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Vincent Naigeon, créateur et directeur de Masterbox

« 13 % des artisan·es ont enregistré une baisse de plus de la moitié de leur chiffre d’affaires en 2020 »

Ils·elles font rayonner le made in France et nos savoir-faire locaux. Mais nos artisan·es – véritable poumon économique du pays – ont aussi souffert des sautes d’humeur Sars-CoV-2. Certains secteurs plus que d’autres. Principal enseignement de cette crise pour les artisan·es : une présence numérique quasi obligatoire pour survivre ! Comment l’artisanat français traverse-t-il ce tsunami 2020-2021 ? Entretien avec Vincent Naigeon, créateur de Masterbox, une marketplace qui met en contact les artisan·es et les consommateur·rices tourné·es vers les produits locaux.

La crise dure depuis plus d’un an, quel impact sur l’artisanat en France ?

La pandémie ne frappe pas tous les secteurs avec la même intensité. Si vous regardez les producteur·rices de fromage, bière ou charcuterie, eux·elles s’en sortent plutôt bien. D’abord parce qu’ils·elles proposent des produits alimentaires, donc essentiels au regard du gouvernement. Et puis, ces mêmes produits restent très demandés par les Français·es durant la crise. À l’inverse, pour le textile ou la maroquinerie –dont l’activité est jugée « moins essentielle » – la crise a mis à mal les artisan·es de ces secteurs. Avec des pertes évidemment considérables. Au global, 13 % des artisan·es ont enregistré une baisse de plus de la moitié de leur chiffre d’affaires en 2020. La fermeture des marchés de Noël a aussi été un désastre. D’ailleurs, nous avons chez Masterbox préparé un marché de Noël en ligne pour que les artisan·es continuent à vendre leurs produits.

Alors oui, les artisan·es bénéficient des aides de l’État. Comme le fonds de solidarité. C’est une bonne chose, certes. Mais ils·elles préfèrent retrouver leurs client·es pour renouer avec une dynamique. Poursuivre leur activité, c’est tout ce qui compte.

Les artisan·es, eux·elles aussi, ont compris la nécessité d’une présence numérique ? Pas toujours simple pour des gens habitués aux contacts humains ?

Quand vous faites zéro vente, vous n’avez plus le choix. Même si certain·es peuvent avoir des réticences au départ. Il faut bien vivre ! Donc effectivement, je crois que la crise covid a joué un rôle de catalyseur pour l’adoption de solutions numériques. Les artisan·es ont compris qu’ils·elles n’avaient plus d’autres choix que de vendre leurs produits sur Internet. Sortir de leur zone géographique. Problème, le plus souvent, les artisan·es passent leur journée sur leur exploitation, ils·elles ne peuvent pas s’en occuper. Par manque de compétences et/ou de temps ! Pour un certain nombre, ils·elles possèdent déjà un site Web, mais il ne fonctionne pas ou mal – aucun retour de la part de leurs client·es.

Nous essayons avec Masterbox d’accompagner ces artisan·es dans leur transformation numérique. L’État a aussi mis en place en parallèle un chèque numérique à hauteur de 500 euros. Mais franchement, 500 euros… Vous ne pouvez rien faire sur Internet avec cette somme ! C’est une rustine sur un pneu déjà crevé. Il faut au moins 10 000 voire 20 000 euros pour commencer à acquérir du trafic.

Les artisan·es – en raison notamment de leur activité manuelle – ne sont-ils·elles pas assez valorisé·es ?

Absolument. Pendant des décennies, on a opposé l’artisanat à des métiers dits plus intellectuels. Comme si l’artisanat se réduisait à des activités purement manuelles. On l’a aussi trop considéré comme quelque chose de « ringard ». Fort heureusement, la tendance s’inverse peu à peu. Je vois des gens qui avaient parfois des hauts postes de cadres et qui ont tout lâché pour se lancer dans l’artisanat. Pour plus de sens, impulser de la nouveauté et innover. Parfois, la prise de conscience arrive tard, avec un sentiment d’avoir perdu du temps dans sa vie. Les métiers – en partie – manuels demeurent de nouveau plébiscités. Et ces néo-artisan·es veulent susciter un réel impact sur la société. Ou au moins à l’échelle locale et sur leur entourage.

Propos recueillis par Geoffrey Wetzel

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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