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Alors que l’Iran signe des accords de paix avec ses voisins arabes, son gouvernement s’attelle – en parallèle – à faire monter l’escalade de violence avec Israël.
La fête juive de Pessah a encore été le théâtre d’une trentaine de roquettes tirées par des mandataires de Téhéran. Dans cette crise diplomatique, la gestion de Netanyahou laisse à désirer. Et un par un, ses alliés le lâchent.
Zeev Snir, ancien patron de la Commission israélienne pour l’énergie atomique, en avait gros sur le cœur. Dans une prise de parole accordée au quotidien Yediot Aharonoth, il estimait que son Premier ministre n’avait pas le sens des priorités. Dans un monde où l’Iran déploie toutes ses forces pour se procurer l’arme nucléaire, il est vrai que régler ses ennuis judiciaires et réformer la Cour suprême n’apparaissaient pas comme urgent…
Une armée divisée
Cela fait déjà plusieurs mois que Benyamin Netanyahou collectionne les écueils. En février, sa population montait au créneau pour protester contre le projet de réformer l’Institution judiciaire. Le Premier ministre et sa coalition d’extrême droite veulent réduire le pouvoir de la Cour suprême, soulevant ainsi la question d’un coup d’État orchestré.
C’est dans ce contexte que le récent regain de tension avec Téhéran s’est posé. Et alors que l’unité a toujours fait la force d’Israël, les premiers signes de scission se manifestent. Dans une lettre ouverte publiée sur Le Monde, deux anciens généraux hauts gradés du Tsahal expriment leur désaccord avec la politique menée. « Aujourd’hui, la menace qui pèse sur Israël vient de son propre gouvernement », peut-on lire dans le courrier. Roy Riftin et Joab Rosenberg ne mâchent pas leurs mots sur un exécutif qu’ils considèrent irresponsable.
Dans leur sillage, nombre de réservistes ont pris la décision de ne plus servir leur pays et la capacité d’Israël à se défendre s’amenuise dangereusement. À un tel point que l’intégrité du pays est en jeu.
Dans une région où la démocratie est sous représentée, ce constat inquiète. Les deux militaires le pointent d’ailleurs dans leur lettre : « Nous avons consenti ces sacrifices parce que Israël a toujours été un modèle de tolérance et de démocratie dans une région qui en manque cruellement », ont-ils écrit avant de demander l’aide de leur population pour conserver ce modèle.
Les États-Unis quittent le navire
Autre coup dur pour Benyamin Netanyahou, les États-Unis – son allié historique – le quitte peu à peu. Les réponses ultra-violentes d’Israël aux agressions de ses voisins ont fini par effriter la patience de Washington. L’ancien conseiller à la Sécurité nationale, Yaakov Amidror, a déclaré qu’Israël devrait se préparer à la guerre sans l’aide de Biden.
« L’Amérique n’est plus la même en termes de présence, et les Iraniens le voient bien. Les États-Unis ont des problèmes bien plus importants que le Moyen-Orient. Le monde regarde Israël différemment », analyse l’expert du sujet.
L’Iran, de son côté, ravive ses relations avec l’Arabie Saoudite. En mars, les deux pays avaient signé un accord de réconciliation à Pékin, qui redonne du poids à Téhéran dans la région. Le momentum change radicalement de camp…
D’ailleurs, les déclarations étasuniennes sur l’armement nucléaire iranien ne sont plus si fermes. Le général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines semble moins virulent. Dans ses dernières déclarations, il affirme qu’il empêchera l’Iran de « mettre en place » et « déployer » une arme nucléaire. Entre les lignes, on devine un accord tacite pour la fabrication d’un engin nucléaire iranien, évidemment non destiné à l’usage.
La guerre apparaît alors comme de plus en plus probable… Et les directions politiques de Benyamin Netanyahou ne laissent pas présager d’une très grande victoire israélienne. La démocratie au Moyen-Orient est en très grand danger.