Réforme des retraites, Macron avance ses pions

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Longtemps repoussé et sujet aux incertitudes de fin de mandat présidentiel, le dossier brûlant de la réforme des retraites fait son retour dans le débat politique. À la surprise des syndicats, Emmanuel Macron laisse entendre qu’il pourrait lancer une partie de la réforme dans les prochaines semaines. Et mener à bien la suppression des régimes spéciaux avant la fin de son quinquennat dans huit mois.

C’était l’une de ses promesses et l’un des choix forts du président Macron : réformer un système de retraite jugé inadapté au contexte socio-économique actuel. Longtemps repoussée dans l’ordre des priorités depuis les débuts de la crise de la covid, la sensible question des retraites fait son grand retour. Pour satisfaire à ses promesses d’une réforme, le chef de l’État a avancé ses pions en cette rentrée 2021. D’ici à la fin imminente du quinquennat, l’exécutif souhaite ainsi mettre en œuvre la suppression des régimes spéciaux, sur le même schéma que la fin progressive du statut des cheminots entamée en 2018 à la SNCF. Et établir le minimum de pension à 1 000 euros pour toute carrière complète au Smic. Des positions connues par l’intermédiaire d’une série de fuites, opportunes pour le moins, de l’Élysée dans la presse. Une source d’incrédulité pour les forces syndicales qui, reçues la semaine passée à Matignon, avaient unanimement affirmé que des discussions à propos du lancement de la réforme dans les prochains mois n’étaient pas envisageables à court terme. « Je ne lancerai pas cette réforme tant que l’épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée », affirmait encore le président de la République le 12 juillet dernier lors d’une allocution. Le temps semble être venu d’engager les grandes manœuvres. Et la suppression des régimes spéciaux n’est pas une mince affaire.

Réparer les déséquilibres sectoriels
La volonté de suppression des régimes spéciaux résulte d’un constat simple : les particularités coûtent cher. En 2019, la Cour des Comptes estimait que les droits spécifiques des bénéficiaires des régimes spéciaux, hors compensation des déséquilibres démographiques, coûtaient 1,8 milliard d’euros par an aux comptes publics. Et pour cause, les avantages qui découlent de ces régimes (taux de remplacement, droits familiaux, minimas de pension, transports gratuits…) sont onéreux. Sans oublier les départs à la retraite précoces. Autant dire que le projet de suppression de ces régimes rappellera les syndicats au mauvais souvenir de la réforme des statuts au sein de la SNCF. De nouvelles grèves générales pourraient être lancées en réaction, à commencer par le métro parisien : 33 000 employé·es de la RATP disposent d’un statut spécial et partent à la retraite à 56 ans en moyenne. Contre 63 ans pour les salarié·es du privé. Les industries électriques et gazières seront aussi concernées.
Quant à la retraite à 1 000 euros pour les petits salaires, une autre promesse d’Emmanuel Macron, le compte est déjà presque bon si l’on additionne les régimes de base et les régimes complémentaires. Au début du quinquennat, l’ex-minimum vieillesse, désormais Aspa, (Allocation de solidarité aux personnes âgées) a ainsi déjà été revalorisé, il s’établit aujourd’hui à 907 euros par mois. Le nouveau projet ne concernera que les nouveaux·lles retraité·es (150 000 personnes en 2022).

Pas de recul de l’âge de départ avant 2022

Si le gouvernement affiche sa volonté d’engager les premiers piliers de la réforme d’ici à la fin du quinquennat en cours, d’autres grandes manœuvres n’interviendraient que dans un second temps, lors d’un éventuel second mandat d’Emmanuel Macron et de sa République En Marche. C’est le cas de l’épineuse question de l’âge de départ à la retraite, dont l’hypothétique recul ne devrait pas être étudié avant 2022. De même que le passage à un système par points.

Autre point de tension : la façon dont l’exécutif compte faire passer la réforme. Parmi les pistes envisagées, l’inclusion de la réforme au projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2022 est en bonne place. Il s’agirait donc de faire voter la réforme lors du passage du texte de financement devant le Parlement cet automne. Le gouvernement, qui avait évoqué un potentiel décret pour faire passer la réforme sans débats au Parlement, semble avoir revu sa copie. Il paraît peu probable d’engager une telle réforme d’ampleur sans en rendre compte devant les parlementaires.
Quant au contexte de ces récentes annonces, le calendrier choisi interroge, tant du côté de l’opposition que de celui de la majorité. Les syndicats et partenaires sociaux, eux, font front : il ne faut pas toucher aux régimes de pension d’ici à la fin du quinquennat.

ABA

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