Pétrole russe

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La mesure vise à réduire le financement de la guerre.

Depuis lundi 5 décembre, le pétrole russe n’est plus le bienvenu sur les eaux territoriales de l’Union européenne. La Russie a déjà tiré 67 milliards de dollars de profit grâce à son or noir en 2022. Le budget alloué à son arsenal militaire s’élève autour des 60 milliards d’euros par an. Le calcul est alors simple, à cette allure-là, la Russie peut continuer à faire la guerre encore longtemps.

Alors l’Union européenne fait un grand saut dans l’inconnu avec cet embargo. Et elle emmène avec elle l’Australie, la Grande-Bretagne et les autres pays du G7 qui ont également pris des mesures similaires. Plus une goutte d’or noir si elle provient de Russie disent-ils… à quelques exceptions près !

Le cas des pays qui se privent du pétrole russe

C’est une situation inédite qui aura forcément de lourdes conséquences sur le marché international pétrolier. L’Opep+ maintient pour l’instant le statu quo, mais se dit prête à réagir en conséquence quand les premiers effets se feront ressentir.

Les pays de l’Union européenne sont prêts à prendre ce risque. L’objectif ? Réduire de 90 % les importations de pétrole en Europe. Allemands et Polonais ont annoncé qu’ils stoppaient leurs importations par pipeline alors que l’embargo ne concerne pas ce mode de transport. Ces efforts témoignent d’une vraie volonté de se passer des hydrocarbures russes, trois mois après avoir mis fin à tout échange de charbon avec le Kremlin.

Le brut de l’Oural (pétrole russe) bénéficie tout de même d’un délai de grâce pour les paquebots déjà chargés et qui transitent actuellement vers les ports européens.

Le cas – épineux – de la Hongrie

Au sein même de l’Union européenne, certains pays se positionnent différemment face aux sanctions russes. Viktor Orbán, Premier ministre de Hongrie tient un discours plus complaisant envers le Kremlin. En juin, le dirigeant d’extrême droite avait même réussi à s’exempter de cet embargo. Car pour lui, la Hongrie est un pays enclavé et donc ultra-dépendant du pétrole russe. Il a obtenu le droit d’en importer via son oléoduc.

Avec ce « passe-droit », Viktor Orbán permet à son pays de continuer à acheter du pétrole à prix raisonnable. Pour rappel, le prix du litre de diesel hongrois n’excédait pas 1,21 euro en juin, alors que dans toute l’Europe, il flambait et dépassait aisément la barre des 2 euros.

Le cas des États tiers

Les États tiers sont par définition les pays qui ne font pas partie de l’Union européenne. Sont également considérés comme États tiers les territoires d’Outre-mer européens et les principautés (Monaco, Andorre par exemple). Pour ceux-là, s’ils ont décidé de ne pas pratiquer l’embargo, le pétrole russe reste disponible à l’achat. Mais il est interdit de l’échanger pour plus de 60 dollars par baril.

Et c’est le montant de ce plafond qui a longtemps fait débat. Le brut de l’Oural s’échangeait vendredi 2 décembre à 67 dollars le baril. Soit seulement 7 dollars de plus que le plafond autorisé. Volodymyr Zelensky, dirigeant de l’Ukraine, fustige : « Ce n’est pas une décision sérieuse. Elle est tout à fait confortable pour le budget de l’État terroriste. »

Pourtant, l’intérêt d’une telle mesure n’est pas de couper entièrement la circulation du pétrole russe, sans quoi le prix du baril général exploserait. Il fallait donc trouver un équilibre qui n’a visiblement pas plu au gouvernement ukrainien, première victime du conflit.

Mais à ce jour, personne n’est capable de prévoir ce que ce « saut dans l’inconnu » va réellement provoquer. Après les échecs à répétition des multiples sanctions financières depuis le début du conflit, cette nouvelle mesure aux allures grandiloquentes fera-t-elle, elle aussi, l’effet d’un pétard mouillé ?

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