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La rentrée de septembre 2021 est marquée par l’accélération significative de l’inflation économique au sein de la zone euro. Si les économistes pensent que cette augmentation devrait s’atténuer en 2022, l’inflation dépasse désormais la cible de la Banque centrale européenne (BCE), et atteint un niveau plus vu depuis dix ans. En France, la progression est plus mesurée.
En Allemagne (3,9 %), en Espagne (3,3 %), en France (1,9 %) et partout sur le continent, le spectre de l’inflation rattrape les pays européens. Entre taux d’intérêts négatifs, politique monétaire non conventionnelle et dépenses publiques incontrôlées, le scénario redouté de l’inflation menace jusqu’à l’épargne accumulée ces derniers mois. D’après les derniers chiffres publiés par Eurostat, les prix à la consommation ont atteint en août, sur un an, une inflation de 3 % dans la zone euro, après 1,9 % en juin et 2,2 % en juillet. Soit largement au-delà de la cible de 2 % d’inflation établit par la BCE. De quoi relancer le débat sur le bienfondé des politiques budgétaires et monétaires « d’urgence », consenties ces derniers mois pour réagir à la crise de la covid. Parmi les principaux facteurs évoqués pour expliquer et comprendre cette inflation plus vue depuis dix ans : la hausse des prix du pétrole et de l’énergie, le décalage des soldes dans plusieurs pays ou encore le rebond de la demande et la préservation des revenus des ménages européens arrivent en bonne place. Aussi, les pénuries de matière premières (composants informatiques et automobiles, bois…) n’arrangent rien : en août sur un an les prix des biens industriels hors énergie ont ainsi grimpé de 2,7 % dans la zone euro, contre 0,7 % en juillet sur un an. Qui dit pénuries dit, mécaniquement, hausse des prix de vente. Et les tensions sur les prix font craindre aux marchés financiers une remontée des taux d’intérêt. Toutefois, la BCE et les économistes se veulent rassurant, et jugent le phénomène « temporaire ». Pour l’heure, l’institution européenne domiciliée à Francfort n’envisage pas de resserrer sa politique monétaire accommodante pour contrecarrer l’inflation, un conseil des gouverneurs en débattra le 9 septembre.
Une hausse rarement vue
Il faut remonter à novembre 2011 pour constater un taux d’inflation annuel en zone euro de 3 %. Et il apparait que le secteur de l’énergie est l’un de ceux qui a le plus contribué à la dynamique inflationniste. En août, à lui seul, le secteur a enregistré une hausse annuelle de 15,4 %. Soit de loin la hausse la plus élevée. Si les signaux virent au rouge, les économistes de la BCE affirment qu’il ne faut pas s’en inquiéter outre mesure, tant que la hausse des prix n’entraîne pas des hausses de salaires trop fortes. Mieux, beaucoup d’économistes estiment que le rebond de l’inflation ne devrait durer que quelques mois, avant de commencer à reculer progressivement courant 2022, même si un pic à 3,5 % cet automne est envisagé.
La France résiste encore
Contrairement à l’Allemagne et à l’Espagne, la France affiche un taux d’inflation encore inférieur à la moyenne communautaire, soit 1,9 % sur un an en août et 1,2 % en juillet. « Cette hausse de l’inflation résulterait notamment du rebond des prix des produits manufacturés en lien avec la fin des soldes d’été. Les prix de l’alimentation et ceux de l’énergie accéléreraient », analyse l’Insee. Comme ses homologues européens, la France souffre de la flambée des prix de l’énergie, du bois, des métaux, des semi-conducteurs. En juillet, sur un an, les prix de production de l’industrie française ont ainsi augmenté de 6,6 % pour les produits manufacturés et de 8,6 % pour l’ensemble de l’industrie, même si une accalmie se profile. Aussi, les entreprises anticipent de plus en plus une augmentation significatives des revendications sur les salaires et la reprise des augmentations de salaires dès l’an prochain.
Toujours est-il que les spécialistes ne croient toujours pas à un retour durable de l’inflation en France, et voient plus dans l’augmentation des prix des hausses conjoncturelles liées aux exceptions de la crise (report des soldes, hausses des prix des matières premières). La dynamique de l’inflation est pourtant bien là.