Le verbatim de… Fabrice Imbault, directeur général d’A Plus Finance

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Face aux aléas de la crise sanitaire et économique et en réponse aux besoins de trésorerie des entreprises, les dispositifs d’aides d’urgence se sont multipliés ces derniers mois. À commencer par les prêts garantis par l’État (PGE). Le dénominateur commun de ces dispositifs : tous entretiennent l’accumulation de la dette par les entreprises. Dans sa tribune publiée par Les Échos, Fabrice Imbault, directeur général d’A Plus Finance, s’interroge donc : le surendettement est-il une nécessité pour favoriser le retour de la croissance ou au contraire une « bombe à retardement » ?

Le montant de la dette des entreprises tricolores grimpe en flèche, tout particulièrement depuis deux ans. Loin de n’être qu’une mauvaise nouvelle, la dette participe à la sauvegarde des entreprises, notamment en fournissant des fonds indispensables à l’instant T. Preuve du rôle crucial des dispositifs étatiques d’aides d’urgence (facteurs de dette) : le nombre d’entreprises en redressement judiciaire était en baisse de 35 % en avril 2021, par rapport à 2020. Surtout, les sociétés ont plébiscité le recours aux PGE (600 000 demandes). Mais qui dit prêts dit remboursements. Si la plupart pourront s’étaler à court et moyen termes, certains seront difficilement ou pas remboursés, et d’autres n’auront fait que repousser des défaillances inévitables. Autres outils d’endettement et de relance censés soutenir le bilan des entreprises et favoriser leur développement : les Prêts participatifs relance (PPR) et les Obligations Relances. Problème, ces dispositifs peinent à trouver leur public et leur nécessité réelle interroge. Dans la stratégie actuelle, on estime que la limite tient à un manque d’investissement dans les entreprises françaises que l’on souhaite résoudre par des systèmes de crédits. Ne faudrait-il pas plutôt moderniser notre économie dans son ensemble ? La réussite de la French Tech en est un bel exemple. ABA

 

La dette des entreprises françaises n’a fait qu’augmenter au cours des deux dernières années, avoisinant les 2 000 milliards d’euros au premier trimestre 2021. Cependant, toute dette n’est pas mauvaise et d’aucuns diront même que celle-ci a participé à sauver nos entreprises, notamment grâce aux dispositifs étatiques. Le chômage partiel a par exemple permis d’alléger le coût du travail et le report des dettes fiscales a temporairement réduit le poids des charges sociales. Le nombre d’entreprises en procédure de redressement judiciaire avait même diminué de 35 % en avril 2021 par rapport à l’année précédente.

Des outils plus ou moins efficaces
Alors évidemment, difficile d’affirmer que la crise économique est totalement derrière nous. Avec plus de 600 000 demandes de PGE et seulement 3 % de refus par les banques, il est clair qu’ils ne seront pas tous remboursés et que certains n’auront servi qu’à différer une défaillance annoncée. Mais en tant que système global, leur effet bénéfique est indiscutable. Alors que 60 % des entreprises en ayant fait la demande ne l’ont pas complètement utilisé, il s’apparente désormais davantage à un outil de trésorerie. Et tant mieux, car le renforcement de la trésorerie des entreprises est un moyen de consolider des positions dans un univers concurrentiel de plus en plus féroce.

C’est d’ailleurs l’objectif de systèmes de relance élaborés plus récemment qui visent moins à soutenir les entreprises pendant la crise qu’à les aider à relancer leur activité après la covid. Entre les Prêts participatifs relance (PPR) lancés au printemps dernier et les Obligations Relances, système de financement sur le long terme et censé soutenir le bilan des entreprises pour leur permettre de continuer à investir dans leur développement, le gouvernement, avec l’aide des assureurs, continue d’innover.

Cependant, ces dispositifs sont complexes et, si nous n’avons pas encore de recul sur ces Obligations Relances qui arrivent juste sur le marché, force est de constater que les PPR ont du mal à trouver leur public. Mal conçus pour les uns, source d’endettement comptable pour les autres, la question relève peut-être aussi du besoin réel des entreprises en sources de financement supplémentaires.

Nous partons du principe que la demande est là et que nous sommes face à un problème d’offre, donc d’investissement, mais est-ce vraiment le cas en France ? D’un point de vue sectoriel, à l’exception du luxe, nos grands champions ne sont pas dans les secteurs qui tirent la croissance économique mondiale. De fait, la question de l’investissement dans des secteurs de « l’ancienne économie » se pose. Les marchés de nos entreprises ne sont pas exponentiels et certains sont limités par une croissance structurellement faible.

Moderniser l’économie française
Plutôt que relancer, l’objectif devrait être de moderniser notre économie. Du digital, à l’environnemental en passant par le social, les défis ne manquent pas. Il y a des sujets de fonds qui ne peuvent pas être réglés par la planche à billets. Le politique a son rôle à jouer comme entraineur d’une économie plus cohérente et tournée vers l’avenir. L’exemple des « licornes » en France est en cela très révélateur. Sous l’impulsion politique, la French Tech se développe depuis 2014 pour former un écosystème attractif pour des investisseurs nationaux, mais aussi étrangers, qui vont valoriser de jeunes entreprises de plus d’un milliard d’euros.

Retrouvez l’intégralité de la tribune ici

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