La belle année de l’apprentissage

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Temps de lecture constaté 2’

À l’issue d’un exercice 2021 particulièrement riche pour l’apprentissage professionnel, le nombre de contrats s’approche d’une progression record.

Petit à petit, l’apprentissage s’impose dans le paysage de l’économie française, comme un levier d’emploi et d’insertion de premier ordre. Mieux, dans le contexte de relance post crise de la covid, l’apprentissage a connu une reprise foudroyante et s’apprête à battre un nouveau record en termes de contrats signés par des entreprises privées. En revanche, ses mécanismes de financement restent fragiles.

En 2018, la réforme Pénicaud (du nom de Muriel Pénicaud, alors ministre du Travail) et le projet de loi relatif à la « Liberté de choisir son avenir professionnel » a transformé l’apprentissage, la formation professionnel et l’assurance-chômage. Tout particulièrement en créant des passerelles entre secteurs public et privé et en passant la main de l’apprentissage aux partenaires sociaux sous le contrôle de l’État. Depuis, l’apprentissage progresse à vitesse grand V. Et l’année 2021 est un millésime exceptionnel à plus d’un titre. L’apprentissage s’approche d’un nouveau record avec près de 675 000 contrats signés par des entreprises privées cette année, selon le calcul du journal Les Échos à partir des données des onze opérateurs de compétences (Opco) qui financent la formation des jeunes alternants. Par rapport à 2020, le nombre de contrats a ainsi progressé de quelque 32 %, selon les chiffres du ministère du Travail. Une nouvelle année faste pour l’apprentissage, après un exercice 2020 qui avait déjà connu une hausse historique (+ 40 %). S’agissant des contrats d’apprentissage avec des employeurs publics, ceux-ci ont été plus de 15 000 l’année dernière.

Hausses à tous les étages
Dans bien des secteurs, les contrats d’apprentissage connaissent une progression à deux chiffres, pour au total de quelque 163 000 contrats supplémentaires sur l’année. Une dynamique qui trouve sans doute son origine dans la réforme Pénicaud et ses mesures de libéralisation de l’apprentissage qui, couplées à un contexte économique porteur, ont relancé la machine de l’apprentissage. Sans oublier l’engouement pour le compte personnel de formation (CPF), qui se confirme toujours plus. Et les mesures incitantes pour les entreprises décidées ces derniers mois. À la sortie du premier confinement, et jusqu’en juin 2022, une entreprise bénéficie d’une prime de 5 000 euros pour l’ embauche d’un·e alternant·e mineur·e et de 8 000 euros pour l’embauche d’un·e alternant·e majeur·e. Une mesure forte qui a entretenu et relancé la dynamique.

L’enjeu du financement
D’un côté, l’engouement pour l’apprentissage et la dynamique positive pour l’emploi qu’il engendre, de l’autre un problème structurel : le sous-financement de la réforme Pénicaud de 2018. L’apprentissage n’est plus une voie de garage synonyme d’échec scolaire, mais l’apprentissage et les mesures pour le booster coûtent cher. L’une des premières questions que devra se poser le gouvernement élu en 2022 : faut-il prolonger la prime à l’embauche d’un·e alternant·e pour entretenir encore la dynamique ou revenir à la situation pré covid, qui proposait une aide dégressive réservées aux entreprises de moins de 250 salarié·es ?

En conséquence de la progression record de l’apprentissage, le conseil d’administration de France compétences, l’instance qui régule le secteur depuis 2018, a voté un budget 2022 dans le rouge, avec un déficit estimé à 3,7 milliards d’euros. L’État va devoir sortir le chéquier. Même constat pour le compte personnel de formation. La Caisse des dépôts, qui gère le CPF, estime que les engagements publics pour la formation devraient s’établir à 2,6 milliards d’euros pour cette année, pour un budget initial de seulement 1,4 milliard d’euros. Autant dire que le chantier d’un financement plus complet de la réforme de 2018 et de l’apprentissage sera un sacré défi de l’exécutif dès l’an prochain. Malgré tout, le ministre du Travail et le Budget tablent sur le même nombre de contrats d’alternance signés en 2022 qu’en 2021.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.