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50° degrés au Canada, un rapport des experts du climat désastreux, la multiplication des phénomènes météo « anormaux », la certitude désormais que la planète entière va malmener toutes les espèces et radicalement l’Homo sapiens, mais une inertie « coupable », en France, sur le renouvelable, notamment solaire, quand se multiplient les freins sur les éoliennes…
Notre consœur Bruna Basini dresse le bilan, dans le JDD du 13 juin, d’une filière photovoltaïque française dans laquelle EDF joue les « éléphants », histoire de capitaliser sur le nucléaire et retarder le raccordement des installations privées, bien en accord avec le gouvernement qui investit plus volontiers dans les vaccins contre le virus que dans l’avenir de l’énergie renouvelable. L’heure n’est pourtant plus aux « ratages » de ce type. OM
Paradoxe, on croyait l’énergie solaire en route vers un avenir radieux, dopée par les milliards du plan de relance et voici que le gouvernement planche sur des coupes tarifaires majeures pour la filière et qu’il négocie dans la douleur avec Bruxelles la régulation du nucléaire historique.
La politique erratique de l’État
« Après le go, c’est le retour du stop, je suis sidéré ! » La formule lâchée par un producteur d’électricité à la sortie de la réunion de concertation avec les pouvoirs publics vendredi [11 juin] à la Défense, capte bien les méandres de la politique déployée par l’État pour bâtir une filière dans les énergies renouvelables depuis trois décennies. Une alternance de subventions, de crédits d’impôts, de moratoires et de baisses tarifaires. Le « stop » est donc de retour et il s’abat cette fois sur un millier de producteurs d’électricité solaire.
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EDF : l’éléphant nucléaire au milieu de la pièce
S’il y a un point sur lequel quasiment tous les observateurs, écologistes en tête, s’accordent, c’est l’effet ralentisseur pour la filière photovoltaïque du champion de l’atome, EDF, avec ses contrats standardisés au prix fixe de 42 euros et l’inertie de ses filiales de distribution (Enedis et RTE). Même si l’énergéticien s’est diversifié dans le renouvelable dès les années 1990 dans l’hexagone et à l’international, le solaire est longtemps resté une fée électricité marginale.
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Chez EDF, on impute ces dysfonctionnements aux problèmes d’organisation après le découpage entre l’énergéticien et ERDF (devenu Enedis) dans les années 2000. « Encore aujourd’hui, malgré une bonne coopération avec le distributeur, il faut compter quatre ou cinq mois pour être raccordés après la fin des travaux d’une installation », objecte Jean-Philippe Fau, aux commandes de Sonnedix. De quoi douter de la capacité de la France à multiplier par cinq d’ici à 2028 sa production solaire, en ligne avec la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Lesté de deux plans, Cap 2030 (doublement des capacités renouvelables installées d’ici à 2030) et Plan solaire, l’« éléphant » EDF, lui, fait désormais route vers la piste photovoltaïque. Classé dans le top 10 des producteurs mondiaux, il vient de donner le coup d’envoi à la construction du plus grand parc solaire au monde à Al-Dhafra aux Émirats arabes unis.
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Un marché frappé par un contentieux de masse
Karine Leboucher, avocate à Montpellier, est incapable de chiffrer le nombre de litiges liés aux panneaux solaires, mais elle sait que sur 60 affaires quotidiennes, trois ou quatre dossiers sont liés à des installations photovoltaïques achetées par des particuliers.
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Signe de l’intérêt qu’ils lui portent encore, les principaux établissements de crédit (Cetelem, Sofinco et plusieurs filiales du Crédit mutuel) accordent toujours, bon an mal an, 400 millions de prêts aux particuliers pour ce type d’investissement. Et les litiges explosent.
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Très en pointe sur le sujet, Karine Leboucher s’inquiète déjà des contrats signés dans le cadre des foires qui font leur retour. « Attention, le délai de rétractation de quatorze jours ne s’applique pas dans ce cas », prévient-elle. À bon entendeur.