Pêche post-Brexit : la Commission européenne exige un accord entre Londres et Paris

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Après 11 mois de conflit sur l’avenir de la pêche post-Brexit, la Commission européenne a sommé Londres et Paris de régler leur contentieux d’ici au 10 décembre. Des négociations supervisées par Bruxelles sont en cours.

Le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni quittait officiellement l’Union européenne. L’occasion pour le pays de reprendre possession de ses zones maritimes. Une situation qui affecte grandement les autres États européens (Belgique, Danemark, Allemagne, France, Pays-Bas) qui profitaient de ces eaux britanniques. Avant le Brexit, les navires français réalisaient jusqu’à 30 % de leurs prises chez nos voisins britanniques. Les poissons pêchés en France se vendent deux à huit fois moins chers que ceux pêchés au Royaume-Uni. Par conséquent, l’accès à ces zones se révèle fondamental.

L’accord de Brexit signé fin 2020 entre la Commission européenne et le Royaume-Uni précise que les pêcheurs européens peuvent continuer leurs activités dans les eaux britanniques, à condition de pouvoir prouver qu’ils y pêchaient déjà entre 2012 et 2016. Seulement, depuis la signature de cet accord, une véritable bataille administrative a éclaté entre la France et le Royaume-Uni, les deux pays se disputent sur la nature des justificatifs à fournir. Si l’obtention de ces licences reste facile d’accès pour les grands navires, ce n’est pas le cas des petits bateaux de pêche qui ne sont pas équipés de systèmes de géolocalisation. La preuve de leur présence dans les eaux britanniques avant le Brexit reste donc difficile à prouver.

Depuis le 1er janvier 2021, Londres a accordé environ un millier de licences de pêche à Paris, mais de nombreux dossiers sont toujours en cours. La ministre française de la Mer, Annick Girardin, a indiqué à l’AFP que le « combat » continue : « 111 licences » post-Brexit restent à obtenir !

De vives tensions
En un an les tensions entre la France et le Royaume-Uni n’ont cessé de s’accroître. En mai, les pêcheurs français avaient organisé un blocus à Jersey, lequel avait entraîné l’intervention de deux patrouilleurs britanniques. Au mois de novembre, la colère française s’est déversée sur les Britanniques : après le blocage de bateaux anglais à Saint-Malo, les pêcheurs tricolores se sont attaqués au terminal fret. Le blocage du tunnel sous la Manche relève d’un positionnement stratégique, puisque 25 % des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Europe transitent par ce terminal. Des actions désespérées de la part des pêcheurs français, éprouvés par des mois d’attente.

Une entente a toutefois été trouvée avec Guernesey, qui a récemment accordé 43 licences définitives aux pêcheurs français. Les échanges avec Londres et Jersey demeurent plus complexes…. Paris souhaite régler en urgence la situation de 30 navires dont la survie économique dépend de leur accès aux eaux britanniques et aux îles anglo-normandes.

40 bateaux nordistes laissés pour compte
Des discussions sont également en cours dans la zone des 6 à 12 milles nautiques pour évoquer le sort de 40 bateaux remplaçants placés dans les Hauts-de-France, et qui n’ont eu aucun accès aux eaux britanniques depuis le 1er janvier. Selon le comité national de la pêche, ces bateaux auraient perdu 20 à 50 % de leur chiffre d’affaires. Londres refuse de leur délivrer une licence, car il s’agit de nouvelles demandes sur des bateaux plus modernes et plus puissants. Les négociations s’avèrent particulièrement complexes dans la zone des 6 à 12 milles des côtes anglaises et dans celles des îles anglo-normandes. Car dans ce périmètre, chaque bateau doit justifier d’au moins onze jours de pêche sur une période de douze mois entre le 1er février 2017 et le 30 janvier 2020. La fameuse bataille de justificatifs !

La ministre de la Mer a annoncé jeudi 18 novembre vouloir préparer « des plans de sortie de flotte » afin d’indemniser les navires français qui n’obtiendraient pas de licence post-Brexit. Elle a précisé qu’une enveloppe de 40 à 60 millions d’euros pourrait être mise sur la table. De son côté, Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des affaires étrangères européennes, assure que la France réclame toujours le même nombre de licences à Londres et que notre pays ne reculera pas sur le sujet.

 

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