Les pandémies comme la covid-19 pourraient « émerger plus souvent », s’inquiète l’ONU

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Les activités humaines seront (et sont déjà) responsables de l’arrivée de pandémies plus régulières.

Près de 50 millions de cas dans le monde. Déjà plus d’1,2 million de décès observés. Et si la crise covid-19 constituait le début d’une longue série de pandémies ? À en croire un rapport publié par l’Organisation des Nations unies (ONU) jeudi 5 novembre, les pandémies pourraient se multiplier si nous ne transformons pas notre système économique et notre façon de consommer. Les expert·es de la biodiversité de l’ONU alertent sur l’immense réservoir de virus inconnus au sein du monde animal. Analyse.

Si nous ne réagissons pas, les pandémies comme la covid-19 pourraient s’immiscer dans nos vies d’une façon beaucoup plus régulière et ainsi « émerger plus souvent, se répandre plus rapidement, tuer plus de gens et avoir des impacts dévastateurs sans précédent sur l’économie mondiale », peut-on lire dans le rapport de l’ONU. Premier enseignement à tirer : le monde animal affiche encore une flopée de virus inconnus. Environ 1,7 million de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux, dont entre 540 000 et 850 00 « auraient la capacité d’infecter les humains », voilà les chiffres mentionnés dans la revue Science en 2018. D’autant plus problématique que les contacts ne cessent de se resserrer entre animaux sauvages, d’élevage et les êtres humains. En effet, 70 % des nouvelles maladies comme Ebola ou la quasi-totalité des pandémies (covid-19, grippe etc.) s’assimilent à des zoonoses, ce qui signifie qu’elles proviennent de pathogènes animaux.

Les activités humaines pointées du doigt
Il ne s’agit pas de blâmer le monde animal. Ce sont bien les êtres humains, par leurs activités, qui sont à l’origine du dérèglement de la biodiversité. La faute aux activités humaines, ni plus ni moins. Ces mêmes comportements moteurs du changement climatique et de la destruction de la biodiversité ont tendance à « stimuler les risques de pandémie en raison de leurs impacts sur notre environnement », commente Peter Daszak, qui a dirigé l’élaboration du rapport.

De là, « la modification de l’utilisation des terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi qu’un commerce, une production et une consommation non soutenables perturbent la nature et accroissent les contacts entre vie sauvage, animaux d’élevage, pathogènes et humains. C’est la voie vers les pandémies », s’alarme le chercheur.

Appel à réactions, essentiel aussi pour l’économie
Mieux vaut prévenir que guérir. D’abord, les expert·es plaident pour l’identification des zones géographiques les plus à risques. Puis, au premier chef d’un ensemble de stratégies de prévention : réduire l’empreinte humaine sur la nature ! Une urgence. Agir sur de multiples leviers comme réduire la déforestation et la destruction des habitats,  et revoir à la baisse le commerce d’espèces sauvages. Plus globalement,  repenser le modèle agricole et économique pour en finir – ou presque – avec les activités connues pour leur impact environnemental négatif. Comme la production d’huile de palme, l’élevage pour la viande, les bois exotiques… la liste serait trop longue. Bref, les mêmes recommandations que celles dictées par les spécialistes du changement climatique. Pas de mystère pour John Spicer, professeur de zoologie marine à l’université de Plymouth, la crise covid-19, la crise de la biodiversité et la crise climatique s’apparentent à « une seule et même crise » !

Une nécessité aussi pour l’économie. Car celles et ceux qui s’inquiètent du coût d’un changement de paradigme de notre système économique, coût réel certes, les expert·es anticipent que ne rien faire maintenant coûterait encore plus à l’économie, « dix fois plus ». Autrement dit, investir aujourd’hui pour prévenir les futures pandémies coûterait moins que d’attendre demain et subir plus régulièrement les épisodes pandémiques à venir. Celui de la covid-19 aurait déjà coûté entre 8 000 et 16 000 milliards de dollars (jusqu’à juillet 2020). La balle est dans notre camp… pour le moment. GW.

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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