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Le 30 mars, l’Assemblée nationale a voté une loi pour interdire aux influenceurs la promotion de sociétés non agréées en tant que « Prestataire de services sur actifs numériques » (Psan).
Fini le dropshipping, les pyramides de Ponzi et les pilules « anti-cancer ». La loi sur les influenceurs va encadrer la publicité digitale. À présent, impossible de vanter les mérites d’une société non-inscrite au registre des agréments Psan. Problème ? Pour l’heure, aucune société de cryptomonnaie n’a encore obtenu ce statut.
Pourtant, le secteur avait tendu la main aux députés en allant dans le sens du grave problème que représente le marketing d’influence. L’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) s’est même dit prête à légiférer autour de la sphère des cryptos. L’idée était de s’appuyer sur une loi déjà existante (loi DDADUE) qui soumet les prestataires concernés à l’obligation de communiquer de façon claire et transparente auprès de leur public. Si elle s’était appliquée à la cryptomonnaie, les influenceurs auraient pesé leurs mots pour promouvoir cette activité. Un exercice dont ils ont déjà l’habitude avec les sites de paris sportifs.
De loi de la jungle… à loi tout court
Ça n’a échappé à personne, il devenait urgent de contrôler les publicités d’influenceurs. Et bien que la crypto ait montré patte blanche, Stéphane Vojetta, l’un des députés à l’origine de la loi pointe qu’une « part croissante de signalements à l’Autorité des marchés financiers » la concerne.
Oui, les arnaques se multiplient, et pour cause ! La cryptomonnaie plaît à un plus jeune public et plus influençable. Le profil d’investisseur type est un homme de moins de 35 ans. Dans les faits, ces néo-traders disposent en moyenne de revenus inférieurs à 18 000 euros par an. Leur achat de cryptos est donc souvent motivé par l’appât d’un gain « facile et rapide ». Un désir mimétique encouragé par les pseudos prophètes et génies de la finance des réseaux sociaux – hélas pas toujours des personnes de confiance…
La loi sur les influenceurs réduit aussi les risques de « rug pull » et « pump and dump ». Deux arnaques répandues aux États-Unis. Elles consistent pour le créateur d’une cryptomonnaie à promouvoir son jeton de manière agressive et d’ensuite laisser tomber le projet pour empocher tous les gains. Dans le cas d’un « rug pull » il abandonne le navire avec l’argent des investisseurs. Dans le cas d’un « pump and dump » il revend ses actifs au plus haut et laisse le cours de sa cryptomonnaie s’effondrer ensuite.
Un recours possible ?
Pour pouvoir promouvoir via des influenceurs, il faut être agréé Psan. Les termes de la loi sont clairs. Cependant, une autre voie semble possible, bien que sinueuse. Certaines sociétés enregistrées comme Psan ne possèdent pas l’agrément. Ce statut demeure plus facile d’accès et prouve tout de même le sérieux de l’entreprise en question.
Alors, si une société de crypto obtient ce statut ainsi que l’aval de l’Autorité des marchés financiers (AMF), elle ne sera plus concernée par la loi sur les influenceurs. Une très mince lueur d’espoir, mais une lueur tout de même. À ce jour, aucune d’entre elles n’a encore reçu cet accord.
Pourtant, avec plus de 21 000 cryptomonnaies recensées par CoinMarketCap, il devient difficile d’imaginer un jeton se démocratiser sans publicité. Et si aujourd’hui, plus d’un Français sur douze détient au moins une crypto, ce marché est devenu bien trop important pour se laisser abattre… Le cours de l’Ark, l’une des monnaies virtuelles françaises de référence, n’a d’ailleurs que très peu fléchi depuis l’annonce.