Le·la manager positif·ve…

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Ne niez pas les problèmes, mais attardez-vous sur les solutions !

Ils et elles incarnent à merveille la métaphore du verre à moitié plein. Vous travaillez peut-être dans l’aura de ces managers obnubilé·es par la recherche de solutions et toujours tourné·es vers l’avenir ou de ces collègues que l’on décrit comme positifs – ou optimistes. Un trait de caractère pour certain·es, une attitude positive qui s’apprend et s’acquiert pour d’autres. Portrait de ces managers en entreprise engagé·es à ne jamais baisser les bras.

 

Nathan vient de souffler ses 40 bougies. En dépit de sa calvitie bien entamée et de sa presbytie diagnostiquée, malgré son licenciement – pour motif économique, précisons-le – le mois passé, ce père de deux enfants a eu la bonne idée de fonder sa start-up dans l’événementiel pendant la crise covid. « Franchement, l’événementiel en pleine tempête sanitaire… », doutent ses amis cadres, fervents défenseurs du salariat. Peu importe, Nathan a eu cette envie de se lancer, de créer, d’oser et donc de prendre des risques. Bref, de vivre. L’entrepreneur finit donc par créer sa boîte, non sans peine, dans l’événementiel numérique. Créneau porteur pour Nathan pour qui « il y a toujours quelque chose à faire ». D’une crise, le « jeune » optimiste ne retient que le positif.

 

C’est quoi un manager positif ?

« Vous avez des gens pessimistes par nature, méfiants ou obsessionnels, tout le monde n’est pas doué pour l’optimisme », remarque Philippe Gabilliet, professeur et conférencier en psychologie. Mais hormis les alarmistes les plus radicaux, l’optimisme s’apprend. Au-delà donc de celles et de ceux qui ont toujours « le sourire, qui voient toujours le bon côté des choses, soit les individus ontologiquement positifs ». Pour les autres, pas de panique, car c’est aussi une question de méthode. Dans leur façon de parler et de s’adresser à leurs équipes, les managers doivent opter pour une rhétorique positive. Prendre conscience que les mots que je choisis, en tant que manager, « ont une influence directe sur les actions de mes équipes et sur la détermination de leur engagement », explique le spécialiste de l’optimisme, Philippe Gabilliet. En cas de coups durs, le ou la manager positif·ve appuiera son discours sur les qualités – ce sur quoi on est bons –, mettra l’accent sur les possibilités plutôt que sur une réalité pénible. « Pas question de la nier », rappelle Gabilliet, mais à quoi bon s’attarder dessus ? Gardons toute notre énergie « à chercher les alternatives et les ouvertures pour rebondir », surenchérit l’auteur de l’Éloge de l’optimisme*. Et surtout, malgré les difficultés, qu’elles soient internes ou externes (pandémie, crise du secteur etc.), tentez – encore et toujours – plutôt que d’arbitrer en faveur de la passivité.

Facile à dire. Quand une pandémie vous tombe dessus – une crise exogène inattendue – qui vient paralyser toute votre activité, difficile de se consoler avec les discours positifs. Pour notre psychologue à la banane, changeons notre approche : « Généralement, l’entreprise est un monde de planification, on aime les situations prédictibles et on déteste le risque […] Le management doit aussi changer de posture pour dompter les surprises, être capable de faire les choses différemment. Parfois, j’assimile les managers positifs à des pédagogues de la désobéissance », surenchérit l’auteur d’un autre livre, L’éloge de l’audace*. Pour ces managers, toute solution s’envisage, y compris lorsqu’elle s’écarte des sentiers battus.

 

Une aubaine pour les collaborateur·rices de l’optimiste

Qui dit manager positif·ve dit moins de pression pour l’ensemble de l’entreprise. Et meilleure régulation de la charge mentale. « On retrouve beaucoup de confiance chez ces managers positifs envers leurs équipes », précise Philippe Gabilliet. Confier à son équipe des dossiers majeurs consolide la relation entre manager et managé·e. Et peu importe la forme avec laquelle les collaborateur·rices parviendront à leur objectif – en télétravail, au bureau ou au café du coin. « Le refus de revenir travailler dans les locaux interroge sur les pratiques managériales antérieures », relève notre expert, un·e manager positif·ve doit aussi accorder une liberté – non pas forcément sur les résultats à atteindre – mais sur les conditions périphériques de les réaliser. « À domicile, les collaborateur·rices ressentent moins de pression. » Et se montrent donc plus productif·ves – une étude réalisée aux États-Unis avance un taux de productivité accru de 5 %.

Gare toutefois à ce que les managers positif·ves ne basculent pas dans le déni de réalité. Ces supérieur·es – d’un point de vue hiérarchique – ne doivent axer leurs discours positifs que sur des thèmes auxquels eux·elles-mêmes et leurs équipes peuvent avoir la main sous peine de générer impuissance et frustration. Enfin, une frontière à ne pas franchir : « L’optimisme fou ! » Dès lors que l’action d’un manager engage – en cas d’échec – sa place dans l’entreprise en compagnie de celle de ses collaborateur·rices.

* Éloge de l’optimisme, Quand les enthousiastes font bouger le monde, et Éloge de l’audace et de la vie romanesque, éditions Saint-Simon

geoffrey wetzel

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