Le verbatim de… Sébastien Ledoux, historien, sur les thèmes prédominants de la présidentielle

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L’élection présidentielle approche à grands pas. Au cœur des débats : les questions liées à l’immigration et à l’insécurité. Des sujets qui restent prédominants dans une époque où la lutte contre l’urgence climatique est une priorité. Sébastien Ledoux, historien chercheur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, analyse, pour Ouest-France, ce phénomène.

À moins de 100 jours de l’élection présidentielle, les questions identitaires et d’immigration s’invitent au cœur des débats. Au détriment d’autres problématiques majeures comme l’urgence climatique ou le pouvoir d’achat. Sébastien Ledoux, chercheur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, analyse ce phénomène. La réponse est simple : si les thématiques liées à l’immigration prennent le pas sur la catastrophe écologique, c’est parce qu’elles répondent à des problématiques presque ancestrales et préoccupantes pour les Français·es. Le défi climatique, lui, est plus récent.

Depuis des décennies, les candidat·es des partis opposés s’affrontent sur la question migratoire. L’extrême gauche valorise les vagues migratoires, qualifiées de « progrès de l’humanité », dixit Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Nantes en janvier. Alors que les candidat·es d’extrême droite, comme Éric Zemmour ou Marine Le Pen, ne font que pointer du doigt l’immigration, source de tous les maux. À une époque où l’urgence climatique est sur toutes les lèvres, le récit écologique nécessite, sans doute, davantage de mobilisation. Pour Sébastien Ledoux, l’enjeu reste de concevoir l’écologie et la planète comme un bien commun… MM

Dans les débats liés à l’élection présidentielle, l’immigration et l’insécurité prédominent. Comment l’expliquez-vous ?

Les thèmes de l’immigration ou de l’identité ont déjà été instrumentalisés par des politiques dans le jeu démocratique (avec l’affaire Dreyfus et l’antisémitisme à la fin du XIXe siècle, dans les années 1930 contre les immigrés provenant d’Europe de l’Est). Ce n’est pas une totale nouveauté que d’utiliser l’immigration pour se faire élire. Aujourd’hui, on en parle car elles sont au cœur de préoccupations de certains Français.

Sur l’insécurité, l’immigration a été associée à la délinquance. Donc, l’immigration « apporterait » de l’insécurité. Il y a un coupable construit et désigné par des politiques et par certains médias. À la télévision, on voit des reportages embarqués avec la police ou les sapeurs pompiers qui donnent le sentiment que les règles ne sont pas respectées, que nous sommes dominés par la « racaille ». Tout cela s’est aussi renforcé avec les attentats terroristes commis par des personnes parfois nées en France, parfois non.

Le discours réactionnaire semble trouver un écho dans la population…

Oui, car ce discours est rassurant et se nourrit d’un sentiment de vulnérabilité, de fragilité. On crée des figures qui représenteraient l’ennemi et qui nous mettraient en danger. Mais en danger de quoi ? Dans les années 1980, le Front national parlait de la perte des emplois : « Ils vont nous prendre notre travail. » Aujourd’hui, il est plus question de culture. Les immigrés viendraient prendre notre civilisation, c’est présenté comme une menace quasi existentielle. Cette idée est très présente dans le discours d’Éric Zemmour qui joue sur une menace de disparition. Scientifiquement, ce n’est pas étayé mais cela peut toucher des gens qui se sentent vulnérables. Ils vont transformer cette fragilité et chercher un bouc émissaire en la figure de l’immigré ou du musulman.

Pourquoi les candidats à l’élection présidentielle mobilisent-ils autant l’histoire pour servir leurs discours ?

Il y a une question de légitimité historique : en France, on considère que le Président est le locuteur de l’histoire nationale. Raconter cette histoire, c’est se rendre présidentiable. Depuis le général de Gaulle, c’est une tradition que ce soit le Président qui dit et raconte l’histoire de France à ses concitoyens.

Retrouvez l’intégralité de la tribune sur le site de Ouest-France

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