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Les métiers de demain se préparent aujourd’hui. Dans une société qui devient de plus en plus complexe, en raison notamment d’évolutions technologiques toujours plus rapides, d’un monde tourné vers d’autres enjeux – la préservation de l’environnement plutôt qu’un productivisme forcené – certains métiers qui existent déjà vont sans aucun doute se transformer. Tour d’horizon.
Quels sont les métiers porteurs pour l’avenir ? qui de mieux que des directeur·rices de grandes écoles, qui forment notre jeunesse et donc les acteurs de demain, pour nous éclairer sur les tendances des métiers qu’on pourrait appeler d’avenir. Véronique Bonnet est directrice générale de l’ESME, école d’ingénieurs généraliste, et nous livre sa vision sur les métiers d’avenir tournés vers l’ingénierie. De son côté, Thierry Sebagh dirige l’ISG International Business School et nous éclaire sur ce qui constitue, selon lui, des métiers prometteurs et liés aux secteurs commercial, marketing et financier. Deux établissements qui appartiennent à IONIS Education Group, premier groupe d’enseignement supérieur privé en France, dont ÉcoRéseau Business est partenaire.
LA SÉLECTION DE VÉRONIQUE BONNET :
Data engineer
Il·elle a cette capacité de parler plusieurs langues : Javascript, Python, Scala, SQL, NoSQL etc. Comme son nom l’indique, c’est un·e ingénieur·e de la donnée ! Fortement recherché·e dans un monde de big data. Les data engineer s’occupent de la collecte, du stockage et de l’exploitation d’une masse d’informations. Pour la directrice générale de l’ESME, il s’agit d’un métier très complet puisqu’il faut être « capable d’extraire des données, maîtriser la programmation et le code, et – de plus en plus – interpréter les informations récoltées ». Derrière, le·la data scientist exploitera les données les plus complexes. Ce qui signifie qu’au-delà des compétences techniques, les data engineer doivent faire preuve d’un sens du relationnel et apprécier le travail en équipe. Bref, le métier trouve son équilibre entre ingénieur big data et data scientist, les entreprises sont et seront attirées par ce type de profil.
Ingénieur·e en cybersécurité
Le nombre de cyberattaques a été multiplié par 4 en 2020 d’après l’Autorité nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Les cyberattaques constituent une autre pandémie de ce siècle, un sondage mené fin 2020 par Proofpoint chiffrait à 91 % les organisations victimes d’au moins une cyberattaque majeure au cours des 12 derniers mois. Les causes : le poids croissant du numérique dans nos vies accroît les menaces de cyberattaques. Sans oublier l’arrivée massive du télétravail. Devenu vital lors du premier confinement lorsqu’il fallait, pour les entreprises, poursuivre l’activité. Plus que jamais, les ingénieur·es en cybersécurité sont recherché·es, la filière manquerait même de main d’œuvre. Notamment parce qu’elle souffre encore de stéréotypes de genre, les femmes se lanceraient beaucoup moins dans une carrière en cybersécurité. Ces expert·es sont chargé·es de développer des programmes pour se protéger des cyberattaques car les entreprises ne doivent plus seulement réagir mais prévenir le risque. Ces ingénieur·es devront s’adapter à de nouvelles formes de cyberattaques… même si pour l’heure, la technique du hameçonnage (phishing) reste très utilisée : leurrer les internautes pour qu’ils communiquent leurs données personnelles.
Ingénieur·e d’études en énergies renouvelables
Son objectif de fond : accompagner la transition énergétique ! « Ces ingénieur·es d’études connaissent toutes les possibilités de production d’énergie et – en fonction du besoin – choisissent la meilleure solution pour optimiser la consommation énergétique, d’un bâtiment par exemple », explique Véronique Bonnet. Parlons-en de la consommation énergétique du bâtiment : le secteur représente 44 % de l’énergie consommée en France ! Et chaque année, le bâtiment émet plus de 123 millions de tonnes de C02. Bref, un domaine clé dans la lutte contre le réchauffement climatique, nous aurons besoin d’ingénieur·es spécialisé·es en énergies renouvelables. Concrètement, le métier consiste à améliorer les techniques de production d’énergie qui existent déjà, comme l’éolien, l’hydraulique, le solaire etc, voire en inventer de nouvelles. Et demande cette capacité à non seulement respecter les normes environnementales mais aussi compétitives.
Ingénieur·e développement et validation Adas
Adas ? pour Advanced driver-assistance systems. Faisons plus simple, l’ingénieur·e en question est chargé·e de déployer un système d’aide à la conduite dans le cadre de véhicules autonomes. Il s’agit par exemple de définir les objectifs visés d’aide à la conduite, comme le freinage automatique ou l’aide au stationnement, avant de procéder à des phases de simulation et d’essais sur des prototypes. Puis l’ingénieur·e développement et validation Adas corrige et affine avant de nouveaux tests. « C’est une vraie méthode scientifique, soumise au trio développer, tester, et évaluer, l’ingénieur·e s’inscrit aussi dans une démarche de gestion de projet », le métier requiert beaucoup d’exigence, estime Véronique Bonnet. Là encore un métier d’avenir car la voiture autonome incarne la voiture de demain, avec cette volonté – grâce à la technologie – de réduire drastiquement le nombre d’accidents de la route.
Ingénieur·e en imagerie médicale
Ils·elles permettent aux médecins d’affiner leurs diagnostics. Puisque les ingénieur·es en imagerie médicale conçoivent les logiciels des appareils médicaux. Comme les échographes, scanners ou IRM. Via des algorithmes, ces expert·es offrent aux médecins des images claires et en 3D – et de plus en plus précises – afin de visualiser les organes, le flux sanguin, les os etc. Tout ce qui serait invisible à l’œil nu. En santé, Véronique Bonnet en est convaincue : « Certes il faudra des médecins, mais il faudra sans doute encore plus d’ingénieur·es à l’avenir ! » Les mêmes qui font en réalité le lien entre les machines et l’humain. En résumé, le métier demande des compétences en biologie humaine et anatomie, et bien sûr en informatique et notamment en traitement de l’image (imagerie cellulaire et imagerie biomédicale).
LA SÉLECTION DE THIERRY SEBAGH :
Startuppeur
Tiens, un métier à part entière ? Le directeur de l’ISG le constate : « Les étudiant·es qui viennent nous voir ne disent plus je veux être cela, mais plutôt je veux développer un projet dans tel ou tel secteur ! » C’est un vrai basculement. Alors forcément startuppeur a tout d’un métier d’avenir. Les jeunes ont souvent déjà des projets de création d’entreprise, et ils cherchent simplement les outils pour murir et lancer leurs idées lorsqu’ils viennent en école. « Je me souviens d’un étudiant qui est venu avec en tête la volonté de créer une plate-forme qui porte sur la santé animale, cela a fonctionné – Vetapp – l’équivalent de Doctolib pour vétérinaires », illustre Thierry Sebagh. Un exemple parmi d’autres.
Analyste de produits financiers dits « ESG »
On le sait, le secteur de la finance est en plein essor. Place désormais à la finance responsable. Les investisseurs entendent – et de plus en plus – donner un sens à leur épargne, c’est-à-dire investir dans des produits financiers en accord avec leurs valeurs. On dépasse donc les simples critères financiers pour mettre en avant des critères extra-financiers, comme ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). En pratique, l’analyste ESG porte sur l’ensemble des enjeux durables et responsables d’une entreprise qui souhaite être financée. Ce qui suppose d’être capable de lire et interpréter ce que les sociétés publient. Et de parler aux dirigeant·es. Ensuite, les expert·es devront assurer l’élaboration des recommandations en fonction d’une grille d’analyse qui repose sur la responsabilité sociale. Une manière de guider les choix des investisseurs.
Community Manager
« Animateur·rice de communautés » pour les non bilingues. À l’heure où les entreprises ne jurent que par les réseaux sociaux – et cela matin, midi et soir – les community managers ont un bel avenir devant eux·elles. Lesquel·les fédèrent et animent les échanges entre internautes, pour le compte d’une marque ou d’une entreprise. Et tout cela sur Twitter, Facebook, Linkedin ou même Instagram. « Le métier est à même de se transformer dans le sens où les community managers doivent s’adapter aux canaux de communication, on sait qu’à l’avenir la vidéo sera très présente, on le voit avec le succès de la plate-forme Tik Tok », pointe Thierry Sebagh. L’animateur·rice de communautés doit maîtriser les codes de sa cible afin de développer la fidélité et la cohésion de sa communauté. Techniquement, il s’agit d’être à l’aise avec les « outils de référencement SEO et SEA », relève le directeur de l’ISG. Dans le même jargon, le·la social media manager constitue aussi un métier sûr pour l’avenir.
Account manager
Encore une fois, l’anglais marque son hégémonie. Gestionnaire de comptes, tout simplement. Son rôle consiste à assurer la gestion des portefeuilles clients mais aussi des relations clients. L’account manager analyse les besoins des portefeuilles clients, réfléchit à une stratégie d’acquisition, joue aussi le rôle de conseil auprès des clients, toujours dans une optique de les satisfaire. Autrement dit, s’épanouira dans ce métier celle ou celui qui apprécie cet équilibre entre le goût des chiffres et le relationnel ! Car en plus des clients existants, la prospection de nouveaux clients fait bien entendu partie du métier. D’autre part, l’account manager s’occupe de plusieurs clients en même temps, il·elle doit donc faire preuve d’organisation et savoir gérer son temps. Parmi les dérivés de l’account manager : le key account manager ! Là- encore, un métier d’avenir selon le directeur de l’ISG.
Chasseur·se de tête
Voilà celle et celui qui ne cesse de dénicher les talents, ceux qui ont cette vision d’avenir, cette longueur d’avance essentielle pour qu’une entreprise se démarque de ses concurrents. En résumé, le·la chasseur·se de tête se doit de trouver la perle rare pour le compte d’une entreprise ! Souvent il s’agit d’un·e spécialiste, très pointu·e dans un domaine, pour être capable de mesurer le degré d’adéquation entre une entreprise et un·e candidat·e, d’ailleurs les talents sont souvent déjà en place ailleurs… « La chasse des talents nécessite une veille permanente sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Linkedin, ainsi qu’une approche directe », estime Thierry Sebagh. En quelques mots : sourcer, approcher et sélectionner les profils pour les présenter aux entreprises. Voilà la mission des chasseur·ses de tête. Un métier d’avenir puisqu’il faut faire face aux nouveaux besoins des entreprises. Mais aussi parce que les frontières physiques ont été abolies – ou presque – en raison d’une généralisation du télétravail née de la pandémie. Alors pour les chasseur·ses de tête, cette fameuse perle rare, elle peut aussi se trouver, désormais, à l’autre bout du globe… le travail de sélection se révèle donc encore plus large !