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« Quelle économie demain ? Les méga-tendances de l’économie du XXIe siècle »

Dans le mince petit ouvrage d’un docteur en économie et responsable de la macrostratégie dans une société de gestion d’actifs, s’empilent 25 méga-tendances de l’économie du XXIe siècle. Le grand intérêt des analyses bien compartimentées de Bastien Drut tient à la simplicité avec laquelle il sait exposer la thématique, donner les chiffres clés et nous projeter dans un paragraphe sobrement intitulé Et demain ?
Les 25 tendances, les voici :
1. La population vieillit
2. La population mondiale croît de moins en moins vite
3. La croissance économique est plus faible
4. Les taux d’intérêt sont durablement bas
5. Le coût du changement climatique augmente rapidement
6. La transition énergétique commence
7. La biodiversité est en danger
8. Le plastique envahit la Terre
9. La mondialisation s’essouffle
10. La mondialisation est contestée
11. Les migrations sont plus nombreuses
12. L’urbanisation se poursuit
13. Les inégalités ont augmenté dans les pays riches
14. Les inégalités ont reculé au niveau mondial
15. Le concept de revenu universel émerge lentement
16. Les employés ont perdu de leur pouvoir de négociation
17. Les compétences recherchées changent rapidement
18. La dette est de plus en plus élevée
19. Les banques centrales « monétisent » la dette publique
20. La monnaie se digitalise
21. Le dollar, hégémonique, est sans concurrent
22. La digitalisation s’accélère
23. Les géants du numérique sont en position de quasi-monopole
24. La lutte contre l’évasion fiscale se met en place
25. La finance responsable prend son essor
Tout·e chef·fe d’entreprise aura grand intérêt à les explorer sans craindre des exposés techniques opaques. Bastien Drut, il l’annonce, s’est plongé « dans la littérature académique la plus récente et les dernières projections des organisations internationales ». Le monde post-covid qu’il dresse est vieilli, d’où des effets à venir sur l’épargne, la consommation et l’organisation du travail. Les géants du Net s’imposent. Et 5 chapitres sur les 25 analysent la transition énergétique.
En voici un exemple, tiré du chapitre 20, La monnaie se digitalise :
Les formes de monnaie tendant à changer : les moyens de paiement électroniques sont de plus en plus utilisés, au détriment des paiements en espèces. Il est désormais probable que des monnaies « numériques » voient le jour dans les pays développés.
Le chiffre
76 %
C’est l’augmentation du nombre de billets de 50 euros entre 2009 et 2019. Elle n’est que de 35 % pour les billets de 10 euros.
Les tendances jusqu’à aujourd’hui
Dans plusieurs pays, l’utilisation de la monnaie fiduciaire (billets de banque et pièces) s’est progressivement raréfiée, au profit de moyens de paiement électroniques. La Suède est l’un des pays du monde où l’utilisation des billets de banque et des pièces a le plus chuté ces dernières années. L’ensemble de ces derniers ne représentait plus que 1 % du PIB en 2020, contre 3 % en 2010. En 2018, le vice-gouverneur de la banque centrale suédoise, Cecilia Kingsley indiquait que la Suède allait cesser d’utiliser ce type de moyens de paiement dans les trois à cinq ans qui suivraient. En revanche, les quantités de billets de banque en circulation aux États-Unis et en zone euro sont restées relativement stables en pourcentage du PIB.
[…]
L’un des avantages d’un abandon de la monnaie fiduciaire est de rendre difficiles les activités criminelles. Rogoff, partisan de cette idée, explique qu’« il ne fait pas de doute que les billets de banque en grosses coupures jouent un rôle important dans les activités criminelles, qu’il s’agisse du trafic de drogue, du racket, de l’extorsion, de la corruption, dans le trafic d’êtres humains et, évidemment, dans le blanchiment d’argent ». La suppression des billets de banque, du moins des grosses coupures, pourrait permettre aux banques centrales de mettre en place des taux directeurs bien plus négatifs qu’aujourd’hui et de regagner ainsi des marges de manœuvre pour stimuler l’économie.
[…]
Et demain ?
Pour la zone euro, l’« euro numérique » sur lequel travaille la BCE pourrait correspondre à la mise à disposition des citoyens et des entreprises de monnaie « banque centrale », jusque-là réservée aux seules banques commerciales : « un euro numérique serait introduit à côté du cash, il ne le remplacerait pas. » Il ne s’agirait donc pas d’une monnaie parallèle, et il serait convertible à la parité avec de la monnaie physique. Par exemple, 10 euros « digitaux » détenus sur un compte par un particulier à la banque centrale pourraient être convertis en un billet de 10 euros. L’un des objectifs de cet « euro numérique » serait d’assurer à chacun un moyen de paiement qui serait sans risque et sans coût. Un certain nombre de travaux préparatoires restent encore à réaliser, notamment à cause des questions que cela pose en termes de stabilité bancaire.