Pas de crise pour les banques françaises

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En évitant les effets catastrophiques d’une crise financière sur les entreprises et l’emploi, le gouvernement a plus que jamais servi les banques. Qui en profitent pour investir dans des métiers qui ne sont pas les leurs.

L’après-crise tel qu’il se dessine montre des banques françaises en pleine forme : les cinq principales enseignes – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Crédit Mutuel Alliance fédérale, BPCE – annoncent à elles cinq un résultat net 2021 de 31 milliards, soit le double de l’année 2020.

Les causes ne font pas mystère. Pour les banques de détail, le « Quoi qu’il en coûte » (à la nation) évite toujours la vague de faillites et l’explosion du chômage que toute « bonne crise » génère. Les projets d’investissement des familles, notamment leur appétence pour l’éloignement des centres-villes, ont suscité une flambée des prêts immobiliers aux risques très limités par les dispositions du Haut conseil de stabilité financière. On est là aux antipodes du crédit facile qui avait valu le démarrage de la crise profonde des subprimes en 2007 aux États-Unis (l’emprunteur français est prime, donc solvable). Le jeu des PGE pour les entreprises obéit à la même sérénité bancaire puisque le « GE » (garanti par l’État) les place à l’abri de défauts. Partant, les banques ont réduit de beaucoup leurs provisions pour défaillances : le Crédit Mutuel les a abaissées d’un facteur 3, facteur 5 chez Société Générale, de 40 % « seulement » chez BPCE. Or ces provisions non affectées viennent gonfler mécaniquement le bénéfice (« produit net bancaire » dans le jargon des banques).

L’heure des investissements

Pour les banques de financement et d’investissement – BNP Paribas, SG, Natixis…), ce sont les multiplications des fusions-acquisitions et les entrées en Bourse qui ont généré du profit, tout comme la revalorisation des actifs sur les marchés a gonflé les commissions juteuses.

Forts de telles marges, la plupart des établissements bancaires se sont d’ores et déjà lancés dans des investissements d’avenir rentables, véritables redéfinitions de leurs métiers.

C’est d’abord le leasing automobile qui attire Société Générale, acquéreuse à grands renfort de milliards – près de 5, son plus gros investissement du moment –, du leader européen LeasePlan. BNP Paribas flaire la même piste mais en investissant dans sa propre société de leasing, Arval. Il s’agit d’accroître son potentiel de location à 2 millions de véhicules dans le monde. Quant à Crédit Agricole, son appétit pour les marchés auto s’investit dans le contrôle de FCA Bank, en co-entreprise avec Stellantis.

Le numérique constitue l’autre grand pôle d’investissement du monde bancaire. SG acquiert la banque en ligne ING France via Boursorama, sa propre banque en ligne. Crédit Agricole a recapitalisé à 125 millions sa banque en ligne BforBank sans éclairer davantage sa ligne stratégique. Pour BNP Paribas, l’heure est aux investissements dans ses back-offices, le cloud, l’intelligence artificielle et le rachat de Floa, banque en ligne leader du paiement en plusieurs fois, du mini-prêt, du crédit renouvelable, créée naguère par Casino.

Le retour des dividendes

La santé des banques aboutit au retour de sa grande marque de prospérité, la distribution de dividendes. Les temples du capitalisme renouent avec la rémunération de leurs investisseurs, tel BNP Paribas qui annonce carrément une distribution de 60 % de la valeur pour les trois prochaines années. Les résultats des entreprises du CAC 40 promettent à leur tour des versements importants de dividendes. Les recettes fiscales de l’État (impôt sur les sociétés) s’annoncent à quelque 10 milliards en 2021, soit 50 % de mieux que les prévisions de la loi de Finances initiale. Pour les banques comme pour les entreprises, le partage de la valeur passera aussi par des négociations salariales et le retour aux mesures collectives d’augmentation – entre 0,6 et 1 % en moyenne jusqu’alors – sur fond d’inflation prévue à 3,5 % d’ici à juin 2022. Pour l’heure grandes gagnantes de la politique de soutien du gouvernement, les banques attendent le réajustement des taux des banques centrales.

Le doyen de la tribu. Ai connu la composition chaude avant de créer la 1re revue consacrée au Macintosh d'Apple (1985). Passé mon temps à créer ou reformuler des magazines, à écrire des livres et à en traduire d'autres. Ai enseigné le journalisme. Professe l'écriture inclusive à la grande fureur des tout contre. Observateur des mœurs politiques et du devenir d'un monde entré dans le grand réchauffement...

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