Le verbatim de… Hervé Guyader

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« Et si les fonds d’investissement volaient au secours des entreprises ébranlées par la covid ? »

La reprise économique est sur les rails, il n’empêche que nombre d’entreprises peinent encore à recoller les morceaux dispersés par une année 2020 violente à plus d’un titre. Parmi les freins à un véritable rebond et à une sortie de crise, l’assèchement des fonds propres des entreprises inquiète. Et leur reconstitution est menacée par la frilosité des banques. Hervé Guyader, avocat au barreau de Paris et président du Comité français pour le droit du commerce international (CFDCI) estime que les tout puissants fonds d’investissements ont ici un grand rôle à jouer. Il a détaillé son analyse dans une tribune pour Les Échos.

« L’aéronautique, les transports, la restauration, le spectacle ou l’événementiel », l’auteur de la tribune passe en revue une partie des secteurs qui n’ont pas pu travailler et performer pendant plusieurs mois. Pour des milliers d’entreprises, le même constat : leurs fonds propres ont fondu comme neige au soleil et les aides de l’État qui ont permis de limiter la casse n’ont plus qu’un impact très limité. Tout le constat est là : la reprise économique tant attendue se pointe et les prévisions de croissance sont revues à la hausse, mais si les entreprises ne parviennent pas à reconstituer des fonds propres stables, le rebond pourrait bien précéder une nouvelle chute. Pour redémarrer durablement l’économie, les entreprises, doivent être en mesure d’assurer leur roulement et leurs achats de fournitures et de matières premières, gare à la crise des approvisionnements. Problème : la reconstitution de ces fonds propres s’avère très complexe, et les banques peinent à assurer des crédits actuellement. La solution proposée par Hervé Guyader : que les fonds d’investissement suppléent les banques et apportent aux entreprises les fonds nécessaires. Souvent craints ou décriés, ces fonds sont bel et bien de potentiels « pourvoyeurs d’argent frais » qu’il s’agirait de ne pas négliger dans une période de besoin. Après tout, une créance reste une créance… ABA

 

« Les espoirs d’un retour à la vie d’avant débarrassée des contraintes sanitaires paraissent d’autant plus vifs que la reprise économique est déjà enclenchée. Les chiffres de la consommation des ménages semblent pouvoir relancer la croissance avec des taux dignes des Trente glorieuses. La consommation de champagne est la plus forte depuis près de 300 ans, signe incontestable d’une aspiration au bonheur retrouvée.
Les plus optimistes imaginent déjà que la page de la covid est tournée. Le monde des affaires est cependant plus méfiant car si les aides de l’État français ont permis d’éviter des dizaines de milliers de faillites, leur action est désormais très limitée.
Les dix-huit derniers mois de crise ont asséché les fonds propres des entreprises de la plupart des secteurs qui n’ont pas pu travailler, dans l’aéronautique, les transports, la restauration, le spectacle ou l’événementiel. Or un redémarrage de l’économie suppose des fonds propres, ne serait-ce que pour l’achat des fournitures et matières premières, faute desquelles aucune activité n’est possible. Car avant de vendre, il faut produire, construire, fabriquer.

Suppléer les banques
La reconstitution de fonds propres est une difficulté qui concerne au premier rang les banques qui, asséchées, vont avoir du mal à assurer leur rôle de dispensateurs de crédits. Leur recapitalisation est une nécessité qui peut obliger à une réflexion tous azimuts : rétention de bénéfices, restructurations d’actifs ou émission de nouveaux titres financiers. Les banques ont besoin de fonds propres suffisants pour être agiles et généreuses.
Les fonds d’investissement pourraient suppléer à cette carence des banques en apportant aux entreprises les fonds nécessaires. Certains ont collecté l’affluence d’épargne des particuliers et de certaines entreprises qui ont pu bénéficier des confinements comme le secteur numérique. Ces fonds disposent de liquidités importantes et de cibles à capitaliser car il est un principe éternel que l’argent a besoin de circuler pour générer des profits. 

Secteur événementiel
Il semble donc opportun de permettre à certains fonds de pouvoir recapitaliser les entreprises qui en ont besoin, en particulier dans l’événementiel. C’est la solution qui paraissait pouvoir sauver le géant français de l’événementiel Comexposium (La Foire de Paris, Le Salon de l’Agriculture, Paris Games Week…), touché de plein fouet par les fermetures liées à la crise de la covid-19. La malchance voulut que l’entreprise ait procédé à quelques achats pour près de 300 millions d’euros fin 2019.
Le pool des créanciers n’a pas tardé à céder ses créances à des fonds d’investissement qui se proposent d’alléger la dette détenue de près de 580 millions à 290 millions en plus de l’injection de 175 millions d’euros frais.
La Chambre de commerce de Paris et Predica, les actionnaires originels, préfèrent, eux, la voie de la procédure de sauvegarde déclenchée en septembre 2020, reconduite depuis, et qui permet de geler les créances. Sauf qu’entre-temps, la masse salariale fond à vue d’œil et, en France, 135 postes sur 400 ont déjà être supprimés. »

Retrouvez l’intégralité de la tribune ici

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