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L’entourage du Président de la République encourage une réforme des retraites avant la présidentielle. Avec en tête : repousser l’âge de départ à 64 ans ?
D’abord la suspension du texte de l’assurance chômage par le Conseil d’État. Puis l’échec – attendu – des élections régionales. Au gouvernement, l’entourage d’Emmanuel Macron prône la mise en place d’une réforme forte, à un an de l’échéance présidentielle. Les retraites, par exemple ? du moins le dossier refait surface. Avec au premier chef : repousser à 64 ans l’âge de départ à la retraite ! Explications.
« On n’a jamais intérêt en politique à remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui », estime le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Lui qui fait partie de ces pro-réformes, selon Les Échos, avec entre autres Alexis Kohler ou Sébastien Lecornu. Tous les trois poussent à remettre sur la table l’épineux dossier sur la réforme des retraites. Un moyen aussi pour redonner à Emmanuel Macron cette image de transformateur. Qui a quelque peu vacillé ces dernières semaines. Timing étonnant d’autant plus que les Français·es seraient réticent·es à un dernier coup de collier avant 2022. Selon un sondage Opinionway-Square, 55 % d’entre eux·elles ne sont pas favorables à une réforme juste avant les présidentielles.
Vers un départ à la retraite à 64 ans ?
Ce serait la mesure phare de cette réforme : allonger de deux ans l’âge de départ à la retraite ! De façon progressive. Ainsi, la première génération née en 1961 ne partirait plus à la retraite à 62 ans, mais 62 ans et demi. Jusqu’à la génération née en 1964. Pour les générations suivantes, le recul serait de deux ans avec ouverture des droits en 2028-2029. Ces hypothèses restent théoriques et s’inscrivent dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale de 2022. D’où l’urgence, puisque celui-ci sera voté en octobre. « C’est deux lignes dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Comme ça, si les gens n’en veulent pas, ils ne reconduiront pas Emmanuel Macron », commente, toujours pour Les Échos, un élu proche du Président de la République.
L’objectif de la réforme tend, en partie, à résoudre une crise démographique. Les séniors seront à l’avenir de plus en plus nombreux. « Le fait que le déséquilibre financier des retraites résulte largement de causes démographiques pose le débat du relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite – ou des conditions de la retraite à taux plein –, relèvement qui aurait par ailleurs un effet favorable sur l’activité économique grâce à l’augmentation de la population active », défend la Cour des comptes. Sur ce déséquilibre financier : le déficit du système des retraites s’élève à 13 milliards d’euros en 2020 selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Bien moins que ce qui était annoncé en novembre (25 milliards d’euros).
Surtout, la réforme des retraites reste une promesse de campagne d’Emmanuel Macron lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2017. La réforme, suspendue il y a plus d’un an, visait la création d’un système universel pour mettre fin aux régimes spéciaux (SNCF, industries électriques et gazières…). Et vantait les mérites d’un mécanisme par points et répartition : « Chaque euro cotisé donne les mêmes droits », peu importe votre métier ou statut. Chaque heure travaillée, donc, ouvre des points. Enfin – en plus d’un âge pivot avec une logique de bonus-malus – la réforme prévoyait la prise en compte de l’intégralité de la carrière. Non plus les 25 meilleures années pour les salarié·es. Ou les six derniers mois pour les fonctionnaires, grand·es perdant·es de cette éventuelle réforme ?
De vives réactions
Forcément, une telle réforme fait couler beaucoup d’encre. Et agace certains syndicats. « C’est un dangereux passage en force alors que l’on sait qu’aujourd’hui la moitié des salariés qui liquident leurs droits avant la retraite sont sans emploi », estime-t-on à FO. Une telle réforme « surprendrait terriblement » la CPME. Pour Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef : « Les retraites, c’est un débat de la présidentielle ! »
Bref, cette réforme des retraites ne revient pas par hasard sur le devant de la scène. Une décision économique mais aussi – voire surtout – politique pour Emmanuel Macron. Le chef de l’État ne devrait pas tarder à faire ses annonces. A priori avant le 14 juillet. Moins d’un an avant l’élection présidentielle, cette réforme – quelle que soit son issue – aura une influence sur les choix des citoyen·nes en 2022…
GW