« Les chief remote officers ? Une vue d’hélicoptère de l’entreprise… », illustre Florent Chapus, associé au cabinet EIM

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Florent Chapus

La crise a mis en lumière de nouveaux métiers. Parmi eux, celui de chief remote officer. Quèsaco ?

« Vive la crise ? », titrions-nous en couverture d’un numéro d’ÉcoRéseau Business pour rappeler toutes les opportunités qui découlent d’un séisme économique… et la crise covid ne fait pas exception. Après les chief covid officers ou contact tracers, un nouveau métier a profité du fléau Sars-CoV-2 – et la nécessaire mise à distance des salarié·es – pour voir le jour : le·la chief remote officer ! Florent Chapus, associé auprès du cabinet EIM, créé en 1989 et spécialisé dans le management de transition, nous dévoile les contours de cette nouvelle fonction. Entretien.

Concrètement,  à quoi ressemble le quotidien des chief remote officers ? Quelles tâches leur sont confiées ?

Comment appréhender le télétravail ? Comment y faire face ? Beaucoup d’entreprises se sont retrouvées démunies lorsqu’il a fallu basculer en télétravail. Et l’on s’est rendu compte qu’il n’y avait personne pour accompagner au mieux cette transition. D’où l’arrivée des chief remote officers. Leurs tâches sont multiples notamment parce que le télétravail demeure multifacette. Concrètement, les chief remote officers veillent notamment à ce que l’ensemble des collaborateur·rices puissent travailler dans de bonnes conditions à distance, qu’ils·elles soient bien équipé·es en ordinateur et connexion Internet. Gérer aussi les horaires de travail, les règles de présence, préciser aux salarié·es quand ils·elles peuvent ou doivent venir au bureau, les créneaux horaires sont-ils les mêmes à distance ? Toutes ces questions pratiques doivent être chapeautées par les chief remote officers. Faire en sorte que l’entreprise tienne le choc d’une mise à distance de ses équipes et que la cohésion entre les collaborateur·rices soit maintenue. La mise en place de formations pour les managers pour s’adapter à guider leurs équipes à distance sera la bienvenue. Ce ne sont pas les chief remote officers qui dispenseront ces formations mais ils·elles travailleront à ce qu’elles existent.

Au-delà des aspects pratiques, le·la chief remote officer devra aussi surveiller la santé mentale des salarié·es et leur apporter du soutien, on sait combien le télétravail peut être mal vécu. Derrière, il faudra aussi se plonger dans toutes ces questions juridiques liées à la responsabilité de l’entreprise en cas de drames ou d’accidents dans le cadre du télétravail, le sujet a parfois tétanisé les directions des ressources humaines. Les chief remote officers seront habilité·es à s’en occuper. En bref, leur objectif sera de tout mettre en œuvre pour que ce passage en télétravail, encore marginal avant la crise, n’entrave le fonctionnement –dans les meilleures conditions possibles – de l’entreprise.

Y a-t-il un profil type pour exercer le métier ? Des compétences ou qualités spécifiques ?

D’abord, je pense que la personne qui  plébiscite ce poste se doit « d’avoir de la bouteille » dans l’entreprise. Quelqu’un qui sait comment fonctionne la structure de A à Z. Cette personne pourrait être – notamment – un·e ancien·ne dirigeant·e d’entreprise. Les chief remote officers ont une vue d’hélicoptère au sein de l’entreprise. Avec aussi un rôle de gestion de projet, soit insuffler un certain nombre de directions à prendre pour la société mais sans rôle hiérarchique. Car non, chief remote officer ne rime pas avec patron·ne ! Il s’agit vraiment d’un métier de coordination.

Last but not least… celui ou celle qui endossera ce rôle devra faire preuve d’une très grande humanité. Un tel changement pour les salarié·es, à distance du jour au  lendemain – ou presque – ne doit pas s’opérer sans ce côté humain. Être capable de comprendre que certain·es éprouvent des difficultés à travailler à domicile, s’armer de patience quand il le faut.

Chief remote officer, métier d’avenir ou de passage ?

Je crois que tout le monde a compris que le télétravail allait perdurer. Sans doute au-delà de la crise. Ce n’est pas un épiphénomène. On ne travaillera plus à l’entreprise comme avant. Donc toute cette coordination à distance, il faudra l’engager et la poursuivre au mieux.

Après – bien entendu – au fil des années, le poids des chief remote officers sera peut-être moins considérable, auquel cas on pourra les rattacher à une direction en particulier. D’ailleurs, sur ce point, j’estime que le plus judicieux serait de rattacher les chief remote officers à la direction générale et non, par exemple, à la direction RH ou financière. Pour bien ancrer dans  les esprits que tout·es les salarié·es doivent se sentir concerné ·es par le travail des chief remote officers, qui ne s’adressent pas davantage à un pôle plutôt qu’un autre. Pour l’heure, en France, on ne trouve pas encore de chief remote officers qui exercent ce métier, du moins sous cette dénomination, car pas mal de personnes le font déjà en réalité. Mais la demande ne saurait tarder à bondir…

Propos recueillis par Geoffrey Wetzel

 

Journaliste-Chef de service rédactionnel. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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