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Phobie administrative, ce qu’en dit un psy

Un fait : la « phobie administrative » n’est pas reconnue dans la classification internationale des troubles psychiatriques. Pourtant, les psychiatres la prennent au sérieux : il s’agit d’une réalité. Du courrier qui s’entasse, jamais ouvert, des démarches sans cesse reportées, une demande de remboursement jamais finalisée : autant de signes possibles d’une phobie administrative.

Une phobie se caractérise « par une angoisse démesurée qui envahit le sujet, lequel a conscience du caractère irrationnel de sa peur mais n’arrive pas à la contrôler », décrit le Dr Gérard Macqueron, psychiatre libéral à Paris. Dans le cas d’une phobie administrative, « plus la personne reporte l’échéance, plus sa situation devient angoissante et moins elle se sent capable de l’affronter, car à ses craintes imaginaires initiales s’ajoutent les conséquences réelles de son attitude d’évitement », creuse le psychiatre, qui souligne le sentiment de honte associé au phénomène. En réalité, évoquer une « phobie administrative », c’est se retrancher derrière des attitudes variées face à des réalités hétérogènes : difficulté à s’organiser, manque d’autodiscipline, incapacité à assumer ses responsabilités, manque de concentration ou encore un profond…apragmatisme.

Jouir de la désobéissance civique
La phobie administrative touche par exemple des personnes « perfectionnistes, scrupuleuses » qui « ouvrent leur courrier et vérifient sans cesse ce qui est demandé
pour être certaines d’avoir bien compris » Premier cas. Dans un second cas, la phobie administrative relève plutôt d’une « mauvaise foi évidente, sous-tendue par un comportement psychopathique », relève le médecin. Le psychiatre parle même d’« un sentiment de puissance et de pouvoir sur la société » et une tendance à la victimisation face à la « machine administrative ».

Dépression et schizophrénie 
Mais le descriptif clinique n’est pas clos : la phobie administrative pourrait aussi relever d’une pathologie psychiatrique sévère comme la dépression. Et pourquoi pas relever d’une « démence dans laquelle le patient irresponsable ne sait plus gérer ses comptes » ou de la schizophrénie « au cours de laquelle les éléments délirants et l’apragmatisme conduisent souvent à l’isolement et à l’incapacité de répondre aux demandes administratives », liste le Dr Macqueron côté extrême. On l’a compris, selon le diagnostic posé, la sortie (la guérison ?) de cette phobie ne relève pas des mêmes « traitements ». Dans le cas de la pathologie psychiatrique, cela passera par le soin. Dans le cas d’une mauvaise foi, l’ordonnance du Dr Macqueron échappe aux protocoles médicaux : « Le rappel à la loi et les sanctions qui en découlent restent le meilleur outil thérapeutique. »

Et si la cause initiale relevait des administrations courtelinesques? 
Pourquoi ne pas « rendre le tri et les démarches administratives plus attractives : écouter en même temps de la musique, se récompenser après avoir atteint l’objectif ou se faire aider par un ami », préconise le psychiatre. Peut-on ajouter une supplique ? François Hollande parla, un temps, de « choc de simplification », en faisant allusion aux administrations capables de « pondre » des formulaires et des processus à même de rendre fous les moins phobiques. Il faudra que les psychiatres dépeignent cet autre syndrome qui veut que des gratte-papier à la Courteline s’ingénient à compliquer ce qui pourrait relever du simplissime…

À retrouver en intégralité dans le BestOf2020 d’ÉcoRéseau Business, toujours disponible en kiosque. www.ecoreseau.fr/ecoreseau-en-kiosque/

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