demande extérieure, la guerre fait peser un poids très lourd sur l’économie russe.

Les entreprises et la population locale ont d’ailleurs subi de plein fouet l’inflation à deux chiffres toute l’année passée. Les sanctions et la privation d’échange avec l’UE a aussi eu raison de la qualité des productions sur le sol russe. Environ 66 % des entreprises industrielles du pays ont substitué leurs importations européennes avec des produits chinois, privilégiant donc l’urgence à leur standard de qualité… Les Russes doivent donc faire face à moins d’exportations et, par conséquent, doivent soutenir coûte que coûte leur demande intérieure pour éviter la faillite. C’est le prix de l’isolement.

Pourtant, grâce au maintien d’un fort taux d’investissement national, la Russie réussit à sauver les meubles. En 2022, son PIB ne s’est contracté qu’à 2,2 %, bien moins que la prévision du Fonds monétaire international (FMI) qui l’enterrait à -8,5 %. Les Russes pourraient même renouer avec la croissance dès cette année. À +0,3 % de PIB selon les premières estimations, soit seulement quelques dixièmes de point en dessous de la moyenne européenne établie à +0,7 %.

Voilà la preuve que maintenir artificiellement l’économie d’un pays peut fonctionner. Mais envers et contre tous, combien de temps l’économie russe pourra-t-elle encore tenir ?

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